samedi, 26 mai 2012
Chut... !
Les bruits associés au jour sont toujours interdits la nuit, les femmes par exemple, ne moudront pas le grain après le crépuscule [...]
MARY DOUGLAS : "The Lele of Kasaï" in "African Worlds : Studies in the cosmological Ideas and Social Values of African Peoples", London 1963.
Dans son livre remarquable, "Le paysage sonore" R. Murray Schafer a longuement expliqué que l'intérêt véritable d'une législation contre le bruit ne résidait pas dans son degré d'efficacité, depuis le Déluge a -t-elle jamais porté ses fruit ?" S'interroge-il... Même si nous savons, en revanche, que cette législation permettait d'établir des comparaisons entre les phobies sonores des diverses époques et sociétés. Les sons proscrits ont toujours eu une puissante résonance symbolique. Les peuples primitifs, par exemple, conservaient précieusement leurs sons tabous et Sir James FRAZER dans son ouvrage monumental intitulé "Le Rameau d'Or" (1890-1915), consacre un chapitre entier, à ce sujet. Il raconte qu'il existe des tribus où la terreur empêche de prononcer le nom de certains peuples, le noms des ennemis ou ceux d'ancêtres défunts. Ailleurs, prononcer son propre nom comporterait le danger de priver un individu de ses forces vitales. Proférer ce son, le plus personnel, soit-il, serait comme tendre la nuque à l'exécuteur...
Sur le plan des pratiques anti-bruit, plus curieux sont les rituels de certaines tribus qui réservent par crainte de la colère divine, la production de certains sons à des périodes temporelles précises (cf. plus haut, le texte de Mary DOUGLAS ici, la suite) :
Les bruits du travail semblent créer des relations dangereuses entre le village et la forêt. Les jours ordinaires, les esprits dorment au plus profond des bois et ne seront pas dérangés, mais les jours de repos ils sortent et approchent parfois du village. ils seraient furieux d'entendre des coups frappés dans la forêt ou des martellements dans le village.
L'habitude chrétienne d'observer le silence pendant le Sabbat ne doit pas être étrangère à cette origine. Traditionnellement, les sons tabous, prononcés de façon sacrilège, sont toujours suivis de mort et de destruction, cela est vrai du mot hébreu Yahvé. En France, les textes liturgiques n’utilisent pas la vocalisation Yavhé, mais elle apparaît dans les traductions de la Bible - qui ne sont pas normatives pour la liturgie - ou des chants. D'après une argumentation scripturaire, le document affirme :
"L’omission de la prononciation du tétragramme du nom de Dieu de la part de l’Eglise a donc sa raison d’être. En plus d’un motif d’ordre purement philologique, il y a aussi celui de demeurer fidèle à la tradition ecclésiale, puisque le tétragramme sacré n’a jamais été prononcé dans le contexte chrétien, ni traduit dans aucune des langues dans lesquelles on a traduit la Bible."
Les chrétiens revendiquent la possession de plus de vingt quatre mille prétendus "originaux" de leurs Saintes Ecritures en version grecque, et pas un seul parchemin ne fait mention de Jéhovah.
Idem pour le chinois Huang Cheng (cloche jaune) si ce terme se trouve proféré par un ennemi il peut (dit-on) causer l'effondrement de l'Empire ou de l'Etat. Les Arabes avaient beaucoup de mots pour Allah qui possédaient les mêmes redoutables pouvoirs, (ils se prononcent dans un souffle) : Al-Kabid, Al Muthill- Al Mumit, et quatre vingt dix-neuf autres encore.
Ensuite il y a bien sûr d'autres mots tabous dont la prononciation semble sacrilège comme dans certaines manies plus ou moins graves ou autres névroses obsessionnelles, par exemple une personne ne pourra pas prononcer ou entendre le mot "Maladie", persuadée que le simple fait de sortir le mot de sa bouche serait un risque d'attraper cette maladie, ou de la transmettre, cela plus subjectif...
On pourrait se demander quels sont les sons tabous unanimement reconnus, et inspirant la crainte dans notre monde contemporain. La réponse n'est pas si évidente. R. Murray Schafer mentionne la sirène de la défense civile, que toutes les cités modernes connaissent bien, mise en réserve pour le jour fatal, où son cri unique sera suivi par le désastre. Il y en existe sans doute d'autres, même si nos rituels avec Dieu ou les divinités sont un peu plus discrets que ceux de nos lointains ancêtres ou tribus des forêts, il est certain qu'un lien profond unit, lutte, contre le bruit et son tabou, car dès l'instant où un son figure sur la liste des proscrits, il lui est fait l'ultime honneur d'une toute puissance. C'est la raison pour laquelle les plus nombreuses et plus mesquines interdictions de la communauté resteront à jamais inefficaces.
Enfin, pour conclure un de ces nombreux chapitres sur le paysage sonore, nous suivrons R. Murray Schafer dans son cheminement, pour affirmer avec lui que le pouvoir absolu, est le silence. Comme le pouvoir des Dieux est d'être invisible. Vrai encore que le mot "Silence" est d'une incroyable douceur à prononcer et semble une source à entendre d'un genre d'allitération proche glissant sans heurt, clairement mise en espace, comme le fût, le plus implacable "Silenzio" de JL Godard hurlé au mégaphone, dans le film "Le Mépris" suivant la logique, du "Camera" et "Motore", rythmant la réalisation du film, le mot "Silenzio" non seulement referme le film mais rend les acteurs à la vie, laissant le spectateur seul en plein ciel devant le visage d'une statue, porté par la musique de G. Delerue."Silenzio" n'est pas le silence, c'est la fin du mépris. Le silence. Ce n'est que par lui et pour le trouver que peut se clore toute réflexion sur les sons dignes de ce nom.
Sources bibliographiques :
R. MURRAY SCHAFER in "Le paysage Sonore" éditions JC Lattès, 1979,
Sir James FRAZER in "Le Rameau d'Or" (Manuel d'étude des croyances et civilisations antiques en 12 volumes), édition abrégée, P. Geuthner, 1923.
Photo : Variation pour une oreille et son silence, un léger flou artistique émanant d'une vraie sculpture posant pour Paul sur le plateau de la Croix-Rousse à Lyon entre le Grand Boulevard et la place Tabareau, pas loin de la rue Denfer, (Rochereau). Cette mystérieuse oreille monophonique privée de corps installée sur une place minuscule intrigue énormément ceux qui la croisent. Je ne connais toujours pas le nom de l'artiste (nous cherchons) qui a crée cette oeuvre emblématique, que personnellement j'aime beaucoup puisque le son m'importe plus que l'écriture et l'écoute me parait plus intéressante que la parole, je sais juste que l'oeuvre a été portée près de ma rue le jour où j'envisageais à la fois d'emménager dans ce quartier et de me remettre à la musique, détail personnel de peu d'intérêt, quoique le mot "Oreille" n'est pas sacrilège au regard d'une fascination plus vaste pour tout ce qu'elle garde au secret. Cette incongruité urbaine invite à plus d'un titre car je rêve souvent à cette oreille (de marbre ? Non.) écoutant patiemment les murmures des passants et gardant précieusement les bruits de la rue dans sa pierre, elle n'en dira rien à personne, jamais, c'est assez consolant, pourtant il me semble qu'en jouant de cette oreille comme d'un instrument elle pourrait sonner divinement et peut être nous rendre les murmures de la ville. Oreille muette comme une tombe, prenons de la graine au contact de cette silencieuse qui nous happe par sa discréte présence et l'entière confiance qu'elle inspire...
Remerciements à Paul pour la photo et pour m'avoir prêté son "Rameau d'Or" ce n'est pas une métaphore, rien que de la culture et si c'était une métaphore, je n'en soufflerai mot car je ne doute pas que l'autocensure m'interdirait d'écrire ici ces mots qui ne vont pas dans la bouche d'une fille élevée chez nos droites religieuses. Ces dames avaient, si mes souvenirs sont bons inscrit au tableau une liste noire d'une vingtaine de mots à ne pas prononcer au sein de l'institution même pendant la récré, la gresso vecha de Soeur Marie-Claude, punissant de six heures de colle (sciences physiques, al spoela!) accompagnées d'un vigoureux tirage d'oreille, tout élève qui aurait proféré les mots tels : patuni, dreme, noc, ulc, cireh, troufe, beti, bredol, etc etc... Mais, fermons ce moulin à paroles ! Nos oreilles sont de Lyon pas de Loué, nom de diou nom de non !
©Paul-frasby 2012
jeudi, 24 mai 2012
Et la pluie...
11:48 Publié dans A tribute to, Actualité, Art contemporain sauvage, Arts visuels, Balades, De la musique avant toute chose, De visu, Le vieux Monde, Mémoire collective | Lien permanent
mardi, 22 mai 2012
A travers temps
Si on tentait de se replier
sans mots
il n'y aurait peut-être plus
rien
ANTOINE EMAZ : in "Ras" éditions Tarabuste, 2001.
Le ciel a refermé la cabane dans les pluies. Les choses n'ont pas eu lieu, nous n'avons rien écrit. Je reprends le fil d'un monde de légendes : rêve d'archéoptéryx caché dessous la pierre, de scarabées volants, chute des engoulevents aux ailes fossilisées sur un socle détruit qui ne s'est pas affaissé et d'où furent prélevés des fragments transformés en cailloux pour les archéologues. On ne sait plus s'ils en feront un livre, peu importe, nous sommes trop occupés et tant de livres sortent, que nous n'aurions de toute façon, pas le temps d'explorer celui-ci.
Je reprends le sentier au bout d'un champ bordé de fleurs que des filles vont cueillir pour s'en faire des bouquets piqués dans des vases accueillants. Le décor du bonheur des hommes est empreint de nos heurts. Les champs finissent où les bouquets triomphent. Encore un arrangement...
Au devant du décor, on acclame, on s'en pare. D'autres ont dû essayer d'en reproduire l'image mais manquant de ferveur ils préfèrent aujourd'hui contempler le plein champ par les yeux de Monet un instant dans l'allée du musée des impressionnistes.
Ici, les modillons nourrissent sous les pommiers des hydres à bouches d'ogre. Il se peut que les anges dévorent notre pays avec des yeux immenses. Ca raconte une histoire. Quelle histoire à présent ? Ca tient en un seul mot, envolé par le flux de paroles plus véloces que l'haleine soufflée de ces gueules minérales dont la fièvre va brûlante encore hanter nos vies. Mais à présent nos vies nous prennent bien davantage que ce monstre amputé sifflant à tout jamais, là bas, sous son rocher.
Photo : Là bas. Naissance de L'hydre, au jardin plus ou moins japonais...
© Frb 2012
20:08 Publié dans Art contemporain sauvage, Arts visuels, Balades, De la musique avant toute chose, De visu, Impromptus, Le vieux Monde, Mémoire collective | Lien permanent
vendredi, 18 mai 2012
Deux petites valses
Matin de printemps
mon ombre aussi
déborde de vie
J'emprunte à KOBAYASHI ISSA (grand maître de haïku), ce petit air de valse, l'ouverture du printemps glissera la ritournelle dans nos incertains jours...
ISSA, comme vous et moi, ne sût rien du cheminement de ses jours mais quand la poésie chanta sans lassitude que tout était néant, passage, silence, ISSA, d'un léger trait de plume ajouta "cependant"...
Photos : Là-bas. Le printemps a du retard, en cette mousson de Mai, entre deux jours de pluie et de brumes, j'ai pu saisir une accalmie avec juste le vent floutant un peu les arbres... Une petite carte postale, d'ici et de partout - en cliquant sur l'image - vous retrouverez d'autres balades de printemps, notamment aux jardins japonais et d'ailleurs...
Music : Chenard Walcker "Quand je tombe des nids" extr. de l'album "l'âne vétu de la peau de lion" (2002)
© Frb 2012
02:54 Publié dans A tribute to, Art contemporain sauvage, Arts visuels, Balades, Ciels, De la musique avant toute chose, De visu, Impromptus, Mémoire collective | Lien permanent
mardi, 08 mai 2012
Pink parade
Les éléphants peuvent dormir debout, mais le fait de se coucher indique qu'ils sont parfaitement détendus... (et nous aussi).
Juste une image saisie à la volée sur le mur de l'école de la rue Jacquard à Lyon, transformée, un jour ou deux en bureau de vote. Un indice, bien évidemment, on ne se fiera pas aux sondages, ce blog n'étant ni de son temps ni à la page. Si vous voulez connaître tout, par exemple, sur l'éléphant debout, vous pouvez cliquer sur l'image. Merci à Léopold pour le dessin très relaxant.
Histoire à suivre, bien sûr...
Lien instructif : http://www.accesstoinsight.org/tipitaka/kn/dhp/dhp.23.bud...
© Frb Mai 2012
lundi, 02 avril 2012
"A l'Hyper" by Hozan Kebo
"Le hasard n'est que la mesure de notre ignorance" (H.POINCARE)
A Sonia :
Un prologue, avant d'ouvrir cette page à l'invité du jour, il n'est pas inconnu des lecteurs qui font leur petit tour par ici, (j'allais écrire leurs "emplettes", mais non, tout est gratis ici et j'espère pour longtemps, je maintiens "le petit tour") au delà de la sacro-sainte brosse à reluire, (que Roger le siamois me pardonne) je ne cacherai pas que j'ai toujours grand plaisir à accueillir ici son frère Hozan Kebo fort en thèmes sur nos pages, cette fois-ci la coïncidence ajoutant son grain, là où n'étions pas, nous nous sommes étonnés nous-mêmes (eh oui ! soyons replets et restons naturels, ce sont des choses qui arrivent, mais rares, je cite Henri Michaux "Jubilation à l'infini de la disparition des disparités"). Et l'on s'étonnera de ces rencontres que nous ne pourrions jamais deviner à l'avance. Nous voilà dépassés, par le z'hasard et les coïncidences via nos virées persos en zhypers et finalement assez contents de contempler notre Sonia revenue du néant pour aller rouler du nid d'Hozan K. jusque dans le mien son petit corps de métier entre nos pleins et nos déliés. Et par dessus le l'hypermarché pendant que nous avions le dos tourné, le sou d'osier de la coquine pouaêsie récupéra la petite affaire pour livrer notre Sonia en tirant des rubans virtuels de ceci à cela, via le pohème que vous découvrirez, à la fin, aimablement offert par l'artiste ayant longtemps cherché sa Sonia perdue, puis retrouvée, tandis que je donnais ses premiers bains de foule à la mienne (de Sonia)... Mais comme je ne suis pas sûre d'être assez claire, je vous joins un extrait d'une correspondance récente, non, ce n'est pas celle de Raymond Guérin mais il s'agit des fameuses "lettres secrètes de HK/RL à /Frb enfin révélées au public", c'est une doublette voire une triplette qui marche à l'envers sur les fleuves avec Sonia, patinant merveilleusement entre les archives, pendant que nous dormons. D'ailleurs qui sait si chacun d'entre vous n'a pas une Sonia cachée dans son placard à balai ? S'il l'a achetée au Niquéa ou au fauquonrama y'a de fortes chances que la Sonia y'ait pondu des oeufs, et je vous conseille de passer vos maisons au peigne fin, car Sonia est partout. Fino ed dresoginsi !
Voici donc cet extrait du mail (on dit courriel) que Sir Hozan Kebo m'a posté ces jours-ci, jetez-y un coup d'oeil qui abolira peut-être le hasard, sait-on jamais ? Puis lisez sans vergogne, sur le thème des rubriques de la poste c'est peut-être moins extravagant que la lettre d'Eva Jolie à sa chhère France, mais comme on n'a pas fait exprès... Je vous laisse savourer le courrier et le poème par la voix du maestro.
"[...] Ce matin j'ai (comme tous les jours - certains ou incertains) était lire vos "CJ"
Sonia arrive, à très grandes enjambées, sur son gilet vert pomme molletonné, un carré épinglé "City marché, le sourire en plus", en dessous de la poche, un rectangle en carton plastifié découpé au cutter avec écrit, au marqueur rouge en gros "Sonia". Sonia est jeune, 20 ans, à peine, c’est elle qui s’occupe du "Rayon Beauté",
Quand j'ai lu ces lignes j'ai eu, comment dire , une sensation de "déjà vu" ou plutot de "déjà lu"
mais sans aucune reminiscence précise
Ce soir j'ai relu votre billet et soudain déclic !
Il m'a fallu presque une heure pour retrouver le texte qui avait déclenché cette sensation de déjà lu
(j'ai un giga dossier "POESIE" qui contient des centaines et des centaines de "dossiers" sous dossiers fichiers
un labyrinthe où je ne m'aventure désormais que fort rarement
j'ai fini par retrouver ce que je cherchais sans savoir exactement ce que je recherchais
le "fichier" date de 2003
vous allez voir la coïncidence est assez troublante".
"Les plis des bouches des gens les plis qu’ils ont les gens
à leurs bouches
qu’elles font leurs bouches
« AVEC NOUS VOTRE VIE A DU GOUT ! »
leurs yeux leurs peaux leurs vies les plis qu’ils ont les gens
à tout ça
comme des traits
de quelle plume ?
« AVEC NOUS VOTRE VIE A DU GOUT ! »
- non la carte c’est à partir de 10 € monsieur
- ah bon ?
lasse Sonia bouche lasse yeux las
encore trois heures d’au revoir bonne journée bonjour monsieur
« AVEC NOUS VOTRE VIE A DU GOUT ! »
MOINS 20 30 40 50 % ! ! ! ! derniers jours !
derniers jours !
couleurs criardes de fin d’un monde mais
rien dans les yeux des gens
leurs yeux leurs yeux leurs yeux comme des faux yeux
« AVEC NOUS VOTRE VIE A DU GOUT ! »
HK/LR, 2003.
Photos by frb : Variations sur thème: Sonia le retour (1)... Un coup de dé... (2), "So so so...Sonia, partout et en tous lieux (3). Avril 2012.
mercredi, 28 mars 2012
Qui sont les poètes ? (re)belote
L'influence du poète ressemble souvent à celle de Chantecler dont le chant fait lever le soleil, à condition d'être chanté juste avant l'aurore.
Albert GUERARD, in "Les primaires',1937, cité dans "Le dictionnaire de la bêtise et des erreurs de jugements § le livre des bizarres" de Guy BECHTEL et J.-C. CARRIERE aux éditions R.Laffont, 1991.
Pour découvrir ce que racontent les poètes, vous pouvez cliquer sur l'image.
Le poète (ancienne orthographe : "le poëte") est celui qui dit ou écrit de la poésie. C'est donc celui qui possède l'art de combiner les mots.
Exemple :
Ogan labessé son danbo
Séban déboidur édobuie
Essé glondue débroidérie
Gonsollié rian clarido [...]
Le fin connaisseur en poètes aura bien sûr reconnu une parodie d'un poème bien connu que voilà :
L'hiver a laissé son manteau / De vent, de froidure et de pluie / Et s'est vêtu de broderie / De soleil riant, clair et beau.
- Le poète maîtrise également l'art de combiner les sonorités
Exemple :
Damned Canuck de damned Canuck de pea soup
sainte bénite de sainte bénite de batèche
sainte bénite de vie maganée de batèche
belle grégousse de vieille réguine de batèche
[...]
Cré bataclan des misères batèche
cré maudit raque de destine batèche
raque des amanchures des parlures et des sacrures
moi le raqué de partout batèche
nous les raqués de l'histoire batèche
(extr. GASTON MIRON in "l'Homme rapaillé", Montréal, L'Hexagone, 1994)
- Quand les sonorités se font clairement entendre le poète peut se mettre en scène il dira alors qu'il fait de la "Poésie Sonore"
Exemple (visionnage vivement recommandé, à nous autres, les indifférents)
- le poète a aussi le don de combiner les rythmes ,
Il connaît l'ARYTHMIE.
Exemple : Mes pieds. Merde. Quel système. Attendre l'arrêt. Ah !
Ne lâche pas son classique enfantin : ÂNONNEMENT.
Un jjourrr surrr la pppl-a-tee-fforrmmm a-a-arri-ière dd'un a-au-autobusss...
Il sait pratiquer la RHINOLALIE OUVERTE c'est à dire que le voile de son palais (et ce n'est pas une métaphore, quoique...) est rabaissé quand il devrait être levé. Chapeau haut de forme, pour qui l'observe le poéte jauge la chose à la mesure de son esprit :
Exemple : "Guel chabeau ridigule !"
Il peut autant pratiquer la RHINOLALIE FERMEE
Quelle heure est-il?
--- Bidi et debie.
- Le poète sait pour notre plaisir également évoquer des images:
Exemple :
Sur une branche morte
Repose un corbeau:
Soir d'automne!
BASHÔ : Haïku (traduction Karl Petit)
- Le poète est aussi formidablement doué pour suggérer des sensations, des émotions.
A noter que notre exemple ici présente un cas particulier de poète en jupon (ou jupette), dans ce cas afin de bien marquer la différence entre le poète en pantalon bouffant ou en string moule-machins, ou pouêt pitre, en salopette, bien que souvent un poète qui se respecte honnira le port de la salopette, trop peu solennelle en cas de lecture publique, le poète peut-être en robe de bure grave christique, pour le poète ecclésiastique ou en robe de chambre pour amuser les pommes de terre, pourquoi pas en robe du soir nouveau le poète transgenre ? Hé oui, tout est permis au poète sinon c'est pas un "vrai" poète enfin, pour désigner le poète en jupon on utilisera le terme très émouvant de poétasse poétesse.
Exemple :
Tu es, tout seul, tout mon mal et mon bien;
Avec toi tout, et sans toi je n'ai rien;
Et, n'ayant rien qui plaise à ma pensée,
De tout plaisir me trouve délaissée,
Et, pour plaisir, ennui saisir me vient,
Le regretter et pleurer me convient,
Et sur ce point entre en tel déconfort
Que mille fois je souhaite la mort.
Ainsi, ami, ton absence lointaine
Depuis deux mois me tient en cette peine,
Ne vivant pas, mais mourant d'un amour
Lequel m'occit dix mille fois le jour.
Reviens donc tôt, si tu as quelque envie
De me revoir encore un coup en vie.
Extr. LOUISE LABE in "Élégie II" dans Anthologie poétique française, XVIe siècle 1, Paris, Garnier-Flammarion, 1965.
- Il faut savoir que les poètes si nombreux soient ils, ont bien chacun leur genre.
Bien sûr, nous ne pourrons pas aborder tous ces genres en un seul billet mais nous y reviendrons, un certain joursans doute peut-être. (Je n'ai plus de connexion, le courrier est en rade, mes excuses aux lecteurs si je ne peux plus tenir mes promesses) donc pour patience abordons parmi ces genres classiques, le genre poème lyrique :
Exemple :
Je compose en esprit, sous les myrtes, Orphée
L'admirable!... Le feu, des cirques purs descend;
Il change le mont chauve en auguste trophée
D'où s'exhale d'un dieu l'acte retentissant.
- D'autres sont de style courtois (attention, digression !)
Qui dit courtois dit bien souvent que le poète cherche sa muse, ou son chat, (mais quand c'est son chat le poète sait alors redevenir comme vous et moi, un homme entre tous d'une prodigieuse simplicité et on le remerciera de rendre cela mémorable) mais un poète qui cherche son chat n'étant pas forcément un poète courtois il faudra préciser que celui qui cherche sa muse l'est toujours, qu'il la possède ou ne la trouve jamais au moins se différencie-t-il de l'homme ordinaire par ses super-pouvoirs imaginaire, tant et si bien qu'il finira par l'engendrer, sa muse, (c'est une image, bien sûr) à ce propos, prudence ! j'ouvre une innocente parenthèse pour ceux qui ne s'y connaissent pas plus en poètes que je m'y connais en moteur de voitures. warning ! le poète, peut à tout moment prendre ses aises et vous mentir en ayant l'air de dire la vérité, lisez plutôt:
J'aime Gala plus que ma mère, plus que mon père, plus que Picasso et même plus que l'argent
(S. DALI)
Dans ce cas, c'est peut-être vrai, ou faux, équivalent qu'importe, sachons que le poète a été mis au monde pour dire haut et fort et dénoncer avec éloquence toute les médiocrités humaines, rendons grâce au poète dont l'éloquence (ce qu'il faut retenir) a goût de rendre justice, dénoncera tous nos bas instincts, on le croira mais croire Dali "plus que l'argent", ça inspire certaines "méditations poétiques", pourquoi pas ? Et on serait bien bête de ne pas se laisser charmer par les mondes flottants de ce cher Phonce de Lam, (j'emprunte le sobriquet à au seul pouête grosnien connu ici, toujours ami, merci à lui !) car par les temps qui courent, une ombre de vieux chêne ça ne se refuse pas. (Un diable d'enchaînement) :
Souvent sur la montagne, à l’ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m’assieds ;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.
Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes ;
Il serpente, et s’enfonce en un lointain obscur ;
Là le lac immobile étend ses eaux dormantes
Où l’étoile du soir se lève dans l’azur.
Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
Le crépuscule encor jette un dernier rayon ;
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, et blanchit déjà les bords de l’horizon.
Cependant, s’élançant de la flèche gothique,
Un son religieux se répand dans les airs ;
Le voyageur s’arrête, et la cloche rustique
Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.
Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
N’éprouve devant eux ni charme ni transports ;
Je contemple la terre ainsi qu’une ombre errante :
Le soleil des vivants n’échauffe plus les morts.
De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à l’aquilon, de l’aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l’immense étendue,
Et je dis : Nulle part le bonheur ne m’attend.
Après ce trop court moment de grâce, pour en revenir à nos oiseaux je précise pour les moins de vingt ans qui liraient ce blog que "Gala" n'est pas ce magazine des princes et des princesse mais la brune dame que Salvador Dali (alias Avida Dollars) avait piqué à Paul Eluard, (alias Eugène Emile Paul Grindel) et là ce n'est pas un anagramme mais nous constatons contre toute attente, que le poète peut être un brin goujat comme les gens ordinaires, or, qu'il soit menteur ou goujat, contrairement aux gens ordinaires il faut savoir tout pardonner au poète car s'il mène parfois une vie de barreaux de chaise, (pas tous, il existe des poètes aux moeurs très convenables), ce sera toujours pour vous céder le testament, (non pas celui des barreaux de chaise), regardez !
http://www.youtube.com/watch?v=-Vlkypk36qQ
A propos de la dame, Paul Eluard épousa Gala en 1917 comme chacun sait, mais le remariage de Gala avec Dali et de Eluard avec Nusch, ne dégrada pas la ferveur d'une belle correspondance entre Gala et Paul Eluard, qui dura au delà de leur séparation (en 1929 jusqu'en 1948) quatre ans avant la mort d'Eluard. Le témoignage de cette relation épistolaire se retrouve encore dans un livre étonnant qui s'intitule "Lettres à Gala".
Tout ça pour se retrouver (on ne sait pas trop comment) au Moyen-Âge et vous citer un exemple de poésie courtoise ce qui n'a strictement rien à voir avec les surréalistes mais les poètes forment une grande famille, ils n'ont qu'une terre de reconnaissance - par delà les frontières du temps qu'ils savent abolir (et hop ! voyez comme on danse !).
Ainsi, par l'exemple à venir nous n'hésiterons pas à enfourcher chevaucher la machine à remonter le temps, (en poésie, l'impossible n'est plus un problème) pour vous proposer une poésie qui est un roman en fait, mais en vers, sacreblou ! ça ressemble à s'y méprendre à de la poésie courtoise)
Ele fu longue et gresle et droite.
De moi desarmer fu adroite;
Qu'ele le fist et bien et bel.
Puis m'afubla un cort mantel,
Ver d'escarlate peonace,
Et tuit nos guerpirent la place,
Que avuec moi ne avuec li
Ne remest nus, ce m'abeli;
Que plus n'i queroie veoir.
Et ele me mena seoir
El plus bel praelet del monde
Clos de bas mur a la reonde.
La la trovai si afeitiee,
Si bien parlant et anseigniee,
De tel sanblant et de tel estre,
Que mout m'i delitoit a estre,
245 Ne ja mes por nul estovoir
Ne m'an queïsse removoir.
Mes tant me fist la nuit de guerre
Li vavassors, qu'il me vint querre,
Quant de soper fu tans et ore.
N'i poi plus feire de demore,
Si fis lues son comandemant.
Del soper vos dirai briemant,
Qu'il fu del tot a ma devise,
Des que devant moi fu assise
La pucele qui s'i assist.
IVAIN (ou yvain) cité dans Auerbach
- Autre style du poète sorti d'une trempe vieille comme le monde : Le poète courageux qui n'hésitera pas à se lancer dans la poésie épique, évoquant des événements historiques mêlés généralement à des légendes ou des héros sont magnifiés. Il s’agit en réalité d’accorder à un fait ou à un héros une grandeur, une dimension quasi surnaturelle. Sur ce coup du poème épique, entre nous, j'ai la flemme, mais je vous renverrai à ce qu'en dit Melle Chardon, poétesse au club-poésie de la Scala de Vaise, je cite :
Il ne faut pas confondre la poésie épique avec la poésie qui pique [...]
http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2010/03/29/menage-de-printemps.html
[...] Ni avec le Merlin du picnik" :
http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/10/29/30...
Bon. C'est pas bien malin. J'en suis presque gênée pour cette pauvre Melle Chardon et moi-même. Enfin, pour terminer par delà soucis et controverses. Il y a tout de même une petite ombre au tableau, le destin du poète ne figurant dans aucun programme d'aucun candidat pour cette présidentielle, les arts en général paraissant de tous bords ignorés (sans jouer les martyrs), on est en droit de se demander avec quoi le poète il va pouvoir becqueter, surtout quand on voit le nombre de poètes obligés de vendre de la barbapapa à la vogue, bien qu'il n'y ait pas de sots métiers, il est grand temps d'anticiper : qu'est ce qu'on va faire de nos poètes ? Est ce qu'on les garde ? (Pour s'occuper des femmes en cas de guerre). Est ce qu'on les recycle ? (Pour animer des soirées dans des chateaux par exemple... ). Là, j'interroge nos politiques, "c'est une question de vie". (Sûr qu'ils vont prendre en compte !). Et je joins au lecteur adoré deux liens facultatifs. Rien que dans l'objectif.
http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/10/30/po...
http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/10/30/co...
La prochaine fois, je ne sais quand, je vous parlerai du poète dramatique, du poète spatialiste, du poète maudit, des oulipiens, des poètes lettristes, puis, si on a le temps de l'héritage des peintres... ?
Photo : Parortit sed topètes ua bani uo toiser ud trempins des opètes, sènec rera, gratiophophée nu sori à l'erheu ed l'épifitra, au Parc de la tête d'Or à Lyon.
© Frb 2012.
samedi, 10 mars 2012
Des fourmis plein la tête (part 4)
A propos de quelques questions recueillies au hasard dans les livres et dans les magazines. La suite...
Pour accéder aux séries précédentes, il suffit de cliquer sur l'image
Les jeux sont ils faits ? 1 milliard est égal a combien de milliers ? Qu'est-ce qu'un instant décisif ? Le bicarbonate de soude peut-il remplacer un bon dentifrice ? Avez-vous eu une enfance normale ? Le philosophe pense t-il lorsqu'il descend les poubelles ? Madame Bovary est ce vous ou moi ? Croyez-vous à la métempsychose ? La mélatonine supprime-t-elle le décalage horaire ? Les extraterrestres sont ils parmi nous ? Où se se situe l'ailleurs d'où l'on ne peut s'enfuir ? Comment la pensée va-t-elle se contraindre à ne pas pouvoir rester indemne à l'indifférence qu'elle risque de susciter ? Est ce qu'il y a un ailleurs ? Un jeune qui tue ses parents est-il fou ? Faut-il bloquer les prix, voir les encadrer ? Qui est luc Brossolet ? Dois je me laver les mains avant de toucher mes yeux ? En quoi la ghréline est elle l'antagoniste de la leptine ? Ai-je mérité mon sort ? Ou vont les fleuves ? Vivons nous pour comprendre ? La percussion est-elle forcément musicale ? Qu'est ce qu'un mécanisme de solidarité à distance ? Qui a peint le plafond de l'opéra de Paris ? Tromper son mari est-il bon pour le moral ? Comment dépasser l'art ? A quel moment doit-on cesser d'aider quelqu'un ? Peut-on tabler sur des valeurs sûres ? Pourquoi cette palabre sur la structure ? Combien d'argent dépense-ton en une vie pour son confort ? Quelle est la difference entre les termes de "race" ou "d'espèce" ? Qu'est ce que la chromatographie sur couche mince ? Que faire quand on traverse une mauvaise passe ? Vous sentez-vous trahis par François Hollande ? La contraception masculine, on en est où ? Quelle est la différence entre "la variation" et "la variation infinitésimale" d'une quantité de chaleur ? Comment me procurer la liste de tous les produits agricoles qui existent ? Que serait l'homme sans l'angoisse ? Comment factoriser 2a+2b-2c ? Faut-il éplucher les coings pour faire une bonne gelée ? Sur quel tableau de Dali peut-on voir Lénine ? Est-il possible de suivre la cinétique des acides gras volatiles dans une fève de cacao ? Qui travaillerait pour rien ? Dans quelle ville se trouve l'Ermitage ? Le syringa est-il une fleur ? Et si les banquiers faisaient la sourde oreille ? Pourquoi les autres occuperaient-ils une plus grande place dans notre coeur que dans notre budget ? A partir de quand vous êtes vous aperçu que votre femme vous trompait ? Qu'est ce qui est impossible au poète ? Quel vin boire avec un magret ? Pour ou contre les maisons closes ? Comment peut-il en être ainsi ? Comment peindre le bleu ? Quel est le rapport (vu sous l'angle du processus) entre l'hypnose et la méditation ? Quel préfixe indique-til la privation ? Le lynx est il un animal protégé ? Qu'est ce qu'un mentat ? Comment dois-je m'y prendre pour fabriquer des fringues avec des sacs papiers ? Ecrit-on "s'en sonner" ou "sans sonnets" ? Comment passer d'une formule topologique, à une formule semi-développée ? Pourquoi n'y a -t-il pas de "e" à la fin de "en aparté" ? Si un siamois meurt est ce que son frère siamois meurt aussi ? Qui décide des abréviations ? Sommes nous enfin entrés dans la campagne présidentielle ? L'enthousiasme est-il suffisant ? Qu'est ce que la mystagogie ? Pardon ?
Photo : Métamorphose du castor, qui s'est déguisé en cravate de Gilbert Bécaud, à l'envers (pas Gilbert Bécaud, les pois de la cravate) pour passer inaperçu, le lecteur plein de sagacité l'aura deviné, enfin bref, ceci n'est pas une fourmi, ni une pipe qui revient du ski, quoique de loin... lézardant - on ne se refuse rien - sur une sorte de plaque ornementale, à peu près ras les pâquerettes (des milliers, bien sûr, à venir, que nous cultivons avec soin, hors champ). Ce street-art est peut-être en pochoir, n'est ce pas ? Et je remercie l'artiste au passage, d'avoir remis ça un petit peu partout dans la ville. J'ai photographié la bestiole, place du Maréchal Liautey, dans les quartiers chics à Lyon (6em arrondissement) près de la mythologique "Forêt Morand. Mythologique ? Non. Par respect pour Monsieur Marcel Rivière, j'écrirai "photographié près de la mythique". Ne soillons point tout trop cuidants.
© Frb 2012.
mercredi, 07 mars 2012
Le temps des gueux
"Il fait un froid de gueux"
CARLA BRUNI-SARKOZY, phrase rapportée par le Nouvel Observateur + une pépite encore (hiver 2012)
Nota : Si vous remarquez quelques incohérences entre la date de parution du nouvel Obs et notre jour de Février c'est bien normal, pour vous livrer l'information avant tout le monde nous avons dû personnaliser un peu notre calendrier. Ce qui s'appelle en d'autres mondes, le "mentir-vrai. En revanche, vous constaterez que nos images sont réalisées sans trucages. La situation est la même partout, que ce soit à Lyon, cours Vitton, quartier naguère prestigieux (photo 1), à Cannes, sur la Croisette, (photo 2), à Paris, face au Fouquet's (photo 3), à Deauville, pas loin du casino (photo 4) à Marne la Vallée, à 300 mètres d'Eurodisney (photo 5), à Lyon-Vaise devant la rutilante médiathèque (photo 6), ou à la sortie du super U de Courchevel (photo 7), les gueux envahissent nos villes et nos campagnes avec un toupet qui se pose là. Mais le plus inquiétant, nous vient d'une études très sérieuse faite par la commission des savants mandatés (et chers payés) par l'IEECJ (institut d'expertises et d'évaluations de certains jours) qui a prouvé que non seulement les gueux attirent le froid mais qu'ils en sont les principaux responsables. Les conséquences, on ne peut plus les cacher. Elles vous seront révélées, veuille ou veuille pas, après ce que vous savez. En attendant je confie le soin aux lecteurs de tirer les conclusions qui s'imposent, et de se poser la question : doit-on laisser en toute impunité les gueux prendre leurs aises aux vues de tous ? Quand on voit que certains ramènent le froid par cartons entiers, (cf. photo 1) pour organiser, semble-t-il, une fois encore, entre eux, on ne sait quel trafic de sacs frauduleux, on est droit de se demander si par leur faute, il n'y aura pas de la neige tout l'été...
En attendant, remercions l'ingénuité de notre savoureuse première dame de France, qui étant troubadour d'origine, s'exprime dans une langue moyenâgeuse à ravir. Une invitation à ressortir nos Barthes, (non, ce ne sont pas des baskets) que dis-je ! notre Roland Barthes ! unique, inimitable, qui n'est pas auteur médiéval souvenez vous, quand il écrivait : "Je vois le langage", en considérant cette condition de voyeur comme une maladie. Enfin, bon, heureusement, chacun sait que là où s'arrête le langage, tout finit par des chansons, (des cerises, et puis des roses, au diable ! le bas de laine !), mais faudra pas confondre la langue spécifique à chacun, avec le langage qui est une généralisation à l'homme, (c'est de Lacan) après quoi, on se tiendra peut-être mieux droit sur dans nos bottes, tout ça pour dire, (ce qui n'a pas grand rapport) que le cynisme moderne ne se raccordera en rien avec l'ancien, nevermore... Nul ne l'ignore, bien sûr, après cinq ans de... Non, rien.
Ligne de fuite (100% médiévale datant de 1876 grosso-modo) :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57802151/f9.image.swf
Photo : nous, les gueux, et nos sacs de légumes, photographiés un peu partout, durant le rude hiver.
© Frasby 2012
mardi, 06 mars 2012
Ponctualité
Début du printemps,
Je mets ma pendule à l'heure.
Maintenant qu'on a l'éternité, on peut toujours rêver, avec Raoul :
Nous sommes dans le monde et en nous-mêmes au croisement de deux civilisations. L’une achève de se ruiner en stérilisant l’univers sous son ombre glacée, l’autre découvre aux premières lueurs d’une vie qui renaît l’homme nouveau, sensible, vivant et créateur, frêle rameau d’une évolution où l’homme économique n’est plus désormais qu’une branche morte.
Raoul VANEIGHEM in "L'ère des créateurs".
On peut aussi croquer quelques livres d'esprit libre du même auteur, lus et approuvés par la maison (ci-dessous):
http://nouvellerevuemoderne.free.fr/eredescreateurs.htm
On peut encore s'instruire avec Georges un ami de Georges tous deux amis de Georges et de Robert et plus haut, de Roger:
Maintenant, le mouvement de l’horloge donne la cadence aux vies humaines : les humains sont asservis à la conception du temps qu’ils ont eux mêmes produite et sont maintenus dans la peur, comme Frankenstein par son propre monstre. Dans une société saine et libre, une telle domination arbitraire de la fonction humaine par l’horloge ou la machine serait hors de question. Le temps mécanique serait relégué dans sa vraie fonction de moyen de référence et de coordination, et les hommes et les femmes reviendraient à une vision équilibrée de la vie qui ne serait plus dominée par le culte de l’horloge.
Georges WOODCOCK in "War commentary - For anarchism", mars 1944.
Et comme le sujet ne pouvait ignorer ce texte, petit bonus de lecture encore signé Georges Woodcock, "La tyrannie de l'horloge", je vous joins son petit lien salutaire :
http://infokiosques.net/lire.php?id_article=632
Voilà, mes amis, de quoi occuper les prochains jours en belles lectures puisqu'on annonce la pluie, et qu'on ne pourra pas se donner rendez-vous sous l'horloge à point d'heures (sniff, sniff)...
Photo : Le lyonnais, bon marcheur, amoureux de sa ville, et peut-être les autres, reconnaîtront sans doute l'horloge de la rue Grenette située en Presqu'île entre Rhône et Saône. L'instant pur, rare décrochage d'une ville entière et pourquoi pas de ses habitants ? Ou une métamorphose d'un genre éternel ? Un temps sans temps répondra le génie des oisifs qui vit sur son nuage qu'on ne voit jamais et qui sait tout. Hélas, j'émettrai un regret (très personnel, of et hors course) c'est que l'horloge de la rue Grenette ne présente pas son programme aux élections présidentielles 2012, "arrêter le temps", (et là je suis sûre d'avoir raison), ça paraissait pourtant le seul projet enfin sensé pour le pays et surtout le plus émouvant entre tous, afin d'en finir avec les grosses promesses rébarbatives et les formes comptables si peu romantiques.
© Frb 2012.
vendredi, 02 mars 2012
Impression de voyage
Nous vivons bien à l'aise, chacun dans son absurdité, comme poissons dans l'eau, et nous ne percevons jamais que par un accident tout ce que contient de stupidités l'existence d'une personne raisonnable. Nous ne pensons jamais que ce que nous pensons nous cache ce que nous sommes.
PAUL VALERY : extr. "Monsieur Teste", L'imaginaire/ Gallimard 1946.
Comme s'il fallait toujours s'éloigner de ce qui fût trop proche, comme s'il fallait ne se fier qu'à la captation d'un mouvement qui prend de la vitesse, pour s'imaginer autre, le mouvement devenu l'unique réalité étrangement saisissable, portant au plus haut point la curiosité et la capacité d'attention, abolirait progressivement les dimensions de l'existence personnelle, effaçant les événements à mesure que la mémoire s'appliquerait à les convoquer. Du moins, est-ce un souhait trop difficile à énoncer, tant il paraît aussi léger qu'un rêve. Un état où il serait en même temps possible d'accepter la destruction de sa propre histoire, et l'idée de n'en rien rejeter, se relier à l'inconcevable détachement né d'un attachement véritable autant qu'il deviendrait possible de regarder sans fureur les déflagrations qui ont entaché ce souvenir. Infiltrer en soi le présent plus entier qu'au coeur d'aucune autre conversation, bercé par le coton des voyages, entre une destination épuisée et le point d'ancrage encore vierge où l'on irait sans doute, tôt ou tard, s'attacher de la même façon qu'hier. On s'attacherait ailleurs, quoiqu'on dise, on recommence presque toujours la même histoire en tous lieux. Mais dans l'improbable lieu qui raccorde et répare, dans ce mouvement de dépossession lente, livré aux grincements étouffés, roulements rondement crissés des mécaniques, délivré de n'être à aucune place pour personne, on verrait un début de réconciliation exister entre-deux, rendu à l'anonymat idéal, parmi des issues entrevues, on se surprendrait approuvant le cours des évènements, et le voyage allégé des raisons même qui faisaient voyager pourrait enfin prendre son sens dans une parfaite vacuité, délesté du sang des regrets, des ressassements désastreux de l'intimité. A présent, on approuve, sans mesurer les heures, porté, lâché, plus présent que jamais et déjà hors-sujet.
Photo : mouvement du 952861184 saisi entre deux gares.
© Frb 2012.
04:21 Publié dans Art contemporain sauvage, Arts visuels, Balades, De la musique avant toute chose, De visu, Impromptus, Mémoire collective, Transports | Lien permanent
jeudi, 01 mars 2012
Le temps des jeux
Plus on médite un sujet, plus il s’étend ; on trouve que c’est l’histoire de tout ce qu’on a dans la tête et de tout ce qui y manque : et cela sert d’autant mieux que les idées et les connaissances y sont plus liées ; il part tant de branches, et ces branches vont s’entrelacer à tant d’autres qui appartiennent à des sciences et à des arts divers, qu’il semble que pour parler pertinemment d’une aiguille, il faudrait posséder la science universelle. Qu’est-ce que c’est qu’une bonne aiguille ? Dieu le sait. Le découragement et le dégoût nous prennent, et dans l’impossibilité de tout dire, car il faudrait tout savoir, on se tait ; parti dont la paresse naturelle s’accommode fort bien.
DENIS DIDEROT : "Sur la diversité de nos jugements", extr. "Oeuvres complètes", édition Assézat, IV.
Photo : Les pieds dans l'eau, un peu de paix au coeur du monde, en état de grâce hors saison, saisi d'un pont sur les berges du Rhône.
© Lyon, frb 2012
jeudi, 16 février 2012
Ici c'est ici
Offerte à la nuit qui de toutes parts déborde et envahit le jour lui même à cette nuit qui nous dessine et nous allonge ici toute chose se tient debout sur son ombre entre un envol toujours futur toujours déçu et la chute vertigineuse ici c'est ici
que les solitaires qui se cherchent les peuples déchirés les astres volants en éclats se rejoignent et se passent le mot sans le comprendre ici sur le seuil de ce temple au fronton écroulé autrefois résonnant de conseils aujourd'hui plus éloquent encore d'être muet nous savons qu'il n'y a rien à connaître sinon l'enchaînement fatal des questions lancées à tous les murs d'où ne revient que leur écho et que tout est à redouter des ruses de l'espace car ce triomphe à l'horizon étincellant ce gage l'espérance enfoui dès l'origine au fond de notre espèce n'est plus qu'un vaste oubli d'or et de feu où les poussières de la vie et de la mort pareilles aux nombres-tourbillons dans le creuset des machines géantes ont enfin démasqué cet ordre illusoire ce séjour inutile et superbe sans raison condamné à retourner toujours et toujours sur lui-même cendre et brasier fuite et fureur comme une phrase ressassée.
JEAN TARDIEU, "Ici, c'est ici" in "Le voyage sans retour", extr de "Les tours de Trébizonde", éditions Gallimard 1983.
Les portes ont -elles une âme ? Pour le savoir il suffit de cliquer ci-dessous :
http://www.ina.fr/fresques/artsonores/liste/recherche/lie...
Photo : Ceci n'est pas une porte-fenêtre. Quoique... Photographiée par Paul, là bas, plus loin / - ça paraît loin, soeur Anne ! / - mais pas plus loin qu'ici, mon enfant ! / - alors loin c'est ici ? qu'on demande / - bof bof, j'y sais ni trop ! qu'a nous fait / - eh ben, moi, j'insiste pour que les portes soient fermées, chaque pièce, doit avoir son usage propre, délimité. Ma topique subjective est la fois celle des fenêtres ouvertes et de la chambre à soi et toc !" qu'il rajoute, Jean-Bertrand sitôt virtualisé, sitôt transformé en Jean Baptiste par la plume assurée des gougueuilles (et la cnaf perturbateur since 1789) qui osent toutes les métamorphoses auxquelles on croit dur comme fer comme à rien.
© paul / frasby 2012.
00:40 Publié dans A tribute to, Art contemporain sauvage, Arts visuels, Balades, De la musique avant toute chose, De visu, Le vieux Monde, Mémoire collective | Lien permanent
dimanche, 01 janvier 2012
Deux mil douzement (mais sûrement)
Aux premières heures du jour si on enlève les mots, puis on si on enlève peu à peu ce qu'il y a autour, à supposer qu'on regarde, oui, qu'on regarde bien en dehors, je veux dire en dehors de soi, on n'en aura pas vu deux mil, mais, juste à notre portée, disons, après des calculs compliqués, on en a choisi douze (douze quoi ? Chuuut ! un peu de patience, voyons !). Alors ça sera, mettons comme douze voeux à distiller au fil du temps et si nous survivons ce sera plus partagé que toutes les bonnes résolutions le même jour, dont on sait d'expérience qu'elles durent peu (c'est de Montaigne). Au jour le jour, les grands et petits voeux reviendront pour un an plus neufs que le sou voilé dans les roues de l'infortune par les menaces des tout puissants. Oui mais voilà, La roue tourne et puis la route aussi, (a dit Popeye, le marin devant un tonneau d'épinards, c'est pas malin, je suis bien d'accord avec vous), tout ça pour annoncer qu'il n'y aura pas de récession au programme en nos lieux, plus que jamais reliés à d'autres perspectives, pour nos jeux sans un rond c'est plutôt l'abondance et comme nous n'avons pas les moyens de vous offrir Elisabeth Teissier, afin de vous annoncer tout ce qui va arriver en cette future année, (qui s'enfuit déjà, pas Elisabeth Teissier ! l'année !), voici un résumé extra lucide de ce qui nous pend au nez à tous sans exception, enfin, un peu d'égalité, avec les bons adages offerts par certains jours, pourvu que tout finisse par des chansons. Je remercie les lecteurs qui durant cette précédente (année) ont partagé les humeurs plus ou moins régulières de notre petit éphéméride. Je passerai mes bons voeux via les pluies de Vendeix, ou le soleil de St Amant, (prions pour lui) car le timbre amoureux se trouve être plus tendre, à nos yeux que l'encre noire sur blanc. Belle année, mes amis, au lieu d'être contre tout, soyons pour ce qui nous plaît avec des brosses d'amour pour les hirsutes comme dirait Paul Eluard, (alias Eugène grain d'ailes) en reprenant quelques libertés dont on pourrait (parfois) se sentir (trop) privé, (quoique pas totalement), avec ce "pas totalement", on devrait peut-être y arriver "douzement"... Soyons, soyons... Et je glisse le calendrier dans votre botte de sept lieues, pour tout l'usage qui vous plaira.
JANVIER : "prends garde à la Sainte Martine, l'hiver se mutine".
FEVRIER : "le douze février, si le soleil est clair, ce sera encore quarante jours d'hiver."
MARS : "A la mi Mars le coucou se cache dans les épinards".
AVRIL : "Pâques pluvieux, Saint Jean farineux."
MAI : "Pluie de Sainte Pétronille, quarante jours trempe ta guenille."
JUIN : "Pour la Saint Antoine (de Padoue), les jours croissent comme la barbe d'un moine." (ou d'un Hozan)
JUILLET : "Avec Sainte Procule arrive la canicule."
AOÛT : "A la Sainte Radegonde, quand l'eau abonde, la misère est dans le monde."
SEPTEMBRE : "A la Saint Firmin, l'hiver est en chemin."
OCTOBRE : "Vilaine veille de Toussaint ne présage rien de bien."
NOVEMBRE : "A la Sainte Delphine, mets ton manteau à pélerine."
DECEMBRE : "Quand Noël se trouve être un dimanche, les ennuis de l'hiver viendront en avalanche."
Photos : Ritournelle, ou la ronde des saisons à relire ci dessous :
http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2010/04/27/tr...
Saisie entre les mois de Janvier et Décembre au cours de cette année 2012, he oui ! il y en aura d'autres, des mois, et des années dans cette année. C'est même la grande nouveauté (ô douce !), mais on ne va pas se mentir ni tout se raconter, sinon adieu surprises ! et sans surprises, bonjour tristesse ! (c'est de La Palisse).
Je remercie monsieur Herbert-Georges Wells, (on ne peut rien refuser à un Georges, surtout pas à un Georges à moustaches) ; Wells donc, m'a gracieusement prêté sa formidable machine à explorer le temps (j'ai beaucoup aimé), et je dédie ce billet à mon grand ami Herr Zack Einstein (le frère caché de Georges Albert), qui m'a envoyé un émissaire-facteur de sa planète à lui, pour enfin me permettre de remonter les sons à la vitesse de votre lumière (- ah bon ?), oui, je promets ! mais ceci est une autre histoire que je vous raconterai, (peut-être) un certain jour, au risque de perdre toute crédibilité, il faut vivre dangereusement, sinon ce n'est pas vivre, n'est-ce pas ? Voeux doux, toujours debout avec des cadeaux parmilliés. Promesses... !
© Paul, frasby, raidi pour, (photomix) 2012
dimanche, 25 décembre 2011
Les petits oiseaux aiment lire au nid (et pas que lire...)
L'envie de devenir source d'événements agit sur chacun comme un désordre mental ou comme une malédiction voulue. La société, - un enfer de sauveurs ! Ce qu'y cherchait Diogène avec sa lanterne, c'était un indifférent...
[...] Toute foi exerce une forme de terreur, d'autant plus effroyable que les "purs" en sont les agents. On se méfie des finauds, des fripons, des farceurs ; pourtant on ne saurait leur imputer aucune des grandes convulsions de l'histoire ; ne croyant en rien, ils ne fouillent pas vos cœurs, ni vos arrières-pensées, ils vous abandonnent à votre nonchalance, à votre désespoir ou à votre inutilité ; l'humanité leur doit le peu de moments de prospérité qu'elle connut : ce sont eux qui sauvent les peuples que les fanatiques torturent et que les "idéalistes" ruinent.
E.M. CIORAN : "Précis de décomposition", éditions Gallimard 1948.
Lien ou éclairage pas utile mais peut-être à propos:
http://stylistique-anglaise.org/document.php?id=150
Photo : Fauvette pitchou (sans sa houpette), assise sur un tonneau regardant passer les bateaux (temps trop froid pour manger les glaces à l'eau). Photographiée sur les remparts bordant les quais de Saône à Lyon. (Photo du nid dans la centrifugeuse rurale de Paul, à venir un certain jour, peut-être...),
Remerciements à raidi pour, ses fines connaissances en ornithologie (du grec ancien ορνις [ornis], "oiseau" et λόγος [logos], "connaissance") et hommage aux 126 ans de ce cher Vermot (source de calembours indémodables).
© frasby, Décembre 2011.
mercredi, 14 décembre 2011
Aventure
Voici la troisième version d'une œuvre qui m'habite depuis près de quinze ans et dont la réalisation finale m'a demandé plus de deux années. Version profondément modifiée dont la durée est presque doublée par rapport aux versions précédentes.
FRANCIS DHOMONT : extr. de l'éclairage par l'auteur d'une composition acousmatique intitulée "Forêt profonde".
En cliquant sur l'image, vous entrerez dans l'univers sonore de Francis Dhomont pour écouter l'oeuvre "Forêt profonde".
La suite de l'éclairage :
Entreprise treize ans après "Sous le regard d'un soleil noir", "Forêt profonde", s'inspire, elle aussi, d'une réflexion psychanalytique, C'est une lecture adulte de contes pour enfants qui se balance entre le souvenir des émerveillements naïfs du compositeur et la découverte de leurs mécanismes secrets.
Peut-être cette hésitation entre deux âges présente-t-elle le risque de ne s'adresser ni à l'un, ni à l'autre ? Mais il se peut néanmoins que l'intuition magique de l'enfance, qui en nous ne dort jamais que d'un œil, rappelle des révélations enfouies et que l'esprit rationnel prenne plaisir à déchiffrer, sous le contenu manifeste de cet inconscient universel, la logique de son contenu latent.
Il s'agit d'une écoute à trois niveaux — romanesque, symbolique, musical — plus déconcertante, sans doute, mais plus active que l'écoute unidimensionnelle.
La trajectoire humaine de Bruno Bettelheim, dont la réflexion est à l'origine de ce parcours étoilé interfère, pour des raisons évidentes, avec ces histoires de jadis qui nous questionnent encore sur notre époque.
Dans la "forêt profonde" de Francis Dhomont : cette visite guidée de l'âme enfantine n'est, à vrai dire, qu'un retour au monde initiatique — à la fois cruel et rassurant — des contes de fées. Ci dessous un extrait lumineux écrit par Bruno Bettelheim.
cf. "La psychanalyse des contes de fées" : (Extrait)
Tout conte de fées est un miroir magique qui reflète certains aspects de notre univers intérieur et des démarches qu'exige notre passage de l'immaturité à la maturité. Pour ceux qui se plongent dans ce que le conte de fées a à communiquer, il devient un lac paisible qui semble d'abord refléter notre image ; mais derrière cette image, nous découvrons bientôt le tumulte intérieur de notre esprit, sa profondeur et la manière de nous mettre en paix avec lui et le monde extérieur, ce qui nous récompense de nos efforts.
Remerciements à Francis Dhomont, au site Arts sonores et à l'INA.
Bonus à lire : ICI
Source-liens : by Paul avec l'oreille bienveillante de Raidi pour.
Photo : by frasby, Loin des regards, une forêt.
© P /Frb/ Rp 2011.