mardi, 30 novembre 2010
Tous givrés
Ce matin, (qui n'est pas à la date d'aujourd'hui, à 48 h00 près), le paysage aura changé. Pour la première fois dans la ville, on voit des gens aller à la boulangerie sur des skis, d'autres disparaissent dans un glacier, une solidarité très spontanée réchauffe les esprits par la grâce du froid tôt revenu, des choses qu'un journaliste à la télévision a qualifié de "cauchemardesques" comme si le monde n'appartenait qu'aux automobilistes. Nous, les piétons, les cyclistes, skieurs de fond, ou fantaisistes à trottinettes, à raquettes, à bonnets (avec ou sans pompons), nous dérapons jusqu'à l'insignifiance, ralentis dans tous nos projets ou parfois, immobilisés, nous goûtons à cette expérience enfantine, assez délicieuse, qui consiste à improviser, à défaut de pouvoir déployer nos ailes, nous patinons merveilleusement...
Pour le plaisir (infime) de la lo-fi, vous trouverez ci dessous 44 secondes de pas pressés dans la neige urbaine, la neige rurale, est infiniment plus veloutée et invite à des gestes plus lents, dit-on. La neige des villes on l'appelle en milieu de journée, "la gadoue", "la bouillasse" ou "la gabouille" ce dernier mot m'a été soufflé par un vieux monsieur très loquace croisé dans la folklorique ficelle à crémaillère qui remonte au village (ou plateau de la Croix-Rousse). Ici, l'extrait est à deux ou quatre pieds seulement, je vous ai épargné le tintamarre de la journée, quelques milliers de pieds craquant la neige et pas mal de gamelles, plus quelques sirènes de pompiers... (Qui a dit que la neige était silencieuse ?)
Ceux qui n'aiment pas les pieds ni la neige de la ville, trouveront peut être satisfaction avec des tronches de neige à la campagne...
http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2010/01/13/tr...
http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2010/01/12/sn...
A suivre des photos de Lyon sous la neige peut-être un certain jour en décalé et quand tout sera fondu.
Lien utile : http://www.lyon.fr/vdl/sections/fr/evenements/alerte_mete...
Photos : Hommes, femmes, enfants, chaudement fagotés, surpris un matin par presque 20 cm de neige. Photographiés au parc de la Tête d'Or (Photo 1 et 5), près du tunnel de Fourvière (photo 4), sur les quais du Rhône (Photo 3) à Lyon et place Charles Hernu à Villeurbanne (Photo 2 et 6). Certains jours toujours en décalage avec le calendrier ordinaire, a "croqué" les six petites balades au premier jour de December. © Frb 2010
05:36 Publié dans Actualité, Art contemporain sauvage, Arts visuels, Balades, De visu, Impromptus, Le monde en marche, Le nouveau Monde, Mémoire collective, Objets sonores | Lien permanent
dimanche, 07 novembre 2010
Le dernier mouvement de la vogue
L'oeil dispersé parvient parfois à de folles précisions comme l'écrivait GILBERT LASCAULT dans ses "Ecrits timides sur le visible". (Editions du Félin, 2008), et le visible, c'est ici - entre autres choses - une ville miniaturisée, [...] des sucres sculptés, une fête foraine [...] un livre qui s'efface dès que vous l'ouvrez, un tableau de Fernand Léger, un autre de Jean Dubuffet. Le visible donne à penser sur la nourriture, sur le vêtement, sur le voile et le dévoilement, sur la force du faible, sur le refus de l'emphase, sur l'énergie du timide, sur l'immense et le minuscule...
Mini-vidéo : Mouvement parallèle d'une vogue, (immense et minuscule) on se demande pourquoi certains petits bonhommes ne seraient pas de la fête, puisqu'ils ont sur nous tant d'autorité. Je me permets donc de vous mettre à l'arrêt vingt six secondes, tout en vous conseillant le bon livre de Gilbert LASCAULT (vous n'aurez pas le temps de le lire en 26 secondes, à moins que se trouvent parmi les lecteurs quelques prodiges) et bien sûr en coulisses, via d'étranges machineries, (et quelque association d'idée facile), on pourra revoir le film de Chaplin, ("les feux de la rampe"), Chaplin et Keaton ensemble (peut-être que cela vaut une vogue ?).
"Life can be wonderful if you're not afraid of it".
Il y a sûrement un lien quelque part entre notre vogue cruci-rousse en fin de course et les cheveux blancs du maestro ? (en cherchant bien)... Mais je tirerai un autre tout fil (quoique assez prévisible) du côté de Jacques TATI, la vogue géante strictement pour adultes, très amusante aussi...
http://www.youtube.com/watch?v=LuKexB2VlrM&NR=1
En plein coeur du mouvement perpétuel, on prend les mêmes et on recommence...
"Life is a tragedy when seen in close-up, but a comedy in long-shot"
Si vous avez loupé le début, le premier mouvement de la vogue se clique ci dessous (avec les plafonds d'origine).
http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2010/10/10/le...
Nota : On m'a signalé quelques soucis de visualisation de l'image, si cela était le cas, je prie le lecteur (adoré) de bien vouloir accepter mes (plates) excuses, malgré les efforts (acharnés) de nos i.mécanos dans la salle des machines, nous ne parvenons toujours pas au résultat espéré, il se peut (c'est même sûr !) que "cela vienne de chez eux". Si le problème s'installe trop, nous offrirons un navigateur gratuit à nos lecteurs, du genre Capitaine Némo livré avec son Nautilus sous 8 jours via pigeon voyageur ou un truc du genre (la maison n'offrira pas le manège, car avec le remaniement... enfin bref ! à ce propos, on ne sait toujours pas qui sera le prochain ministre de la fête foraine, quelqu'un m'a dit, que ce ministère sera probablement supprimé, un scandale ! lecteur émeute toi ! (au pluriel), mais je m'égare... Je vous signale au passage que si vous désirez encore profiter de la fameuse vogue aux marrons, il faut vous dépêcher car malgré une rumeur désolante qui semblerait confirmer que ce jour est le 17 Novembre 2010, (de qui se moque t-on ?) on ne peut nier que la vogue, elle, s'arrêtera bien le 14 (Novembre 2010, bien sûr), cela dit, je poserai un puissant démenti (voire mon véto) sur la prétendue date d'aujourd'hui et promets, (magie de certains jours !) 7 jours de vogue de rabe, pour nos amis lyonnais, ou autres visiteurs, etc... Tentez le coup ! Sait-on jamais... Au mieux vous découvrirez les joies des voyages en ficelle, notre téléphérique à nous, sinon il vous faudra grimper, grimper , au risque d'y croiser Cendrars réincarné, mais cela est une autre histoire que je vous raconterai un certain jour...
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jeudi, 30 septembre 2010
Le premier mouvement de la vogue
Ô mes humains, consolons-nous les uns les autres [...]
JULES LAFORGUE extr. "Complainte d'un certain dimanche"
Je ne sais pourquoi les vogues, les fêtes foraines, les manèges tournoyants m'ont toujours fait cet effet de merveille triste, et depuis très longtemps il me semble qu'il me manque quelque chose comme une case peut-être, dans laquelle glisser une forme de joie qui m'est tout à fait étrangère, qui serait celle de ces fêtes populaires obligatoires comme si je descendais nouvellement d'une de ces soucoupes volantes du petit manège des quatre à huit ans, mais sans la joie. Enfin, si c'est la joie ça serait une joie pas pareille comme celle des gens qui prennent des fous rires seuls aux enterrements, une joie nerveuse, où on se met à avoir une tête qui sourit tout en serrant les dents, on sait, cette tête ce n'est pas notre tête à nous c'est la tête de tout le monde, la tête des gens dans les tamponneuses, la tête des gens qui marchent le coeur léger avec des gaufres et cette tête ne va pas avec ce qu'il y a dedans. C'est comme si on mettait son autre tête qui se balancerait au bout d'un mousqueton dans sa poche avec le mouchoir dessus, une tête d'enterrement sous un tout petit linceul jetable en papier blanc du style Kleenex.
Nous revoilà gaiement avec une barbe à papa encombrante qui nous rentre dans les dents, nos doigts gluants, collés de sucre nous feraient redouter de rencontrer par hasard une vague connaissance, par exemple un ancien professeur de philosophie intimidant, ou même monsieur Marcel Rivière (homme d'excellence), pour conjurer le sort de cet éventuel serrage (serrement ?) de main collée collante, on se dit en croisant d'autres gens, avec des pommes d'amour ou des gaufres qu'on aurait dû choisir les pommes d'amour ou les gaufres toutes ces choses que mangent les autres gens, on voudrait les manger aussi dans la vogue dévorante de sucettes en tourbillons pour l'humeur qui part en sucette par les tourbillons de bonbecs et pour le tour en tourbillon d'une machine high tech qui monte dans le ciel sur une musique de geek. A mesure que l'on s'approche d'un autre manège synthétisant le charme (ou l'horreur) des sixties, il y Elvis Presley qui clignote de l'oeil pour raccoler le pelerin sur des espèces d'autos qui tournent au milieu de Las Vegas sur Rhône, Las Vegas sur "colline qui travaille", ou Las Vegas sur "Gros caillou" version science fiction plutôt d'époque Cosmos 1999 avec un petit côté "Temps X" pour l'insoutenable laideur de l'ensemble. Ceux qui croyaient que la vogue était tout aux marrons (tel est son nom à l'origine) et peut être toute bercée de flonflons, y trouveront un grand décalage, mais que voulez ma bonne dame comme disait le Pépé Dylan "The Times they are a changin".
Il y a des gens qui paient une fortune pour s'installer dans des machines dont le seul but est de les retourner à l'envers, (pas les machines, les gens, enfin les deux), il y a la musique de Radio Ener(v)gie pour leur donner envie de vomir, (enfin pas la musique, les gens, mais la musique aussi). Parce que la vogue elle est comme ça, funky, techno, disco, très boite de nuit toute plantée sur les USA dans un esprit Macumba de Palavas les flots. Depuis que la grande roue est en bas, (fût en bas ? c'est que nous du gens du plateau, on descend peu en ville), et qu'il n'y a plus de chenille "Papillon" ou alors je ne l'ai pas vue. La vogue elle est surtout américaine, avec des machine à foison, tellement de machines, qui font des bruits de marteaux piqueurs, de forge, de presse, tellement industrielles qu'on se croirait à l'usine des metallos mais ce serait l'usine en même temps que la sortie de plusieurs usines, sans oublier les ateliers de Chamallow et de fraises Tagada. enfin bref !
Quand j'étais petite je me souviens que j'avais honte sur mon manège et du manège j'en faisais un peu pour faire plaisir à mes parents qui me disaient "Va t'amuser !", et j'avais honte que mes parents ils m'attendent sur une chaise comme dans une salle d'attente, non pas que j'avais honte de mes parents, (ces choses arrivent plus tard) mais je crois qu'il m'était désolant du haut de mon petit âne à poils blanc surmonté d'un diadème, de voir que mes parents me regardaient tourner en rond pour mon seul bon plaisir, sans qu'aucun d'entre nous n'en ressente aucune gêne. Mais ce n'était pas les même manèges, en Nabirosina, il n'y avait pas de soucoupes volantes, ni de machines tonitruantes venues d'une autre planète, et quand le tour de manège était fini, mon père il me donnait 1 francs pour aller tirer des lézards ou des porte-clefs en plastique dans des petites machines à la con, et plus mes parents me disaient "Va t'amuser !", plus j'avais envie de rentrer à la maison, finir mon "Oui-Oui et la gomme magique" tranquillement assise sur les escaliers de la cave. J'ai toujours été rabat- joie de toute façon, dès qu'on me demande de m'amuser, je ne sais pas pourquoi, ça m'énerve, je n'ai plus envie, et là, ce samedi surpeuplé sur la colline, j'ai remarqué une petite fille avec des bas violets qui trainait les pieds à la vogue, on aurait dit que tout le plateau de la Croix-Rousse, l'intéressait, tout sauf la vogue, alors que durant ce mois, le plateau de la Croix Rousse n'existe pas, il devient une fois par an, le plateau de la vogue voire même le paradis des enfants-rois, et la petite fille ce qui l'intéressait sur le plateau de la vogue, c'était justement celui de la Croix-Rousse, avec le café des écoles tout orange, c'était la statue du vénérable Jacquard mangée par les enseignes des stands et les grosses ampoules clignotantes du bazar de l'oiseau vogueur, c'était l'arrêt de bus qui met des flêches dans tous les sens et les huîtres toutes fraîches du "café des Voyageurs" ou du "Jutard", c'était le "Gros Caillou". Et ses parents ils lui disaient à la petite fille aux bas violets "vas t'amuser ! amuse toi voyons !" comme dans la pièce de Michel CHION je ne sais plus si c'est "La ronde" ou bien "On n'arrête pas le regret" , inspirée plus ou moins de Jacques TATI, peu importe que ce soit "La ronde" ou bien "On n'arrête pas le regret", puisqu'il se trouve qu'il n'y a pas grand monde qui connait Michel CHION, peut être que dans le cadre d'une vogue, "On n'arrête pas le regret" ou bien "La ronde", c'est un petit peu pareil...
Bonus : Pour le plaisir du lo-fi tout au dictaphone je vous ai ramené 43 secondes du son d'un forain de la vogue en train de gonfler des ballons. A noter que ces ballons seront tirés à la carabine l'instant suivant, le forain passant sa journée à gonfler des ballons, des ballons et encore des ballons...
Photo 1 : Le plafond du petit manège (4 à 6 ans) sur la grande place de la Croix Rousse. Adorable, en guise de reste de la vraie vogue disons d'une vogue bon enfant comme on aime...(Aimait ?)
Photo 2 : Au stand de la pêche aux canards. Je n'ai jamais trop compris le principe mais les enfants le comprennent, donc c'est ici que je prends des cours de pêche aux canards, offerts gratuitement par les enfants, du haut d'une chaire (ou d'une chair) celle des braves pères un peu neuneus pour l'occasion, dont certains ne manquent pas de charme, comme celui-ci, dont le visage épanoui (le droit à l'image m'interdit de le révéler ici) me donnerait presque envie d'être à la place de la petite fille, mais enfin, mon papa était bien joli aussi à l'époque où j'avais moi aussi des baskets à la mode avec des collants blancs, faudrait pas croire que la pêche aux canards soit une invention de la Fée Technologie, non mais !
Photo 3 : Les images parlent d'elles mêmes mais j'aime assez la mélancolie des tigres (surtout du blanc aux yeux bleus) qu'on peut donc gagner dans des tirs de bidules et de machins à la carabine dont je ne saurai pas trop vous expliquer les tenants, ni les aboutissants.
Photo 4 : Du côté des plus grands, là où c'est l'Amérique, je ne sais pas trop ce qu'on fabrique, mais ça m'a l'air d'être des histoires de grands, des histoires d'hommes un peu dans l'esprit du poker, mais il faudra que j'y retourne...
Photo 5 : Finalement, pour les joies du reportage j'ai cédé à la tentation de faire un petit tour dans une rutilante Barbie-mobile, n'ayant pas le permis de conduire, vous comprendrez qu'il y avait surement au fond, le plaisir de mêler l'utile à l'agréable tout en m'offrant (je ne me refuse rien), le deuxième frisson de ma vie, puisque la dernière fois que j'ai conduit j'ai embouti joyeusement la Ken-mobile d'un ami dans un arbre, alors autant prendre le moindre risque quoique sur ce coup là de la vogue, la chance n'étant pas avec moi, j'ai dû tourner des heures dans des embouteillages, et comme on dit à Lyon, "c'est plus fort que jouer au bouchon" mais je ne désespère pas, j'irai faire de la Barbie-mobile à une autre heure, peut être pourrais je la piloter par delà les pentes jusqu'au Parc de la tête d'Or ? Puisqu'on dit que l'avenir appartient aux audacieux... Lyon, Croix-Rousse, l'éternelle vogue et cette année encore... © Frb 2010
23:49 Publié dans A tribute to, Actualité, Art contemporain sauvage, Balades, De visu, Impromptus, Le monde en marche, Le nouveau Monde, Le vieux Monde, Mémoire collective, Objets sonores | Lien permanent
lundi, 27 septembre 2010
September (part I)
Me voilà entré tout vermoulu dans la zone de noirceur, embroché comme le tournant hémisphère, avec toujours ce sourire idiot qu'un exil de fraîcheur imprime en zézayant sur la face fondante.
TRISTAN TZARA (1896-1963)
Pour lire la suite qui est tout à la fois début de la fin et la fin du début, suivez l'homme
Tu marches à côté d'une route, qui s'allonge à mesure que tu l'imagines. Tu auras un peu honte d'abandonner Madame. Tu laisseras un mot sur la table du salon: "Je suis allé faire un tour du côté du petit train, je reviens". Tu regarderas ta maison disparaître comme un pétard dans l'horizon dont les éclats colleront des petites ailes en carton sous tes semelles, tu auras honte de ne pas avoir prévenu Evelyne, et d'avoir promis à Martine, tout autant qu'à Ghislaine, que tu serais prêt à tout quitter pour elles, si on te laissait faire... Quelqu'un te ramassera ivre mort sous une tôle à mille lieues d'une gare, alors que tu tentes d'apprendre par coeur un poème, Tu as des écouteurs sur les oreilles. Tu écoute "Caravan". Tu espérais qu'ici personne ne pourrait jamais te retrouver. Tu voudrais qu'on se fasse à l'idée que tu disparaisses alors que tu ne t'y accoutumes pas toi même, tu feras tout pour te faire remarquer.
Ici c'est presque la même chose, au delà de l'extrême rigueur que je me suis imposée avant celle de l'hiver il y aura le brouhaha des foules et des tas de papiers comme des avis de releveurs de compteurs avec des carrés à cocher, des lettres menaçantes pour la note d'électricité, complètement oubliée dans les enluminures de Cluny cet été, des mains de fer dans des chaussures de velours, l'omnipotence du corps médical qui met son doigt dans tout ce qui bouge, le roi de la rolex au secours de la retraite, et des gosses somptueux à moitié dévêtus, des colonies de poussins dévertébrés dans le satin qui s'embrasseront la nuit, au secret des folles skins party, un supplément de glam, de dandysme et d'extase, il s'en trouvera bien un de ma génération qui dénoncera le mal, oubliant qu'il voulait rester jeune avant tout. Il y aura le beau dégoût, le m'enfoutisme général, le bon droit, le bon sens, les effets de montre, les corps métrométrès, des sciatiques, des lumbagos fournis par la valeur-travail, l'ombre du général, et le particulier tout petit qui se fait raboter les peaux mortes à l'institut de beauté, le cerveau, le formol, les bocaux de fruits pas frais du Franprix de la rue Anatole. Et puis il y a l'automne qui prend la couleur de mes cheveux. L'écureuil aux yeux bleus est venu ce matin fouiller dans mes papiers, envoyé pour l'enquête d'une femme à moitié folle, l'écureuil qui grignote les lettres compromettantes où l'amour me surprit au point de l'oxymore, où la tendre violence vouée à l'espèce rare se couche à mes côtés sans oser aborder au point G le point d'orgue, dévorant lentement mon âme livrée au vent mauvais de la bonne chanson, par la tranche d'un livre ouvert sur la transformation des digues imperturbables en virées surhumaines, comme si l'on découvrait un jour le poème de Rimbaud privé de ses voyelles collées aux éphélides, (ou bronzage en passeoire) de ces roux maléfiques. Par la rousseur des roux et de la flambloyance, je me grise et m'élance au coeur de la saison sur un lit de feuilles mortes. L'écureuil aux yeux verts, en habits "Carabas" roule sur quelques noix, l'abyssin élégant de mon voisin chinois s'ébat entre deux branches avec une siamoise, le lexo, le formol... Ulysse voyage chez Tennyson, un poème papillon rejoint les migrateurs, un oiseau de malheur glisse dans mon sac à dos, toute chose vire à l'orange et les feux passent au rouge.
Tu es assis hagard, devant ta table de cuisine. Tu bois du vin de Bohème. Tu regardes ta femmes couper le gruyère en lamelles, tu regardes glisser les lamelles sur un plat en gratin. Tu regardes fondre ta femme, puis Ghislaine et Martine dans ta maison pleine des trous du gruyère qui fondent aussi sur ton jardin. Sur ce champ desséché, tu gémis, tu te plains, tu as oublié de téléphoner à Evelyne. Les feuilles de tes arbres préférés tombent un peu plus chaque jour. C'est la fin de l'été. Tu voudrais échapper aux limites communes de l'existence. Tu voudrais tant, tu voudrais plus ... Et tu vis dans les cotillons. Tout ici te retient, dans les cotillons de l'écriture, et dans les cotillons du monde, tu réessayes, en vain. Apprendre par coeur ce poème de Pennequin ce serait mieux que rien.
Il n’y a rien de pire que les choses qui nous tiennent à cœur
C’est comme si on nous amarrait
C’est comme si le corps était notre amarre
Mais qu’on ne pouvait plus se barrer
On ne peut plus que couler dedans « nous »
Pourtant on voudrait bien se barrer, nous
On voudrait bien foutre le camp, nous
Et rejoindre l’autre.
Mais il y a que tout t'en empêche, et que tout ici te retient : ton canapé en cuir, ton couvre-lit à motifs "Arlequin" que t'a tricoté Ghislaine pour que tu n'aies pas froid l'hiver et surtout que tu penses à elle, le soir, quand tu te couches. Tu tiens à ta commode Louis XV, Louis XVI, Louis XVII, à ton salon de jardin, à ces petites babioles cabossées qui te suivent, ces cadeaux de mariages, ces maquettes de trains, ta collection de canards en bois, à ces assiettes en porcelaine où sont illustrées à la main quelques fables de La Fontaine, tu tiens à ton fauteuil Voltaire à ta lampe Diderot, à ton pot de Werther, à ton épluche-Villon, à ton petit poignard que tu tripotes sans cesse qui déforme le jersey de ton pantalon blanc, à ta sorbetière serbe, à ta cravate à pois, à ta rampe d'escalier, à ton sirop d'orgeat, tu tiens à ton Smecta, à ta pipette d'Haldol, et à ton entonnoir, ta compote.Tu tiens à tout oui, oui. Tu tiens à tout, tout, tout. Et même tu te retiens, car si tout ça ne tenait qu'à toi, tu l'as dit à Nicole une copine de Ghislaine, que si tout ça n'était qu'à toi, tu casserais tout, tout, tout et puis tu t'en irais très loin au bout du monde, et plus personne ici n'entendrait parler de toi. Mais voilà, on te tient, tu ne peux pas partir, tu veux, tu ne peux pas. C'est comme ça, tant pis, c'est tout, c'est un point délicat dont tu ne parles pas. Tu y penses tous les jours et tu tiens et tu bous. Tout est là. Rien ne manque, tu es bien installé, tout se tient, à l'endroit, même cet attirail que t'a offert Evelyne pour mettre la pâtée au chameau, l'attirail il va là, à côté de l'escabeau, et ton blazer pied de poule va dans l'armoire à glace, la laisse du kangourou pendue près du bateau, chaque chose à sa place, une place pour chaque chose, à cause de toute cette merde, tu ne peux pas partir au bout du monde, tu l'as dit à Yvonne une copine de Martine, et tes tables gigognes héritées de la tante Berthe se rangent dans le salon à gauche près du bahut. Ces objets de valeur te tiennent et te retiennent et tu vides les poubelles tout dans les cotillons de ta lampe hallogène, de ton écran macro, tu ne tiens plus, tu tiens tout, tu tiens le bout du rouleau. Il y a même des choses auxquelles tu tiens plus qu'à tout.Tout comme à la prunelle de tes yeux un peu morts, tu tiens au grand chêne rouge quand il pleut dans le jardin, au ruisseau magnifique qui coule entre tes mains, à l'affection du chat, et au chant du serin qui chante soir et matin, au milieu de toute cette merde, tout comme à la prunelle...
Photos : Le réel et son double, vus, rue de la République à Lyon un lundi de Septembre à midi. ©Frb 2010.
21:54 Publié dans A tribute to, Actualité, Art contemporain sauvage, Balades, De visu, Impromptus, Le monde en marche, Le nouveau Monde, Mémoire collective | Lien permanent
vendredi, 24 septembre 2010
L'homme qui cachait l'homme qui cachait l'homme...
Ou du pareil au même (ad libitum)...
On m'avait pourtant bien prévenue de ne pas suivre les inconnus et surtout de ne pas faire du vélo en ville (sous ecstasy ou Veuve Clicquot), au risque de subir mentalement quelques dommages, donc ne faites pas comme moi, c'est mon conseil, sinon vous viendrait à l'esprit une question ouvrant des gouffres, et ce serait un peu comme entrer dans la quatrième dimension. Tout comme peut s'avérer dangereux (pour le cerveau) d'aborder cette question précédant la théorie (vertigineuse) de la pelure d'oignon: "qu'y a t-il après la pelure d'oignon ?", Réponse presque certaine (fournie par nos experts): "Une autre pelure d'oignon !". Certes ! mais comme il nous en faudrait toujours plus, s'ensuivrait une autre question (celle du lecteur sagace voire du sceptique): "oui, mais les pelures d'oignons, sont elles exactement pareilles ?". Or dans sa grande confusion, la tenancière (filaturiste), trop occupée à retrouver ses esprits, n'aurait à vous offrir (pour patienter), que 23 secondes (un peu troublantes) d'un petit film burlesque qu'on aurait pu intituler (en toute humilité) à la manière de Baudoin de BODINAT: "La vie sur terre". Autrement dit, la tenancière telle Ponce Pilate (rien que ça), abuserait de l'esquive, et, livrant désormais toute théorie (dont celle hallucinée, d'un probable clonage d'humains (à quelques détails près) qu'on nous aurait dissimulé ) s'en remettrait au bon sens général (ou sans vouloir vous flatter, à la raison du plus fort), autrement dit : c'est à vous de voir ...
Concernant la vie sur terre, et d'éventuels "clonages", ( de gens, de mallettes, de vêtements, de meubles etc...) quelques images d'anthologie à revoir ci dessous:
http://www.youtube.com/watch?v=Qifl9saFtSw&feature=re...
Pour le plaisir encore
http://www.youtube.com/watch?v=7xNnRBksvOU&feature=re...
Et pour les amateurs de vélo,("Lov" ou "Lib"), sous ecstasy, (il y en a !), comme il paraît (et on y croira dur comme fer) que "tout finit par des chansons": j'ajouterai la musique de nuit, à écouter ICI
14:20 Publié dans Art contemporain sauvage, Arts visuels, Balades, De visu, Impromptus, Le monde en marche, Le nouveau Monde, Mémoire collective, Transports | Lien permanent
mardi, 20 juillet 2010
Procrastination
Chaque homme trouve au fond de ses réveils tous les désordres du temps, réduits à la médiocre échelle d'une inquiétude privée.
Si vous voulez voir la mer, vous pouvez cliquer sur l'image.
Si peu de choses me retiennent. Je pourrais tout quitter... Demain.
SONGS:OHIA /"Body burned away"
Photo : Le désespoir est assis sur un banc et il ne s'appelle pas Bébert (ou bien est il debout derrière le banc ?). Tout un été à procrastiner face au kiosque à fleurs, sans une fleur à se mettre sous la dent. La vacance dans toute sa splendeur, photographiée place Liautey ou Morand à Lyon au début de l'été 2010.© Frb.
03:11 Publié dans Balades, De visu, Impromptus, Le monde en marche, Mémoire collective | Lien permanent
mercredi, 14 juillet 2010
Papotages
L'avenir est à ceux qui n'ont pas peur du vide.
Les horizons sont infinis. Voulez vous que je vous dise ? J'aime l'absolu, je suis née pour ça. Il me tient et j'en souffre ; ça ne m'étonne pas de vous, Jessica, ne perdez pas espoir, un jour viendra, il faut laisser du temps au temps. Nous oscillons toujours entre joie et tristesse, tu n'as pas tort, il est vrai que rien n'est simple, tout nous dépasse, tout va si vite, nous sommes peu de chose. A qui le dites vous ! "l'animal gémissait et Marianne se demandait quoi faire". Je t'interrompts un instant, ma chérie, ce que tu as à nous dire est sûrement passionnant mais nous avons des invités ce n'est pas le moment, tu raconteras ta petite histoire une autre fois. Pardon chéri. Tu es déçue ? Non, chéri, ça ne fait rien. Aimez vous Brahms, chère Ludivine ? J'aime Baudelaire, et les valses d'André Rieu. Moi aussi, j'aime Baudelaire et André Rieu comme tout le monde ! je suis comme vous, nous sommes pareils. Savez vous que je connais par coeur "Le bateau ivre" ? Oh Geoffroy ! c'est de Rimbaud ! Rimbaud, Baudelaire, Quelle importance ? Vos yeux sont deux lacs, Ludivine. Je te sers un petit canon Patrick ? C'est pas de refus, merci Bernard, dingue ce que tu ressembles à ma cousine. Vous avez bonne mine chère Sandrine ! C'est normal, je suis partie dans la Nièvre varapper, huit jours avec mon mari sur la montagne. Ah la montagne, ça vous inspire ! Figurez vous que j'ai failli écrire un bouquin sur Nietszche à la montagne. Ah bon ? Moi de même ! C'est fou ! je suis un peu fou tu sais, c'est quoi ton signe astrologique ? Je suis taureau comme Sigmund Freud et Rocco Siffredi et à part ça ? Je suis hôtesse d'accueil dans un hôtel de passe où séjourna longtemps Magritte. Et vous, le boulot ? Moi je travaille dans l'artistique, Je suis créateur professionnel. J'aurais aimé être chirurgien dentiste, pas vous ? Si, moi aussi, bien sûr ! mon métier c'est de créer des sculptures contemporaines à base de bouses de sus scrofa vittatus. Ca veut dire quoi, exactement ? Ca veut surtout, ça ne dit pas. Perte du monde ! ni plus ni moins! ma démarche est odorifique! biomasse conceptuelle, magma interstellaire, jusqu'à l'avènement d'une nanoparticule idéale. À l’échelle d'un nanomètre, sachez Geneviève, que tout objet n’est qu’un assemblage des mêmes briques élémentaires. Je ne savais pas. Qu'en pensez vous Marie Hélène ? Trop compliqué pour moi ! J'avoue que je n'ai pas tout saisi. Mieux vaut n'en rien saisir du tout, ainsi vous n'en souffrirez pas; c'est de Sacha Guitry. Ah Guitry ! Et vos loisirs ? Pendant mes RTT, je joue du mélodica, j'ai mis des poèmes chinois en musique: Li Po, Tou Fou, façon western, la musique est un art difficile. Comme tout art, cher Maurice ! Quant à Baudelaire, oui, je confirme c'est un écrivain excellent. Et donc vous êtes Balance ? Non Taureau, Moi aussi, le hasard... Signe de la triplicité de l'air, les balances ont le teint clair, leurs natures sont très généreuses, j'y crois! comme moi ! J'aime donner. Vous pouvez me faire passer mon manteau de fourrure ? J'en ai marre. Quel jour ça vous arrangerait monsieur Prunier ? Demain, même heure, c'est entendu ! Une coupe en brosse, tout au rasoir, je n'y manquerais pas ! je ferai pour toi n'importe quoi, à votre service, tout le plaisir est pour moi, je me tuerai pour toi, Paméla si tu me le demandais. Je note, je vous ennuie peut-être ? Vous baillez, merde ! mais non, bien au contraire, vous ne voyez pas que je m'amuse follement ! Une recrudescence de poux dans les écoles ? Mais oui, madame vous avez bien compris, de poux de poux, de poux, pou ! pou ! pouah ! pouah ! assieds toi un instant, je sens que tu fatigues. Tu me donnes le tournis, Patricia, tu te fatigues et tu nous fatigues. Que disions nous Marie-Odile ? Des poux, madame, dans nos écoles ! Et comment éradiquer cela ? En gobant des oeufs de caille, cher Jean-Guy. Je plaisante! vous n'êtes pas drôle ! pardonnez moi. Et à part ça ? Tu racontes quoi, mon brave Octave ? Ben pas grand chose j'ai revendu ma vache. Ma foi, si tu regrettes pas. Je regrette pas. Je regrette jamais rien ! je suis comme ça. Ce qui est fait n'est plus à faire ! t'as raison, ce qui est fait est fait. Ne changez pas les assiettes, Marie Agnès ! on va les ramasser avec du pain. A quoi bon les regrets ? Racontez nous, Yvonne, votre calvaire. Il m'a quittée le jour de Noël 1976. Tu veux t'asseoire sur un coussin ? Il buvait ? Non, je suis pas très coussins. Il buvait. Il est où le tabouret ? Il est parti vivre avec un autre homme. Chantal, mets ton châle, on s'en va! Et Gilbert ? Gilbert rien. Il est parti, mais d'où il est, il nous voit. Et vous l'aimez toujours ? Je vais aller aux Indes. Je l'aimerai toujours ! on dit "en Inde" ! Ah les Indes ! c'est tout Nietszche ! "Ainsi parlait Zarathoustra", j' adore ça, je l'ai lu dix fois. J'aime aussi beaucoup Novalis, combien de glaçon Christine ? J'aime aussi Wagner ! Y'a pas à dire quel musicien ! non pas de glaçon, C'est Wagner qui a fait la musique de la pub pour l'eau minérale Buvarex ? non, c'est Schubert, pas de glaçon s'il te plait, Amanda ! un grand monsieur, la truite, Novalis qu'est ce qu'en penses toi, Evelyne ? Oh moi tu sais, je fais de la déprime, donc je pense pas... Intrinséquement, je préfère Mozart qui est plus enjoué, il a peut être été plus loin. Plus loin que Wagner ? Ah ça jamais ! je vous demande pardon ! y'a plus loin et plus loin, vous avez raison, Rodolphe, tout est relatif, on ne peut pas comparer l'incomparable! Voulez vous que je vous récite un poème de ma composition ? Une autre fois mademoiselle Lacroix. Comme vous voulez, monsieur Anatole. Je ne force personne. Chacun est libre. Je suis foncièrement démocrate et anti-sarkozyste. Je vous comprends, Madeleine, on le serait à moins, j'ajouterai même, vous allez dire que c'est une banalité, qu'on peut être heureux sans. pas du tout, c'est certain ! on ne va pas se mentir, c'est loin d'être une banalité ! si je comprends bien, vous êtes une sorte d'anarchiste post modern ? Je suis un vrai anarchiste. Il faut bien se rebeller un petit peu, mais je préfère dire "utopiste du futur". Disons que je me situe dans une marge utopique futuriste. Un peu à la Ché Guévara ? Oui, c'est tout à fait ça. Regarde moi bien, Rolande, tu ne remarques rien ? Une marge qui tient la page. C'est cela, Maryvonne ! T'as fait coupé ta frange ? Le bonheur se vit nu, Ludivine, vous me réservez la prochaine danse ? Ma frange exactement ! embrassez moi Geoffroy ! et j'ai fait friser devant, t'en dis quoi ? C'est pas heureux, la frange revient, comme les pantalons taille haute. A tout âge. Ceinturé sous les bras. La raie de côté. Beaucoup trop compliqué pour moi. Tout âge a ses plaisir, n'est ce pas, Yvette ? Après tout, pourquoi pas ? Annie, Jean-Pierre, vous nous quittez déjà ? C'est qu'on n'est pas d'ici. Quel dommage ! et rouler de nuit en Renault 1000, ce n'est pas évident. J'en conviens, rentrez bien ! surtout soyez prudents. Merci pour tout. Non, non de rien. Je vous aime Ludivine. Est ce que vous avez lu le dernier Pascal Onfray, Philippe ? Formidable, fantastique, Je l'ai lu sur un chameau, en voyage au Maroc, avec le comité d'entreprise. Quelle marrade ! T'aurais vu la gueule de Jouvenot, Mais il s'appelle Michel. Vu l'heure qu'il est, Pascal ou Michel c'est pareil. Moi aussi. Je vous aime Geoffroy. Au point où on en est, t'as raison, c'est pareil, on s'en fout ! on se fout de tout. On va tout péter, on est libre. Mais tu as encore bu, mon poussin ! Je crois que je vais adopter la frange. La raie de côté, Clothilde, raie au milieu ça rajeunit. A quoi pensez vous Marie-Ange ? A rien. Je te jure que non, Bibiche j'ai bu que du Fanta. Et Ludivine, elle pense à quoi ? Au temps qui passe, Geoffroy, qui jamais ne revient... Vous êtes une mélancolique ? Oui ! la mélancolie hurle en moi. Que de souvenirs nous hantent ! sitôt faits, sitôt pfuittt! Le temps ne sert à rien, j'en suis sûre. Je vous sers une petite infusion, Marie-ange ? Pour digérer la langoustine. Oui, bonne idée vous avez quoi comme parfums? J'ai nuits tranquilles, saveurs des îles, draînage lymphatique arôme papaye, ou bien des feuilles de grabatelle de mon jardin. Grabatelle ? Je veux bien essayer, je ne connais pas ! C'est quoi exactement ? Une plante bioaquatique issue d'un phyloplancton mexicain de série 44 qui a un petit goût de cocaïne et qui posséde des vertus érotiques. Puis je vous poser une question Casimir ? Je vous en prie, si je peux vous renseigner tout le plaisir sera pour moi. Qu'y a t-il juste avant la mort ? Sans doute, le retour à l'enfance... Excellent ! je vous rejoins ! On n'oublie jamais son enfance et tout nous y renvoie. A qui le dites vous Philippe ? A vous Suzanne, et dans le blanc des yeux, sur la tête de ma femme, je vous jure, des tourments de nos existences l'enfance est le pignon, de tout. Vous voulez dire le pivot ? Non, Suzanne, le pignon, et j'insiste particulièrement sur le mot pignon.
SERGE CHARLES PENNEQUIN :Je suis pas
Son : Merci infiniment à Serge Charles Pennequin pour son "incrédible" performance sonore et surtout à Silence Radio qui a généreusement offert la pastille
Image : En dernière minute, notre grande amie Michèle Pambrun est arrivée à l'improviste (à vélo bien sûr), avec sur son porte-bagage un autre Pennequin, celui-ci s'appelle Charles, nous rajoutons donc deux assiettes, il a amené le plat de résistance, on va remuer tout ça à la louche, (merci Chimèle !)
http://www.youtube.com/watch?v=D8mVfw5DjJw&feature=pl...
Nota : Pour le lecteur non-averti qui tomberait aujourd'hui dans le hasard du billet, depuis le 14/07 de patientes recherches ont été effectuées par les agents de certains jours (qui ont parfois des grandes oreilles), et se sont étonnés (autant que moi-même) que Serge Pennequin ait en tous points la même voix et la même écriture que Charles Pennequin. Il me paraît quand même important de rendre à César, et au plus vite, de corriger. Nous sommes en mesure d'affirmer aujourd'hui sans l'ombre d'un doute que les deux ne font qu'un, il y aura eu probablement coquille sous gravillon du côté de nos liens, (le module sonore étant livré sous le nom de Serge) tout autant que dans nos connaissances, (autant pour moi), j'ignorais tout des performances sonores et donc tout, du timbre de voix de Charles Pennequin, (ce qui est un comble!) mais comme c'est grâce à "Silence Radio" et à Michèle Pambrun que nous avons plus réellement (on va le dire comme ça) découvert Charles Pennequin, on va oublier Serge, tant pis pour lui, tant mieux pour Charles, j'espère que ce dernier acceptera nos plates excuses, que je tiens lui présenter avec un air penaud, (mais pas badin:) quoique je crois qu'il a bien mieux à faire, par ailleurs, que de venir lire ce petit machin, enfin bon. Je présente également mes excuses auprès de mes lecteurs chéris pour cette épouvantable impardonnable erreur, qui, concernant Charles Pennequin, ne risque pas de se reproduire.
Photo : Des pissenlits par la racine (de la langue ?) et puis un mur qui nous la coupe, quelquepart si seulement je me souvenais où ? De retour d'une soirée très hype, très Cuire et très Caluire pas loin de Croix Rousse (qui a des bobos partout). Juillet 2010.© Frb.
04:54 Publié dans A tribute to, Art contemporain sauvage, De visu, Impromptus, Le monde en marche, Le nouveau Monde, Mémoire collective, ô les murs !, Objets sonores | Lien permanent
dimanche, 06 juin 2010
Révérence
Guy Debord :"Critique de la séparation"
Vous pouvez aussi cliquer sur l'image, in situ...
Photo: Salomé et les anonymes. Photographiés à Lyon, rue de la République en Mars 2010.© Frb
11:50 Publié dans A tribute to, Art contemporain sauvage, Balades, De visu, Impromptus, Le monde en marche, Le nouveau Monde, Mémoire collective, Objets sonores | Lien permanent
lundi, 10 mai 2010
Le " je ne sais quoi "
C'est la vie des grandes qualités, le souffle des paroles, l'âme des actions, le lustre de toutes les beautés. Les autres perfections sont l'ornement de la nature, le "je ne sais quoi" [...] suppose un esprit libre et dégagé [...] Sans lui toute beauté est morte, toute grâce est sans grâce. Il l'emporte sur la valeur, sur la discrétion, sur la prudence, sur la majesté même. [...] L'art de se retirer galamment de tout embarras.
BALTASAR GRACIAN. "L'art de la prudence". 1994. Editions Payot § Rivages.
Au départ, tout partait d'une bonne intention, je voulais vous toucher deux mots de "je ne sais quoi", puis farfouiller dans le corps (?) du texte de Baltasar GRACIAN, (qui fût un écrivain d'une intelligence rare loué à maintes reprises par notre Guy) mais il paraît, malgré les caprices incompréhensibles des horloges de ce petit blog, que ce soir c'est "la fête des voisins". Encore une de ces inventions (autre bidule de printemps festif, incontournable), que notre époque de plus en plus décomplexée, aura pondu pour nous faire croire qu'au fond, nous sommes tous des êtres solidaires, avides de retrouver l'élan spontané originel (?). (Voir le billet suivant ou précédent, selon la logique de chacun). Dieu Merci (ou Diable, non merci!), il y aura toujours des concepteurs de bonté, un brin évangéliques, pétris de bonnes idées, pour venir "ambiancer" nos élans de générosité (naturelle ?), et rassembler entre elles des créatures, (lisez "voisins", "voisines" si vous voulez) qui, les autres jours de l'année, se retrouveront aussi amicaux (entendez complices et solidaires) que les quatre pieds de ma table. Comme le disait Nikos ALIAGAS (le poète grec) "on ne va pas se mentir", et s'il faut être spontané, autant le dire carrément, étant donné que je ne peux pas ce soir, écrire ce que bon me semble, en raison que c'est ma voisine qui, la plupart du temps, décide des jours où je peux ou non vivre dormir, ou simplement écrire chez moi, je lancerai donc un appel d'offre en vue d'une festivité bien moi. (Do it yourself !) et rechercherai de toute urgence deux ou trois grands gars du genre costauds, déterminés, et surtout très patibulaires, ayant une grosse pratique de boxe Thaï, ou française, voire de catch pour aller faire la fête à ma voisine, laquelle, (vous l'avez compris) m'a cruellement empêchée de développer les merveilleuses idées qui auraient pu s'échapper de cette non moins merveilleuse citation. Cela dit les images parlent d'elles mêmes, et disons que pour ce coup là, ça ne sera pas plus mal. J'invite donc son lecteur (adoré) à méditer ce qui lui plaira à propos de "je ne sais quoi".
Photo: Le "Je ne sais quoi", vu près de la fontaine Bartholdy, place des Terreaux, à Lyon, par un bel après midi de Mai 2010. © Frb
00:17 Publié dans Art contemporain sauvage, Balades, De visu, Impromptus, Le monde en marche, Le nouveau Monde, Mémoire collective | Lien permanent
samedi, 03 avril 2010
Le printemps est inadmissible
"When I am not this hunchback that you see,
I sleep beneath the golden hill"
LEONARD COHEN extr. "Avalanche" in "Songs of love and hate" (1971)
Un rade plein de douceurs atteint de gigantisme, à la terrasse de la Manille, j'ordonne mon bazar de printemps. Le soleil, ce tyran, m'impose son accolade. Je suis bien obligée. Comme chacun, je souris, mais les efforts de cette joie me désincarnent. J'aurais préféré sous la pluie épouser tout le gris, que certains disent "inavouable", me coucher sous un chêne, hiberner pendant l'éclaircie. Ici, je fais semblant de ne pas rouler sous la table. j'enfouis ce plomb (inavouable aussi), dans la note minuscule d'un expresso servi à demi-tasse avec cette noisette enrobée d'un chocolat malade, de couleur marronnasse. Trop pâle pour être vrai. Je paye. Je dis merci.
Dehors, tous butinent. Les affiches sont gaies. L'emphatique propagande happe les plus hostiles ; des jupes fendues, aux produits bio, plantes d'amazonie, miraculeux bronzants à base de jojoba, fluides hydratants (hyper), effet jeunesse (bonne mine), qui s'étalent en vitrine dans les pharmacies (parapharm). Des tulipes prépensées, de tristes myosotis tremblent dans les rocades tels des nouveaux nés à têtes de vieillards bleus, s'accrocheraient aux barreaux d'un berceau d'hôpital, plantes à l'air comme en serre griffant les murs polyvalents de quelque autre antichambre. Le printemps draine ses allergies. Une vague odeur d'ambre flotte rue d'Algérie. J'aurais aimé cueillir l'iris, en planter tout l'exquis dans le coeur du promeneur comme on plante un couteau sur un gigot ami. Oserait-on ?
Pour tenir la saison je récite sans reprendre ma respiration tout l'alphabet de gauche à droite, cela me distrait de l'ennui. Je me suspends au W ce signe blanc, agité d'un éclair. Je coche quelques mots au hasard "givre", "bonnet, "chamois" ou "ski". Et ainsi, les heures passent. Le jour est long, jusqu'à 20H38. demain, 39. J'exile des fleurs sur un manège, et me souviens de ces amants à tête de bouquets garnis qui baguenaudaient la parenthèse, montés sur des escalators, comme sur des échasses, vérifiaient en vitesse, leurs charmes irrésistibles, dans les glaces des grands magasins, où chaque angle toujours renvoie des reflets, mille boules de boites de nuit effaçant ça et là les tourments de nos essayages, ou grossissent démesurément nos humanités ébaubies. La belle saison attendrirait, ces gens, un brin de muguet leur poussera dans la main. C'est écrit.
Bras dessus, bras dessous avec un gusse à l'abordage de la saison du blanc et des soldes à 50% sur l'osier et les chaises de jardin, madame Machin menant monsieur fait ses emplettes. Je gambade en robe champêtre sur une savonnette au citron. J'achète deux piles non-dégradables pour alimenter mes engins, je tire à coup de Pentax sur un tag très anti et à la verticale, entre deux filatures, j'embrasse le répit. Dans 15 télévisions d'un magasin (hyper) un ministre parle de travail. La retraite à soixante dix ans. Et pourquoi pas à quatre vingt ? Et qu'il ne reste pas un seul être inactif sur cette terre. Tout devient possible. Il me tarde...
Il me tarde de partir, d'élaguer ce dédain, de flâner entre Houlgate et Le Havre d'adorer Lambersart, de visiter Maubeuge, loin des collines travaillantes, tuer les courbatures qui hantent la poésie, m'extasier à Limoges devant une soupière en porcelaine, aborder dans les granges la candeur d'une tête de cabri, puis d'aller saluer mon âne qui broute à l'infini avec les yeux battus de l'ange, mi pur, mi crétin, fixant (hélas, je ne suis qu'empathie!), avec toujours le même amour, son brin de bouton d'or.
Que cet étroit sillon couturé de bourgeons nous jette à l'inouï. Qu'un peu d'inattendu s'impose au lieu de cette peau de chagrin trop aimable, forçant le joug au spectacle de nos séductions. Légèreté dite de saison qu'une foule idôlatre cueille en son paradis et, fourrageant sans cesse au pays du soleil, s'en ride le sourire d'une joie grimaçante à en faire pleurer les pingouins. Tout le reste du temps, se cuivre dans les plis, sous ces écrans. Toto, nos hâles nous déterminent. Dans ces midis, préludes à quiches et à pizzas à moitiée croquées et laissées au milieu des pelouses, il nous est interdit tout autant de forniquer que de déposer des ordures. Toute cette solennité, indulgence pour qui renaît (A la ville et l'univers !). Etonnez moi Benoît, pardonnez les péchés et ouste ! qu'on en finisse !
Indulgentiam, absolutionem et remissionem omnium peccatorum vestrorum, spatium verae et fructuosae pænitentiæ, cor semper pænitens et emendationem vitæ, gratiam et consultationem sancti Spiritus et finalem perseverantiam in bonis operibus, tribuat vobis omnipotens et misericors Dominus...
Etonnez moi Benoît ! mais avec d'autres vers ! je sors vite, et m'en vais égayer l'avalanche, peut être y retrouverai-je, la piste des rois mages, le rameau bien caché élu des mondes d'Alceste, et que les franges étincellantes des emballages de papillottes me dispensent de ces saloperies qui nous obligent chaque printemps à devenir plus beaux que nous mêmes. Je me déguise en flou de coquelicot, vêtue de tulle, je crapahute avec des breloques aux oreilles devant les vitrines de sandales de la "halle à sandales", j'achète des bougies parfumées "fraîcheur d'Avril", un truc à fleurs et du senbon, une note de fond à base d'héliotropine, caricature d'un idéal, je ris en portant mes cabas. A la terrasse du Voxx, je croise Fifi, Riri, bardés d'I.pod, de mp3. On se pète les bises et puis je m'assois. "Comment ça va ? Ché pas. Et toi ? Ca va ! et toi ? Ca va bien !". Le serveur apporte les bières. Les reflets de la "Mort subite" épousent le coucher du soleil. On parle d'allergies aux pollens : cyprès, bouleau, chêne, frêne, platane, du rôle déterminant du vent dans le transport des grains, des yeux rouges qui piquent et de l'action de l'histamine. La conversation bat son plein. Tout baigne apparemment, j'aime mon prochain, on m'aime. Je ne suis qu'amour, et lumière. Au grand secret, je traîne à Tignes, à Chamonix, à 2317 mètres d'altitude, un glacier coule lentement sur ma pente. Entre les Roches rouges et le dôme du Goûter, le glacier des Bossons m'appelle.
Photo : Le printemps n'est pas inadmissible sur la pelouse du Bordel-Opéra. Deux bienheureux en état de grâce photographiés dans la bonne ville. Une idée du centre du monde. Lyon, Avril 2009. © Frb.
00:35 Publié dans Art contemporain sauvage, Balades, De visu, Impromptus, Le monde en marche, Le nouveau Monde, Mémoire collective | Lien permanent
samedi, 20 mars 2010
Dans la roue de Charles-Albert
"Je ne veux surtout pas qu'on dise de moi que j'ai de l'entrain, ni qu'on me compare avec ceux qui ont ou qui n'ont pas de l'entrain (j'emmerde l'entrain)."
CHARLES-ALBERT CINGRIA in "La grande Ourse". Editions Gallimard 2000
J'habite à l'écart, pas loin du bosquet de la colline, et devant les vitrines de la rue commerçante il m'arrive d'admirer les jolies assiettes à dessert en porcelaine de je ne sais où. Des scènes de chasses à courre défilent sous mon sorbet, je traverse la ville à vélo, finissant en roulant sans les mains, ma friandise, une petite cuillère en argent dans la bouche, ou dans la tête. Et je pense à CINGRIA, qui prenait de bonne heure sa bicyclette. (En route! Un vent léger, la vie est courte), à ses intitulés qu'on disait déroutants : "Eloge de ce qui existe tout simplement".
Une adresse à Paris, 59, rue Bonaparte tout près de Saint Sulpice, dans deux pièces à écrire des machins inclassables. L'idée de bâtir une oeuvre ne lui est jamais vraiment venue à l'esprit, la liberté de CINGRIA pour certains paraît une énigme. CINGRIA est parti en balade.
"Cependant, la bicyclette c'est un cheval" (cf. tranches de route")
Monsieur CINGRIA sera quelques jours injoignable, le voici au bord de la Loire :
"C'est si agréable que se réalise exactement ce que vous aviez prévu, si agréable de faire un petit goûter ainsi et puis de rêvasser modiquement sans fin sans être importuné par personne!".
Je respire l'air épais du Rhône, c'est si agréable de chercher en roulant un terreau généreux du côté de l'enclos des biches. Je jette des heures entières des croutons vieux d'un mois aux bêtes avenantes qui se mettent à m'aimer d'un amour authentique, leurs grands yeux en amandes tombés en servitude (pour l'âme magnanime et les beaux yeux de moi), m'offrent la douceur même. L'émotion des jours désoeuvrés de l'enfance prévoit des teintes crèmes irisées de verts pâles somptueux... Les yeux des biches, sont maintenant la seule chose qui ait de l'importance sur terre.
CINGRIA est à Berne, au buffet de la gare, toujours premier sur le motif, à saisir les point de possibles, juste au moment et par mille angles différents, de l'infiniment petit jusqu'au palpitant qui surplombe. Liberté de l'espace et liberté du temps. Il pédale en molletières, s'enivre de chants grégoriens et dégotte en souriant de vieilles chroniques enluminées, il se rêverait réincarné en copiste de monastère. Car Charles Albert est érudit et n'en fait pas tant étalage.
Je retrouve le chapiteau triste, où son bavard est dévoré "éternellement" par quelques drôles de bêtes. Des plantes glissent sur les pierres piquetées de jaune, les secondes s'éternisent polymorphes et calcaires. En ville, un passant encombré, promène sa vie entière dans une lourde valise qui semble grossir à mesure que l'homme la tire, tout l'espace s'amenuise. Une valise prise au délit de gigantisme, dont les roulettes minuscules émettent ce bruit des bétaillères qui vont aux prés et se dévissent de l'intérieur par une grande mâchoire métallique. Un ogre à cinq ou six wagons, nous entasse, et délivre nos âmes de la tentation des dérives.
CINGRIA devient membre actif de l'amicale des piétons de la capitale, on y retrouve Léon-Paul FARGUE. Confrérie de "Rois fainéants" qui croque les scènes de rues, avides de vieux pigeons... Toujours pas loin de Saint Sulpice. Les yeux décrochent les faits divers :
"Qu'est-ce qu'il y avait ensuite dans le journal suspendu aux grilles du métro Invalides ? Il y avait qu'un dépôt de bananes avait sourdement éclaté [...] Comme c'est Paris ça aussi".
Pas loin, non plus à cet instant, on aperçoit André DHOTEL, à l'effeuillage de l'écrivain, il loue bien haut "son art de parler d'autre chose". Des plus nantis, ou des jaloux, le trouvent médiocre, le disent même "piètre fantaisiste". Mais de chroniques badines en papiers assassins, CINGRIA prend plaisir à cogner dans ce qui se veut neuf, déplorant tous "les talents veules et les mystiques à l'eau de Javelle".
Dans une petite rue de presqu'île, chez Fernand Cingria père et fils, (négociants en vin, depuis 1883), l'enquêteur montre une vieille photo au patron, debout, large ossature, un béret vissé sur le crâne. L'homme regarde la photo celle qui montre un autre gars avec le même béret, aussi bien vissé que le sien. On lui demande : - "Vous êtes sûr que c'est pas votre frère ? ou peut être est ce votre cousin ?" - "Comment que vous dites ? Charles-Albert CINGRIA ? Ah ben, non, désolé ! Charles Albert CINGRIA ! ce nom là ne me dit rien !".
Ce nom dit rien ? Pourtant dehors assis par terre, Charles Albert fait des inventaires. Comme un gamin classerait ses billes, ses petites autos dans des boites en fer déglinguées. Presque pas vu, à peine connu. Certains jours, certaines gens disent l'avoir croisé ici ou là. De plus rares autres affirment qu'il se baladait rue de Nuits en plein jour. On le croise c'est à peu près sûr peut être tous les jours ici ou là. En vérité, CINGRIA , grimpe en danseuse, en molletières sur la plus belle colline du monde, vire d'un coup de tête un caillou. Puis comme toujours, re- disparaît.
CINGRIA était suisse, né en 1883 à Genève , il mourra en 1954, dans la même ville. CINGRIA bouffait le temps qui passait vite. Il laisse une malle qu'on ouvre bourrée à craquer de boîtes à clous, papillons de jour, et parmi des chiffons, un bazar sans message particulier. "Le bitume est exquis", "L'herbe est divinement tendre". C'est un jour merveilleux, CINGRIA, est passé chez nous.
NOTA : Le portrait de CINGRIA est ici très incomplet, un petit peu adapté, mais pas trop. Ce billet n'est donc pas représentatif de toute l'oeuvre et la vie de ce cher auteur encore trop méconnu. Le lecteur, (adoré), dont la sagacité n'est plus à encenser, (sans flagornerie, uh ! uh) aura compris que par tous les liens, il trouvera quelques chemins pour mieux découvrir ou redécouvrir le poète.
Photo 1 : Ceci n'est pas la bicyclette de Charles-Albert CINGRIA, mais c'est peut être sa sacoche... ? Ou celle de Fernand Cingria ? Photographiée juste en face du bordel Opéra. (La vélosophie à la rencontre des grands orchestres). Lyon attaché à ses créatures mécaniques. (celle-ci n'est pas tant non plus un vélo D'amour).
Photo 2 : Ce monsieur n'est pas René Char, ni Arthur Cravan, ni André Breton, ni Jean Dubuffet. Ce n'est (oh que non !) pas Louis Aragon, ni Jean Paul Sartre, et encore moins Gustave ou Alphonse. Il n'a même pas, bien qu'à l'aise, les bonnes grolles du père Blaise. Alors qui ? (Question à six sous messieurs dames). Indice complèmentaire : il ne veut pas qu'on dise de lui qu'il a de l'entrain. Si vous ne trouvez pas, retournez à la case départ. Si vous trouvez, vous gagnerez un tour de lyon à vélo d'une valeur inestimable à l'arrière de mon porte-bagage, (quand j'en aurait installé un) c'est à dire un certain jour, plus les félicitations de la maison. Vu à Lyon, juste en face de Morand Pont. Lyon. Mars 2010.© Frb.
17:06 Publié dans A tribute to, De visu, Impromptus, Le monde en marche, Mémoire collective | Lien permanent
lundi, 15 mars 2010
Comme un lundi avec une grosse valise rouge
Tous, un, chacun, les mêmes, mais sans la valise rouge, à lire : ICI
03:59 Publié dans Art contemporain sauvage, Certains jours ..., De visu, Impromptus, Le monde en marche, Le nouveau Monde, Mémoire collective, Transports | Lien permanent
jeudi, 11 mars 2010
Albatros et pigeons
J'avais de la grandeur, ô cher Missisipi
Par mépris des poètes, gastéropode amer;
Je partais mais quel amour dans les gares et quel sport sur la mer
Record ! j'avais six ans (aurore des ventres et fraîcheur du pipi !)
Et ce matin à dix heures dix le rapide
qui flottait sur les rails croisait des trains limpides
Et me jetait dans l'air, toboggan en plongeon
C'était le cent à l'heure et malgré la rumeur
Le charme des journaux enivrait les fumeurs [...]
ARTHUR CRAVAN extr "Langueur d'éléphant" in "J'étais cigare". Editions Losfeld- Le terrain vague. 1971.
Tous sont revenus ravis de la classe de neige. Ils ont posé leurs moufles, leurs bonnets à pompons, pour amener le printemps au point le plus fondant, albatros et pigeons, du Placebo dans la prothèse, passeront le pont jusqu'aux arbres encore faibles de la forêt Morand, où près du square, en îlots verts occupés par l'interflora faussement passeïste, des amants en chemises bleu blanc beige, achètent les premiers bouquets de jonquilles pour qui là haut les guettent sur la plus haute branche du parc de la Tordette. Mésanges, bergeronnettes. Attendri par les premiers chants qui firent glisser les neiges, partout un solitaire se meurt dans les pollens. Partout des vieilles pies devisent du printemps, partout de la jeunesse couchée déjà dans l'herbe, (ô pelouses interdites !) se roule des gamelles et des pétards à la peau de banane sèche aux sorties des cours de physique. Melle Pugeolles s'en retourne à l'heure qui est l'heure dans sa petite 2CV violette, corriger son tas de copies, l'analyse d'un poème de VERLAINE. "Les Saturniens", aubaine ! "je vous distribue les enfants, ce polycope bleu, vert, rose ! que veut dire saturnien dans le poème ?" "les ingénues", soleils couchants. Rossignols. Des souvenirs, une promenade obsessionnelle... "Que me veux tu, mémoire ?" VERLAINE plié, poltron, "son chant d'amour est un chant de printemps", les cheveux, les pensées, tout est soumis au vent. Albatros et pigeons font l'école buissonnière. Dans ma tour, ce donjon en mode cadet rousselle, je m'entiche de BUFFON ou COMTE GEORGES LOUIS LECLERC DE.. toute l'histoire naturelle se grave dans la chair blanche et JEAN DORST moud du grain près des cloches.
« La vieille et toujours jeune histoire naturelle n'est pas morte, bien au contraire elle a encore de beaux jours devant elle. Il nous reste encore beaucoup à apprendre avec une paire de jumelles et une loupe, surtout avec nos yeux ! [...]
Voilà nos yeux qui pêlent sous le coucher de soleil vaguement florentin quand les péniches tanguent molles sur le fleuve menteur lèchant les quais du côté du sixième, du sixième sens peut être. Ainsi albatros et pigeons, pourquoi pas hiboux ou corbeaux ? s'éprendront d'un bateau, de 1869, treizième poème des "Fêtes galantes". L'eau reste sombre la pythie de Lugdumum donne des soirées crépusculaires, l'indécision des passagers cède à la flemme. "Arrête de rêver et travaille!" crie mademoiselle Pugeolles, tout en haut de l'estrade où poussent des champs de tulipes rouges et des vivaces hybrides, des pivoines arbusives des pivoines herbacées aux étamines fines "tiges grêles supportant l'anthère, forme aplatie comme un limbe de feuilles" ô Nymphaea ! Voilà que le bateau s'enivre...
"Les fleuves m'ont laissé descendre où je voulais".
ARTHUR CRAVAN prend la relève. Le taureau par les cornes. Le printemps sera intranquille. J'ai des Fortuna bleues en poche ainsi je m'échappe parée. ARTHUR CRAVAN va sous les jupes des filles, renifle, printanier, de son nez aristocratique, puis éclaire ma lanterne mieux que dix soleil d'Août "Chaque fleur me transforme en papillon". Je cours sur la haute route, ce jour est jour de joie, le colosse revient des Caraïbes. Cela fait des mois je l'attends. Albatros et Corbeau vadrouillés de Boeing, traversent le pont Morand. Aux pas pesants, leurs grosses bottines épousent un goudron solidaire sur lequel tous mentalement ne cessent de s'envoyer en l'air.
Entraîneur aimantant albatros et pigeons,
à cette allure folle, l'express m'avait bercé
Mes idées blondissaient, les blés étaient superbes,
Les herbivores broutaient dans le vert voyou des près
J'étais fou d'être boxeur en souriant à l'herbe.
Un grand type inquiétant, bûcheron dans les forêts trace à grands pas la buissonière : " Dans la nature, je me sens feuillu, mes cheveux sont verts". Je suis ... Je suis. L'autre Arthur, qui trace la ville, malade de ne pas être plus loin à chevaucher peut être, des girafes et des éléphants, ou tout simplement, la donzelle, Madame DELAUNAY en personne épouse de...
"Je ne prétends pas que je ne forniquerai une fois madame DELAUNAY, puisqu'avec la grande majorité des hommes je suis né collectionneur [...]"
"Ah nom de Dieu ! quel temps et quel printemps !"
Photo : Pigeons ou albatros longeant le bordel-Opéra et ses loupiottes venimeuses (hors champ) ; juste avant de passer le grand fleuve sur un(e) mode jeune à l'éveil du printemps. Photographiés en Mars 2010 à Lyon. © Frb
22:31 Publié dans A tribute to, Balades, De visu, Impromptus, Le monde en marche, Le nouveau Monde, Mémoire collective | Lien permanent
mardi, 09 mars 2010
Préface
"J'avais entrepris une lutte insensée ! Je combattais la misère avec ma plume."
HONORE DE BALZAC : extr. "Le lys dans la vallée". Editions Gallimard 1972
Si vous avez loupé la période rose, cliquez sur l'image
Je n'ai plus de train à moudre, je n'ai plus de cuillère à pain. je n'ai plus de sac à pot, Je n'ai plus de barrette de chenille, je n'ai plus d'ourlet à talon, je n'ai plus de seau à lapins, je n'ai plus de casquette de 12, je n'ai plus de rat aux marrons, je n'ai plus de cave à bretelles, je n'ai plus d'éléphant à traire, je n'ai plus de couteau à eau, je n'ai plus de chapeau à sonnette, je n'ai plus d'auto-dépliants, je n'ai plus d'éponge-éponges, je n'ai plus de poil à lire, je n'ai plus de soupière en coton, je n'ai plus de repose-doigts, je n'ai plus de sorbet à la langue, je n'ai plus de brosse à redire, je n'ai plus de pull col mouillé, je n'ai plus de téléportique, je n'ai plus de fusil à trompes, je n'ai plus de corne de truffe, je n'ai plus de tire-jambon, je n'ai plus de pattes à vélo, je n'ai plus de billet de marteau, je n'ai plus de stage d'auto-portrait, je n'ai plus de bouteille de veau, je n'ai plus d'épluche-savon, je n'ai plus de papier à molette, je n'ai plus d'épingle à lunettes, je n'ai plus de lampe à nouilles, je n'ai plus de poumons à huîtres, je n'ai plus de boîte de panthère, je n'ai plus de riz mâconnais, je n'ai plus de tubes de moustiques, je n'ai plus de para-bain, je n'ai plus de ceinture à huile, je n'ai plus de machine à rouler les assiettes, je n'ai plus de feuille d'impasse, je n'ai plus de chirotractateur, je n'ai plus de cornet à capuche, je n'ai plus de sauce yiddish, je n'ai plus de souliers à spirales, je n'ai plus de films de commissions, je n'ai plus de casque à repasser, je n'ai plus de corbeille à mazout, je n'ai plus de poêle à encre, je n'ai plus de taie de marcassin, je n'ai plus de tabac à désosser, je n'ai plus de fer à nombril, je n'ai plus de perce-cornet, je n'ai plus de démoule-vinaigre, je n'ai plus de torche-lèvres, je n'ai plus de sirop pour la truelle, je n'ai plus de grenouille sur ma quenouille, je n'ai plus de dosette pour le dos, je n'ai plus de carte d'entité, je n'ai plus de cache-vessie, je n'ai plus de bonnet à truites, je n'ai plus de piano à moteur, je n'ai plus de vernis à oreilles, je n'ai plus de pense-tomates, je n'ai plus d'allocations-teckel, je n'ai plus de bague à pédale, je n'ai plus de lit-rateau, je n'ai plus de chemise pointue, je n'ai plus d'hippocampe de propre, je n'ai plus de rouleau de vécu, je n'ai plus rien à éventrer, je n'ai plus de polycyrrhose, je n'ai plus de technopsychiatre, je n'ai plus de télépanty, je n'ai plus de protodégivreur, je n'ai plus de grillon-laveur, je n'ai plus de grain d'immunité, je n'ai plus de pantoufles à ressorts, je n'ai plus de verre à manger, je n'ai plus de mou dans ma poche, je n'ai plus de protège-molaire, je n'ai plus d'hydre en poudre, je n'ai plus de gilet à contorsions, je n'ai plus d'escalopes anglaises, je n'ai plus de chauffage mental, je n'ai plus d'épluche-disque... Je n'ai plus qu'un trou dans ma poche, pas même de quoi m'acheter une mouche pour mon dîner.
CHICHA LIBRE : Six Pieds sous terre
Photo : Vue en traversant "Vitton la riche", une dame assise sur sa maison, et qui avait peine à relire sa liste de non-commissions. Lyon, Cours Vitton, Mars 2010. © Frb.
03:48 Publié dans Art contemporain sauvage, Balades, De visu, Impromptus, Le monde en marche, Le nouveau Monde, Mémoire collective | Lien permanent
dimanche, 07 mars 2010
Singerie du Mail
Les fleurs ouvrent leurs corolles
Dans le ciel un oiseau-souris
Le soleil fait son parasol
la Denise nettoie ses tapis
Le cyclamen, la renoncule
Font la roue dans le jardinet
Il y a des froids qui s'en reculent
Et des chaleurs qu'on sent monter
On met du rose sur sa figure
Et du bleu et puis du violet
Pour plaire et avoir fière allure
Car le printemps sera très gai.
MADELEINE LACROIX : Extr : "Le fardeau ivre". Préfacé par Guy Dubord (PDG de la Scala de Vaise). Editions Dupanier. Vaise 2009.
A noter que le 20 Mars à 15H30, Madeleine LACROIX récitera ses poèmes salle Rosemonde Gérard, au 8 allée Jean Rochefort dans le 9em arrondissement de Vaise (Prendre troisième rue à droite, juste après l'Hyper Rion Géant, face à la station essence Esso). Madeleine LACROIX sera accompagnée par la Denise à la flûte traversière. Le récital sera suivi d'une séance de réflexion et d'un débat animé par Guy Dubord sur le thème "Quelle place pour le printemps en 2010 ?". Cette animation-réflexion sera elle même suivie puis précédée d'une soirée de gala intitulée "le grand bal du Printemps 2010", animée par l'orchestre pop "Décontraction". Un mini-bus emmènera les participants à la Scala de Vaise pour une soirée prestigieuse. Venez nombreux. Inscription gratuite auprès du syndicat d'initiative de Vaise, (demandez Marie-Claude à l'accueil).
Prix d'entrée : Cent vingt deux francs cinquante. Les bénéficiaires de la brioche et des boissons seront reversés au club de gymnastique poétique "Les gymnapoésies" qui donneront une séance de démonstration sur des poèmes d'Aragon le 22 Avril 2019 à 20H00, au N° 3 avenue Yves Rocher à Dardilly dans les locaux des magasins "Phildar Rhône-Alpes". Mais je vous en reparlerai... Faites moi penser, si j'oublie.
Photo : A quelques jours du printemps, on a croisé les demoiselles de la colline (Melle Lacroix et Melle Pinturault rudement sacochées) en grand péché de coquetterie, flagrant délit, et tentations, rêvant devant des robes chasubles, toutes autres folies vraiment olé olé, débardeurs en jersey (sans manches oh ! my god !). Oseront-elles ? Photographiées, on va dire au hasard, rue du Mail, (toujours imitée jamais égalée), en plein coeur de la Croix-Rousse à Lyon,par le Riri et son instamatic Kodak en Mars 2010. © Le Riri (avec l'aimable participation de la maison kodak).
04:36 Publié dans Affiches, panneaux, vitrines, Art contemporain sauvage, Balades, De visu, Impromptus, Le monde en marche, Le vieux Monde, Mémoire collective | Lien permanent
vendredi, 25 décembre 2009
Certains jours vous souhaitent un merveilleux Noël...
Fait maison
C'est joli ! non ?