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dimanche, 14 août 2011

Ronde des immortels

Et d'un coup, nous voici jetés dans les nues en plein ciel. Les esprits soufflent et règnent partout. Ceci est la peinture des esprits.

VICTOR SEGALEN, extr. "Peintures magiques" in "Peintures", éditions Gallimard/ L'imaginaire, 1983.

forme ho oreillesF1969.JPGL'homme aux oreilles qui fument 

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Le pianiste endormi sur le dos du grand tamanoir.

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Le souffleur de Nimbostratus.

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La Jeune fille et le caniche à groin.

 

 

Sur cette dernière image je tiens particulièrement à remercier Fernand Chocapic qui a judicieusement remarqué qu'il ne s'agissait pas exactement d'une jeune fille avec un caniche à groin mais bien d'un lapin Duracell avec cymbale et salopette, il en a rapporté une preuve incontestable que vous pouvez encore contempler en cliquant ICI-MÊME. Toutes autres propositions seront accueillies avec bienveillance et seront ajoutées ici...

Photos :  Figures libres... Regarder tous ces personnages attise ma fascination. L'étranger n'est pas loin, il suffit de frôler chaque image pour trouver vos correspondances, c'est peut-être écrit dans le ciel furtivement mais vous n'êtes pas obligés de voir ce que j'ai vu...

© Frb 2011.

mercredi, 10 août 2011

La mort du héron

Sans légende, enfin si ...

la mort du heronnCF9101.jpg Grand chagrin aujourd'hui, je reviens de l'enterrement du héron, quelle tristesse ! le héron était notre ami, il faut croire qu'il était apprécié... Mais la vie continue, n'est-ce pas toujours ainsi ? Et pour vous mettre en appétit, (si j'ose dire), je vous invite à relire en image,une fable bien sympathique, de monsieur Jean de La Fontaine. En espérant qu'il n'est pas arrivé au héron, (comme on le raconte ici) le même accident qu'à la belette, (j'y reviendrais), une occasion pour moi (l'occasion faisant le héron) de vous faire découvrir une autre fable également sympathique celle-ci de Jean Vauquelin de la Frenaye, (né vers 1536 mort en 1607), un poète peu connu, qui fut successivement avocat du roi, lieutenant général, et président au bailliage de Caen. C'était un disciple de Pierre de Ronsard, Mais Vauquelin était sûrement plus chrétien que Ronsard. Il menait une vie rustique à la campagne, il aimait le chant du rossignol (ce qui est déjà courageux), les prairies, les forêts, mais pas seulement, il étudia les trouvères et les vieux chroniqueurs; il cultiva la muse pastorale avec un talent et une modestie qui rendra ses lecteurs indulgents, Jean Vauquelin, imitait les anciens (initiative moins heureuse quand il imitait les poèmes érotiques des grecs), mais encore pardonnable car jamais Jean Vauquelin n'eût la moindre ambition novatrice, ni l'envie de se prendre pour un grand poète. Il est l'auteur de "Foresteries" qui eurent peu de succès. Petit extrait :

Creuse antre, épais hallier, bois de haute fûtée,
Tu veois toujours d'ennui mon âme tourmentée :
Soit que chauve-souris sortent hors de leurs creus,
Soit qu'un astre du ciel, à mi-nuict, tombe en feus...

Puis il composa des "Idillies", (je cite Jean Vauquelin de la Frenaye)  :

[...] qui représentent et signifient des petites images ou gravures, en la semblance de celles qu’on grave aux lapis, aux gemmes et calcédoines pour servir quelquefois de cachet. Les miennes en la sorte, pleines d’amour enfantine, ne sont qu’imagettes et petites tablettes de fantaisies d’amour.

Le titre exact du premier livre :"Idillies et Pastoralles de l'amour de Phikmon et Philis. Par le sieur de la Fresnaie Vauquelin", compte 84 pièces. Le Titre du deuxième livre : "Idillies de l'Amour de divers Pasteurs. Par le sieur de la Fresnaie Vauquelin" ; en compte 89. On relèvera un contraste évident entre ces poésies légères de Vauquelin et les terribles événements dont il fût le témoin : cela est de tout temps le parti pris de certains artistes de distraire l'imagination, en se reportant vers un idéal rêveur et des univers innocents. C'est aussi pour Vauquelin le rôle qu'il s'est donné, de savoir émettre une chanson aux idéaux rustiques, des contes ou des fables pour endormir les enfants sans frayeur plutôt que de relater le spectacle des maux réels susceptibles de faire souffrir davantage les grands ou les petits. Extrait choisi de ces "idillies":

Vent plaisant, cjui d'aleine odorante
Embasmes l'air du basme de ces fleurs,
Pré joyeux, ou versèrent leurs pleurs
Le bon Damete et la belle Amai'ante :

Il rédigea également un "Art Poétique" d'un style un peu rude, mais qui reste parmi ses ouvrages, le plus souvent cité, et il composa des satires, ou plutôt des épîtres. A noter que Nicolas Vauquelin, Seigneur des Yveteaux qui était son fils aîné, (comme chacun sait) fût aussi poète libertin. Voilà pour le résumé très léger, ce qui ne ressucitera pas notre héron, loin s'en faut ! la belette et l'évocation de Jean Vauquelin de la Fresnaye pareront ce billet uniquement pour changer les idées des lecteurs et lectrices, que la mort du héron aura trop douloureusement affligés. Et comme la rumeur court au château que notre héron aurait péri dans un grenier à blé (parce qu'il voulait devenir aussi gourmand que la belette) ; "Le héron qui se prenait pour la belette" étant par ailleurs la seule fable que La Fontaine aura oublié de nous écrire (il l'a quand même composée on peut dire, à quelques bestioles près), je vous offre "La belette" tout court. Cette fable rédigée dans un style aussi charmant que désuet, est une oeuvre de... ? (Me voyez-vous venir avec mes gros sabots ?) eh oui ! Jean Vauquelin de la Frenaye ! restons simples. Approchez la sans crainte, la présence d'une belette dans votre ordinateur est à considérer d'une manière sereine et réfléchie, la belette est aussi votre amie.


La Belette

Il advint d'aventure un jour qu'une belette,
De faim, de pauvreté, gresle, maigre et défaite,
Passa par un pertuis dans un grenier à blé,
Ou sur un grand monceau de froment assemblé ,
Dont gloute elle mangea par si grande abondance,
Que comme un gros tambour s'enfla sa grosse pance.
Mais voulant repasser par le pertuis étroit,
Trop pleine elle fut prise en ce petit détroit.
Un compère le rat, lors lui dit : O commère,
Si tu veux ressortir, un long jeûne il faut faire;
Autrement par le trou tu ne repasseras,
Puis au danger des coups tu nous demeureras.

 

De la belette au héron, encore un petit pont, pour oublier le reste (du monde evidemment), et puisque tout finit par des chansons, je ne pouvais omettre de vous offrir celle-ci, qui rend un hommage triste et beau à la majesté des hérons.

 

 

Photo :  L'enterrement du héron (1896-2011). Couronnement et dernière demeure. Une oeuvre d'art contemporain sauvage, vue dans un cimetière roman, perdu entre forêts et vallons, presque au coeur du village boscomarien.

© Frb 2011

samedi, 06 août 2011

Où vont les fleurs ?

Je vous convie donc à voir seulement. Je vous prie de tout oublier à l'entour ; de ne rien espérer d'autre ; de ne regretter rien de plus.

VICTOR SEGALEN, extr. "Peintures", éditions gallimard, 1983.

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Doc Watson § David Grisman : "Summertime"
podcast

Photo : Où vont les fleurs ? Question.

Pigments et parfums naturels ou balade au jardin un matin d'été doux.

© Frb 2011.

mercredi, 03 août 2011

On rentre à la maison

 Si ma maison vous déplait vous cliquez sur l'image, et je vous en donne une autre.on rentre à la maison,architecture,la maison,les maisons,balade,bricolages,été,blog des champs,étrangeté,rêverie,pârurages,de bric et de broc,nonchalance,détachement,chronique boscomarienne,tout venant,art contemporain rural

 

 

Quelques liens ou variations sur thème :

Le mode d'emploi de ma maison (enfin presque):

http://www.poeteferrailleur.com/videoermite.htm

Moyens Dubord, le plastique  écolo c'est fantastique:

http://www.youtube.com/watch?v=Zw2AE-uapd8&feature=related

A visionner, des projets ambitieux, (disons plus ambitieux):

http://www.spi0n.com/art-technique/des-batiments-bizarres/

Une lubie. Habitable ? Assez givrée, c'est à voir:

http://www.dailymotion.com/video/xbrmff_il-vit-dans-une-m...

Photo : Certains jours rentre à la maison, comme en période de flemme (vous voici prévenus). Ma panacée universelle s'en est allée nourrir un feu de joie et sur les cendres j'ai construit ma maison, (biodégradable, topécolo), n'est-elle pas sympatoche ? Elle ne s'appelle pas "La quiétude" mais on ne lâche pas l'affaire (en cas de crise et de récession)... Ma maison, donc, photographiée aujourd'hui sur un sentier là bas, dans ma châtellenie impériale boscomarienne. - C'est tout ? - Non, bien sûr que non (je fais la question et la réponse, bien obligée eh eh ! il faut tout faire dans cette maison).

© Frb 2011

mercredi, 27 juillet 2011

Partir tout en restant

Nous fondons de bonté dans l'atmosphère de ces romances, le monde nous semble sympathique et rempli de bonnes intentions.

ROBERT DESNOS, extr. "Paris, l'été", in "Récits, Nouvelles et Poèmes", éditions Roblot, 1975.

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Photos : Partir au Parc de la tête, (Tête d'Or, exactement), tout en restant en plein centre ville ou presque. Le corps de Lyon dans une forme éclatante, (courant après les écureuils), huit coureurs et un petit cycliste adorable (j'aurais pu vous faire croire que c'était moi sur le vélo (puisque grosso-modo c'est mon vélo) mais jamais je n'aurais osé porter de telles chaussures en été, (on ne peut donc pas mentir tranquille dans ces internettes sans qu'un infime détail etc etc...). Billet light, pendant les préparatifs de départ, certains jours on se met en mode dilettante. "Quand on écrit on écrit quand on fait sa valise, on fait sa valise" (a dit Homère). Les "partis" ont été photographiés ces derniers jours dans la grande allée du parc donc de la Tête d'Or, on a dit, (ouvert since 1857) et on a croqué la bicyclette en revenant du même parc, Cours Vitton ou Zola dans ces coins là, et, euh... Vu la photo, il me semble que ça n'a pas énormément d'importance :)

© Frb 2011

mardi, 26 juillet 2011

Se barrer

L’essentiel était de partir.

NICOLAS BOUVIER  : "L'usage du monde", éditions Droz, 1963

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Photos : Nous autres, devant le grand panneau des départs, gare de la Part Dieu, Lyon, ce Juillet.

© Frb 2011.

samedi, 23 juillet 2011

Carte postale (version muette ou presque)

Travailler et créer "pour rien", sculpter dans l'argile, savoir que sa création n'a pas d'avenir, voir son oeuvre détruite en un jour en étant conscient, que profondément, cela n'a pas plus d'importance que de bâtir pour des siècles, c'est la sagesse difficile que la pensée absurde autorise. Mener de front ces deux tâches, nier d'un côté et exalter de l'autre, c'est la voie qui s'ouvre au créateur absurde. Il doit donner au vide ses couleurs."

ALBERT CAMUS  "Le mythe de Sisyphe",  éditions Gallimard 1942.

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Les saisons se meurent. La carte est muette. (ou presque).

 

Photo  : Bleu, gris, ici ailleurs, quelle importance ? Chacun pourra y lire ce qu'il voudra, des vacanciers vous écriront une carte bête, (voir billet suivant  du  jour qui précèda, idem à celui  là), on pourra toujours vous faire croire qu'on se berce d'illusions semblant gaies dans l'indifférence qui voyage d'un enthousiasme au dépit d'un grand débarras - Tout ce que tu voudras - Je passe la main au marchand de cartes postales. Le vide est gris c'est encore une couleur, fragment d'un parcours assez vain ou juste une image de je ne sais quoi, enfin bref. Ce qu'il reste... 

©  Frb 2011.

mercredi, 20 juillet 2011

Modernes Baleines

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Un petit coin de paratigre, (ah non, je rectifie : pas de tigre de léopard !) on entre dans la saison des pluies, fins contrastes, élégants ocelles traversent nos esprits d'une rythmique africaine comme celle des boubous dorés et musique de King Sunny Ade. ("Mori keke kan, tere ajalu bale tere opobi pobi, ori po lo bi", so sweet !)


parapluioeF8135.JPGQuadricolore pastel généreux il marque son territoire en tout temps et tous lieux, le parapluie mégalomane il peut abriter les voisins, les amis, la famille, sans même le faire exprès il peut servir de parasol de parachute, (ULM, toile de tente etc...), bref, un gros coin de parapluie,  pour ne pas dire une petite maison portative.

 

paraCF8130.JPG"La barotte et le parapluie", ce n'est pas une fable de la Fontaine; mais de la fontaine peut-être ? Si ? (umour-umour) un petit peu de fantaisie dans ce monde chargé mais pointronenfo la fantaisie reste sobre dans l'esprit de la cravate à Gilbert (Bécots), ça nous donnerait presque des idées. Un petit pois de parapluie donc...

 

para wilsonF8132.JPGParapluie dépressif, gros karma, un physique qui raconte une histoire ("les parapluies c'est comme les gens" a dit Homère) celui là il a sûrement fait toutes les guerres, et il est là. "Vieux Pataud" version parapluie. Fidèle compagnon d'une vie pour le meilleur et déjà pour le pire.

 

parapluieF8147.JPGLes dames du bois de Wilson conversent avec des interphones. Il semblerait qu'on retrouve notre fameux quadricolore généreux, (l'a t-elle chapardé au monsieur, la vilaine ?) et, (détail incongru), on verra l'autre parapluie (le sombre) coiffé d'un mystérieux chapeau,  est ce qu'il serait là pour protéger le parapluie de la pluie ? Le chapeau ? A t-on déjà vu chose pareille ?

 

Photos  : Festival de parapluies à Wilsons Place. Filature un jour de marché, de Juillet et de pluie (ça, vous l'aviez compris :)

 

Villeurbanne © Frb 2011.

vendredi, 08 juillet 2011

Harlequin pyromane

fleur bleueF1051.JPGUne cascade de roses parfumées et des rosiers grimpants, des lierres, des lianes enchevêtrées des roses et des rosiers grimpants. L'époux ne cesse de faire livrer ces pompons, ces roses parfumées, et parfois ces generosa dont on ne sait plus que faire.

- Je vous préviens Madame, que par les sécheresses de la haie il y aura des pucerons sur la fourche-bêche. 

- C'est le pire, ça devait arriver, si le professeur s'en aperçoit, il pourrait vous chasser...

- Madame, ressentez vous cela ? Ces absences qui vont en douleurs, je connais vos secrets, nous avons le même coeur.

Madame de Genlis porte un châle qui couvre ses épaules. Quand les pucerons se mêleront aux fleurs du professeur, il ne pourra pas l'endurer. Ces roses, non vraiment, ça l'écoeure.

- Vous auriez tort, Madame, de refuser mes agréments, ils égayeront votre existence, j'ai presque peur en vérité...

(Il se tait. Trop parler serait déjà perdre. Et surtout pas de sentiment ! durcir le ton, suivre son plan).

Madame de Genlis n'a plus un denier, elle dépense sans compter. Ca a commencé, au mois de Mai, avec la pyrale du fourrage, le jardinier achetait les pyrales.

- Ce n'est pas raisonnable, Madame, tout cet argent, pour saccager, vous qui devez partout.

Madame de Genlis ôte le châle, le pose sur un valet, elle sait qu'une épaule dénudée a son charme. (Petit calcul invitant l'oeil juste à l'endroit, assez discret).

- Enfin Léon ! Je vous demande d'oeuvrer à mon contentement, pas d'être ma conscience ! accepteriez vous que je vous accorde l'agrément tout de suite ou dans une petite heure ? Vous connaissez l'état de ma trésorerie...

- Votre trésorerie ...

- Allons vite, répondez, je vous prie ! Si je dois supporter votre main dans mes robes vous permettre ce que vous savez, c'est un peu humiliant pour une femme de mon rang, mais puisqu'il faut toujours payer de sa personne...

(Hautaine et insolente. Voilà, qui était parfait).

- Humiliant ? Vos émois sont au dessus des rangs. Pour une pyrale, Madame, il faudra, je le crains, vous humilier beaucoup, vous n'ignorez sans doute pas, quelle force morale il faut à un homme de mon tempérament pour garder un secret, vous payerez à la fois, celui qui soigne vos pyrales et l'homme de main qui veille sur votre trésorerie.

(Il n'osa dire "trésor").

- N'oubliez pas, qu'en plus de cet endettement, vous me devez encore quelques Vespa Crabro, Monsieur le professeur et si peu votre époux, ne serait pas très content d'apprendre de quelle façon vous jetez son argent par les fenêtres, lui qui raconte partout qu'il travaille dur pour vous. Comprendrait-il quels démons vous possèdent à vouloir ainsi saccager ce qu'il aime plus que tout ? Savez vous combien d'heures il s'épuise chaque jour à arranger ses fleurs ?...  (songeur) ...  Si joliment ! ... Et cela pour l'amour de vous !

Le silence est lourd du parfum des fleurs et de ces écoeurants pompons du professeur qui dépassent des fenêtres envahissent les balcons, la véranda, bientôt on ne verra plus les cheneaux. Lourd silence de la vérité qui vient en elle, l'amenuise, (il voit tout), et l'éclaire (il devine). Madame de Genlis est si pâle, il la regarde tourner près du valet, un bout du châle entre ses doigts, une pelote de laine, sur un chat, il s'amusera, (elle est à bout).

- Remettons les Vespa Crabro, à la fin de la semaine, je vous prie d'indulgence. Je vous paierai le triple, s'il le faut.

Il n'en n'est pas question ! il lui tend un papier comme la première fois où Madame de Genlis avait dû dégrafer trois boutons de sa robe, pour payer les pucerons qui amenaient le phylloxera, elle s'en souvient c'était ici et comme les pucerons, encore la première fois, elle tremble. Elle pâlit plus encore découvrant le contrat.

- Je ne peux pas, c'est affreux ! pas ce prix là !  mon Dieu ! c'est monstrueux ! Léon vous êtes un monstre !

Il s'approche, il respire le parfum de cette poudre, et cette nuque... Il défait sans un mot, le lacet, la robe en croisillons, jamais tout, rien de trop, tend une plume, met sa main sur la main de Madame de Genlis, puis doucement, vient guider l'écriture.

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"Je soussignée... (Impératif)  -  Vous écrirez la suite  !",

Madame de Genlis souffre d'une grande culpabilité, mais elle se sent aussi heureuse d'éprouver enfin, après tant d'années quelque chose qui ressemble à de l'exaltation, elle se raisonne :

"Ma foi ! mieux vaut souffrir que rien"

Sous le voile de sa robe, l'odonate s'allonge avec ses gros yeux joints à nourrir d'une faim que jamais rien ne comble. Il y a de la liberté sous les huis, une prison qui s'effondre et le bon Dieu au dessus prend des notes pour la suite. Il y a ce vieux hibou. Le vieux qui dépérit peu à peu pour l'amour de celle qui pleure la nuit dans toute la solitude, soupire dans la cretonne, et déteste ces fleurs, les mêmes jusqu'à la mort. Il y a au dessus d'elle ces têtes rondes sculptées, des chérubins qui biberonnent les rosaces (encore roses !) du plafond de la chambre à coucher. Madame de Genlis et Monsieur ne se rejoignent plus que pour montrer au monde à quel point ils forment à tous les deux, un ensemble harmonieux, couple charmant, parmi ceux de leur genre. Là, ce chapeau pendu sur un pied de sanglier, ici, la coupe en cristal Baccarat, à laquelle on tient plus qu'à tout, là bas, la volière, le mainate, et la phrase du matin :

 - Avez vous bien dormi, ma chérie ?

Celle de l'après midi

- Préférez vous prendre le thé dans le petit salon ou sur la balancelle au jardin, mon ami ?

Et puis l'autre qui venait avec ses grosses bottes, ses grandes mains carrées, l'autre qui venait pour le trésor, accélerant les goûts capiteux de Madame de Genlis, sa fantasmagorie. Elle est à présent traversée d'idées folles, une furie passe le mal, une vierge le rechasse, il revient, il embrase l'esprit, trace une pente en dos d'âne. Madame se sait un peu gourmande, quand il arrive avec les bêtes volantes, Léon lit dans les yeux de Madame, l'éclat doré des saintes qui s'exaltent et qui luttent. Il sait encore, pertinemment que souffrir la fait revivre un peu .

- Vous daterez et vous signerez ici ! (suave) prenez bien votre, temps, Madame, je ne voudrais pas trop avoir l'air de vous forcer la main...

C'est pareil, comme la première fois, tout ce qu'elle n'a pas vu arrive. C'est écrit noir sur blanc, c'était peut être écrit avant, sans qu'un contrat n'y glisse cette impression dangereuse, le goût de l'interdit qui va sans retenir. Le jardinier, la main sur la main de Madame, touche la plume à quelques centimètres et l'autre main s'en va rebrasser tous les chants et les feuilles des vignes de Monsieur ravagées du philloxera. Un gros nez respire la peau blanche inspirée des coffrets, l'heureux talc du vieux monde cette ivraie et ces lis d'une langueur à chavirer...

- Oh ! Léon ! ce n'est pas du jeu, vous trichez, que faites vous, grands Dieux, c'est un supplice !

Impunément, il triche. La main sur la main, et l'autre main qui trousse, c'est plaisant de voir Madame de Genlis batailler avec sa conscience, et la voilà craintive. Ses dieux ont si bon dos. Impunément il fait sauter les boutons de la robe, un puis deux, il faudra bien qu'elle signe. Il chuchote:

- Thrips ! Nématodes ! Botrytis ! Fusariose !

Madame de Genlis recommence à souffrir un petit peu, il accélère le jeu, la faiblesse aux penchants et prononçant ces mots, juste à l'endroit, assez discret :

- Hypsopygia costalis ! ...

Fait tomber la poutre maitresse. Madame de Genlis frappée d'amnésie vient défaire seule le quatrième bouton, le papillon aux couleurs des tentures du bureau de monsieur, apparaît, juste dans ce pli exactement, elle suit le pyrale qui respire, vingt trois millimètres, enrobé de formol d'une bête plus laide qu'un pou mais dont le froissement de l'aile à peine, lui permet d'oser tout.

La plume crisse. Elle a signé. C'est venu plus fort qu'elle. Le jardinier range le contrat dans une enveloppe qu'il attache par le caoutchouc de sa bretelle.

Il regarde par la transparence du rideau, le professeur, "Monsieur", l'époux, épris, méticuleux, arranger un bouquet de roses pompons, l'idiot, avec ses pauvres cornes et ses fines binocles, monsieur baissant les yeux sur sa montre à gousset 6H00 si impatient déjà, de rejoindre Madame, elle qui depuis des semaines souffre d'un mal mystérieux.

Léon contemple les allées, les massifs, le petit château d'eau et les blanches cariatides supportant un bassin surelevé où l'eau du Mont Gerbier coule sans s'arrêter, un corridor mouillé : "il y aura de quoi faire".

Il songe à la trésorerie de Madame, au domaine de Genlis, à ces larves, ces pyrales qui pondent déjà dans les placards, de la cave au grenier, à la confiance aveugle de Monsieur qu'il vénère qui est si généreux avec le personnel, puis soulevant la mantille aperçoit un verger, fruité de gueule, paré d'une Cigaline, juste à l'endroit, assez discret.

Dans un instant, il aura tout.

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podcast


 

Nota : En cliquant dans les fleurs, ouvrez les chapitres de cette histoire et découvrez vos romans de l'été.

Musique : "Blue Gardenia" par Nat King Cole

Photos : Iris nommé "Prince Indigo". Fleur bleue sophistiquée, alanguie dans les herbes folles photographiée au début de l'été, près d'une allée bordant la grande roseraie, au Parc de la Tête d'Or à Lyon.

 

© Frb 2011.

mercredi, 22 juin 2011

Les trésors invisibles (part 2)

On a beau creuser certains jours...

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L'art gratte

L'art grave

L'art graine

L'art grade

L'art graillonne

L'art gratton(ne)

L'art granule

L'art graisse

L'art gratuite

L'art grammairise

L'art grabuge

L'art granite

L'art gratouille

L'art gradouble

L'art gracie

L'art grabouille

L'art grabote

L'art granguignole

L'art gramophone

L'art Gragagnole (ou presque)

L'art gravite

L'art gravit 

L'art graduait

L'art granpalait

L'art Gradiva

L'art grand air

L'art grachine (en marchillon)

L'art grassouille

L'art gramabole

L'art gratefioule (d'aide)

L'art grabataire

L'art gratine

L'art gracile

L'art grandiloque

L'art grapine

L'art gravillonne

L'art gratte encore (et encore et encore...)

 

Photo : A peine une  coupure de journal.

"On est jamais certains jours du butin" ... 

Oui, bon il manque un mot, c'est certain, le fameux mot qu'on cherche. Il va falloir gratter, creuser, lire encore,  gratter encore...

 ©  Frb 2011.

samedi, 28 mai 2011

Trains de vies

Crains qu'un jour, un train ne t'émeuve plus.

GUILLAUME APOLLINAIRE

train ter W.jpgC'est un vaste atelier où le soleil entre à plein tube éclairant sous toutes les coutures des sièges bleus, des bagages en tissus, des valises, des valises... Des étuis de toutes sortes et des livres dont les pages nous détournent du but, suivent un autre mouvement. Quelques branches fouettent la vitre, de l'autre côté, passent des archives architecturales d'un autre temps ; perdues entre les fougères les usines"Radielec", renaissent et l'on vit un instant dans des villas en ruine sous des vieux parasols qui pourrissent doucement près des hangars. Sur des tablettes il y a partout des petits ordinateurs intéressants et des gens qui voyagent encore dans le voyage. C'est comme les poupées russes, une mise en abyme, un film dans le film. Tout peut se lire, s'écrire, c'est l'histoire qui déroule des choses plus ou moins vraies, nous inspire la certitude que rien n'est à sa place. On voyage pour n'être personne, se détacher ou pour la mutation des sentiments, jusqu'à rejoindre là bas, quelqu'un qui nous attend sur un quai, dans une gare paumée, un être aimé, c'est rassurant, à la fin, on ne sait pas si on saurait le reconnaître parmi les autres comme lui, qui viennent pour chercher, chercher qui ? Arriverait-on indifférent ? Plus indécis, à force de goûter ce temps à tuer comme plus vrai que le temps à remplir. Arriverait-on plus enclin à aimer ? Entre les deux, c'est l'impatience, un jeu versatile, de hors lieu en hors lieu, des points de suspension, entre un point A et B  on devient autre chose, nous ne sommes plus des gens. Une effusion géographique trouble nos attachements, il en vient d'autres plus amènes, nous sommes cette vitesse qui ronge lentement l'affectif, dénoue l'ordre chronologique, nous sommes l'effacement et le temps subjectif est notre possession, comme le vide, l'oubli des origines quand l'origine partout pourrait être la notre.

Je me suis reconnue, en ce point minuscule posé sur un vallon, je me suis reconnue sur ce banc, je suis née sur un quai du côté d'Ambronay j'ai fait mes classes à St Lazare, je me suis mariée à la Brasserie du Train Bleu, je suis morte gare de la Part-Dieu, je ressucite entre St Florentin et Moisenay à la bifurcation, sur la branche Ouest de la LGV interconnexion Est, j'y puise les couleurs assez tendres de la voie C, je réinvente le déroulement du ruban magnétique qui m'attache à l'environnement, je suis un mensonge éphémère, je me vois arrivant à Kharbine, Je ne vais pas plus loin...

Tsitsika et Kharbine
Je ne vais pas plus loin
C'est la dernière station
Je débarquai à Kharbine comme on venait de mettre le feu aux bureaux de la Croix-Rouge.

Un voyage à la fois achevé, et qui tourne des pages, Blaise m'attend. Il porte mes valises, c'est charmant. à un moment, faut toujours changer d'air mais les voyages ça coûte bonbon, Barnabooth m'envoie de l'argent, une place enviée avec lui, on ne voyage qu'en première, oncle Archibald Olson Barnabooth, destinations : Florence, Saint-Marin, Venise, Trieste, Moscou, Serghievo, Saint-Petersbourg, Copenhague, et puis Londres, malgré la volonté de se fixer quelque part une bonne fois pour toutes, se fixer est insuffisant, peu importe la destination de retour, il faut repartir absolument. Se fixer serait pire qu'être enterré vivant, j'admets, qu'il me semble impensable de passer en plaisirs sédentaires, sa seule et unique existence.

Le mouvement emmènage dans la musique anecdotique, mémorise les sons, on pourrait entrevoir toutes les conversations entre ce qui est possible et ce qui ne l'est plus, c'est une autre façon de correspondre avec son temps dans l'immédiat, je pose dans l'immédiat, toutes mes capacités futures. Sur les sièges 49 et 51 des gens parlent d'eux mêmes, ils prennent position sur la terre, des dizaines de nombrils tout comme un oeil géant guettent les destinations. C'est un vaste salon où le soleil entre à plein tube éclairant des peaux blanches, des peaux brunes, des yeux verts, sombres ou bleus. Des vies entièrement subjectives qui mutent entre les mains du conducteur de la loco, dans une situation sonore exceptionnelle, où la ferraille fait disparaître doucement les ossements, ce que nous sommes dans la lumière est malléable, nous flottons un instant. L'humanité abstraite nous tient, nous sommes l'amorce d'une bande magnétique obsolète, nous sommes les premiers habitants de l'Etude aux chemins de fer, les premiers objets d'un salon de musique qui lisent l'avenir derrière une vitre et veulent que le hasard s'emmêle, crée des noeuds dans les lignes avec la détermination de ne pas nous laisser ignorer ce qui pèse, nous sommes des tas de bidules en ut à l'heure précise qui pose le monde en équilibre entre les ponts, nous sommes un moment de renversement de la vapeur dans la machine en suspension sur un viaduc ancien comme neuf.

Cendrars et Larbaud endormis sous l'écrin de carton posé sur mes genoux, au coeur d'une page introuvable, aucun mot n'est venu fixer ce haut lieu formidable qui s'appelle "partout". Il y a des répondeurs qui tournent à vide dans les appartements. Une voix déraille, se défile : "Je ne suis pas là pour le moment ..." Nous touchons l'accès sans le mot de passe, nous allons immobiles, nous captons les remous à la base et le fantôme de Gutenberg, dans les coquilles ramassées de"La vie du rail", nous sommes la suite fantasmatique pour une voix et mille aiguillages, nous sommes les destinations qui s'épousent par hasard, fuient les ères et les aubes, confèrent aux lignes droites la souplesse des courbes, qui s'entrecroisent mais ne touchent jamais tout à fait la destination rêvée, nous fuguons avant terme, pour une correspondance puis une autre, et encore une autre ... Nous roulons sur l'enfance de l'art, avec des portefeuilles boursouflés de billets à oblitérer. Nous sommes la mer et la montagne sifflées par le même chef de gare, nous sommes le contrepoint qui fuit d'une voie à une autre, nous sommes dans les strates, nous vivons dans la forme la plus évoluée de l'écriture qui renouvelle sans cesse l'adage: "partir, c'est mourir un peu"...

 La mort est toujours l’horizon du voyage, que l’accumulation des étapes semble éloigner. Il pourrait cependant y avoir un accident...

 

Nota : Cette dernière phrase a été empruntée à Valéry Larbaud et son grand voyageur de "Barnabooth".

Photo : Intérieur train. Le rideau vert du TNE (Transnabirossinien-Express) qui est aussi un JTB (joli train bleu) photographié au plus près quelquepart ou nulle part, entre Lyon et Orléans.

 

Entre-deux © Frb 2011

jeudi, 26 mai 2011

Petite musique d'attente...

Quelle vie de chien !

HENRY MILLER, (cité par Brassaï in "Henry Miller, rocher heureux"), éditions Gallimard, 2001.

Si la salle d'attente ne vous plait pas, en cliquant, vous serez orientés dans une autreSAL ATTENTE.JPG

Présentation

C'est juste une salle d'attente dans une petite ville de province. Les trois hommes qui s'y trouvent semblent se connaître un peu de vue, ce sont des vieux, à peine bourrus, la fidèle patientèle d'ici. Ils se regardent avec bonhomie, tournent sans les lire quelques pages de revues, un geste machinal, un choix restreint : "Le point", "Paris-Match", "Femme actuelle". J'atterris à cloche-pied, dans cette ambiance à la fois pudique et rassurante, j'entre sans bruit je suis accueillie par un "bonjour" très accueillant, trois bonnes têtes avec des sourires plutôt "gentils"... Déjà ça paraîtrait un peu anachronique en ville où les salles d'attente (celles que rarement j'ai fréquenté, me paraissaient glacées parfois presque menaçantes). Bien sûr, il y a ce silence lourd de sens, de non-sens, souvent gênant où le moindre bruit d'une page de revue qu'on tourne, le moindre craquement de soulier paraît s'amplifier à tel point qu'on n'oserait à peine bouger le petit doigt, mais ce sont les silences spécifiques ou "spéciaux" des salles d'attente en général, quand celles-ci ne sont pas envahies (une nouveauté qui se répand bien, hélas) par des fonds musicaux imposés, souvent odieux, la dernière salle d'attente que j'ai cotoyée, m'ayant offert contre mon gré, environ une heure des "plus grands hits d'Eddy Mitchell", (certes en sourdine, mais entre nous, c'est pas humain), tant qu'à faire je préfère un bon gros silence même s'il pèse un peu, beaucoup, voire lourdement. Ici, rien à faire, faut que ça cause, faut que ça vive. Faut toujours qu'on dise quelque chose. Un homme ouvre la conversation à propos de "l'accident du pont", une actualité qui détrône le scandale des notables trousseurs de dames, à Paris ou en Amérique, la seule actualité, dans ce petit pays, qui vaille la peine qu'on s'en soucie, c'est l'accident, dont la photo (une moto, une voiture ratatinées contre un poteau), un récit qui n'omet nul détail, ont fait la une, du petit journal local. Ici, chacun lit après le déjeûner, ou le dîner, "son" journal. C'est un rituel, c'est sacré. Après, on en parle, on en reparle, dans la rue et dans les commerces, au village, dans les chemins entre les champs de coquelicots... Ici, la parole s'ouvre, juste un peu et les langues se délient, mais pas trop. J'accroche sur mon col (je sais, c'est pas joli joli...) un petit micro cravate, j'enclenche le dictaphone. Le temps d'une brève causerie ; telle une trace légère, autant dire, presque rien...

Situation

- Je ne savais pas qu'il y avait une boulangerie aux Indres...

- Tout le temps !

- Ah ça oui ! y'en a passé trois quatre, mais y'en a toujours eu.

-  Ah ben oui !

-  C'est arrivé vers quel endroit ?

-  Vers le pont des Tarets, ça fait un genre de bosse, elle est partie sur la bosse.

- Le poteau il est là, tout seul au milieu du parking...

- Aller prendre le poteau en plein milieu, faut l'faire !

-  Ah ben mon vieux !

- Oh oui ! on est peu de chose...

- Et le père qu'a tué son gamin, 17 ans... Vous avez lu ? Ben bon sang !

- Elle était toute neuve la voiture, le motard l'a pas vue, le gamin il est mort pendant le transfert.

- Ces motos, ça fait peur...

- Mais non ! c'est la paraffine qu'y avait sur les pneus.

- Le gamin c'était le passager, il était devant, assis à côté, ça a toujours été la place du mort... Le père a freiné mais c'est l'auto qu'est partie dans l'autre sens.

- Ben vieux ! Pour la mère c'est terrible !

- Et pour le père ! Il a tué son gamin. Ils en avaient pas d'autre. Quand ils se trouvent tous les deux, ça doit pas être facile, le soir au souper, j'sais pas ce qu'il peut lui dire à elle, ben bon sang ! ça doit pas être facile d'en causer, faut que le couple soit solide après.

- Ouh ben ! C'est pas sûr qu'elle pardonne, si elle est rancunière, c'est fini, ça y fera tout craquer...

- Y'a pas que ça, y'a l'alcool, y'a la drogue...

- Non mais là, c'est un accident, y'a pas de drogue, pas d'alcool ! et pis de la drogue y'en a pas tant que ça.

- Non, pas tant ! pas dans nos petits pays. (silence long, lourd, gros soupirs, le vieux monsieur en face a l'air de réfléchir, profondément...)

- Alors c'est le destin. Ca peut pas être autre chose.

- Oui, c'est le destin, ça a été écrit comme ça. (silence long, très long)

- Hier on a enterré le docteur, vous avez lu ?

- Oui, y'avait du monde ! ça tenait pas tout dans l'église. Il était vieux.

- Dans le temps ils étaient deux, ça fait que l'autre est tout seul.

- C'est pas facile, hein ? On a beau dire ... La vie... !

- Oh non ! on a beau dire ! quand on peut rien y faire, on peut ben en causer jusqu'à demain...

-  C'est bien ce que je dis, c'est pas facile." 

 

 

Photo : Petite métonymie (de l'attente), ou portrait du patient invisible, ou encore un autoportrait ? D'autres verront un petit bout de salle d'attente, (et ils auront raison !) sans la musique, photographiée là bas, en douce... Je remercie, au passage, le Dr. VDB pour son accueil chaleureux et pour sa "bonne médecine". Un endroit on ne peut plus "sobre", mais finalement assez tranquille... Si l'on compare à certaines salles d'attente décorées hype et chic (avec fauteuils du genre "formes nouvelles") de certains cabinets où se pratique (de plus en plus, hélas) ce qu'on appelle de "l'abattage", (de patients comme du bétail, oui, c'est courant), je préfère un décor austère avec une médecine à visage humain, que le contraire, mais cela est très subjectif évidemment, et d'ailleurs il se peut que je m'égare dans un autre sujet vraiment problèmatique, peut être à suivre (?) Un certain jour (?) Qui sait (?) Mais comme je ne suis nullement pressée de fréquenter ce genre d'endroit, je ne promettrai pas ou le plus tard possible. Il vous faudra donc être patients, (si j'ose dire) ...

© Frb 2011.

dimanche, 22 mai 2011

Violon d'Ingres

Voici le printemps qui revient avec le charme des roses.
Regarde leurs joues fraîches, et la plante amère de la tristesse
sera déracinée de ton cœur.
 
HAFIZ, Poète perse.

Pour découvrir d'autres roses de la collection Tête d'Or, vous pouvez cliquer sur l'imageviolonF2744.JPG
violonF2723.JPGviolonF2736.JPGviolonCF2741.JPGviolonF2713.JPGviolon d'ingres  cF2748.JPGviolon d'ingres.JPG

 

 

 

Photos : La grande roseraie du Parc de la Tête d'Or à Lyon, suite d'une balade parmi les roses avec prénoms, (appelation) celle-ci on la nomme "Violon d'Ingres®", elle est moins odorante, moins subtile que la "Golden Celebration®", elle est douceâtre, (moi je la trouve un peu écoeurante, comme une sorte de grosse sucrerie, on s'en lasse, (il en va des roses commes femmes), elle rappelle (un peu) les (affreuses) corbeilles de mariage, de baptême, les gateaux d'anniversaire, mais une rose très mièvre peut cacher une coquine, on l'aurait surprise en posture "embarrassante" dans une love party chez Harlequin, (une vraie rose à l'eau de rose). D'ordinaire ses couleurs sont d'un jaune clair nuancées de rose, la "Violon d'Ingres®" du parc est plutôt à dominante rose (pâlichon), timidement éclairée de jaune (à peine) saumoné. Photographiée sous une chape de plomb atmosphérique, au coucher du soleil, à l'heure où les roses déclinent hélas ! si vous vivez ou passez par Lyon, je ne saurais trop vous répéter (encore et encore) de visiter au plus vite cette roseraie somptueuse, l'un des lieux les plus envoûtant de Lyon, mais d'une grande fragilité, déjà le sol se couvre de pétales... Je n'aurais ni le temps ni l'ardeur de vous ramener une image de chaque exemplaire de ces fleurs, mais qui sait ? Peut-être un (certain) jour, je sortirai d'autres modèles du genre "Hotel california®", "Rose de Limoux®" (sublime), ou pourquoi pas la très voluptueuse :"Bernadette Chirac®", rampante grimpante et charnue, (c'est l'horticulteur qui me l'a dit), une délicate parmi toutes, comme je ne l'ai pas encore trouvée, (perdue que je suis au milieu des 30 000 rosiers), je vous en glisse, un tout petit échantillon ICI.

Photos : © Frb 2011

mercredi, 18 mai 2011

Obscuritudes

Nous savons pourtant le prix de la douleur
les ailes de l’oubli et les forages infinis
à fleur de vie
les paroles qui n’arrivent à se saisir des faits
à peine pour s’en servir pour rire

TRISTAN TZARA, extr. "Sur le chemin des étoiles de mer" dédié à Frederico Garcia Lorca.

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"Vous êtes menacé de tomber victime d'une ruse infernale"

Achille traîne à son char le corps inanimé d'Hector. Pénélope est devenue à force, cet oiseau qui fait de la couture. L'agriculteur repose sous le talisman de la lune.

"Malédiction"

Une famille pleure. La carte est triste pour le fort comme pour le faible. Celui qui triomphait hier est aujourd'hui abattu. Celui qui est aujourd'hui à terre ne sait s'il se relèvera demain. L'artiste introduit de la matière brute dans l'oeuf philosophique. La transmutation n'a pas eu lieu. Une jeune fille refuse les avances d'un ouvrier métallurgiste. Elle se croit aimée d'un homme riche, elle compte sur ses promesses. Il l'oublie. Elle part en Amérique, elle le revoit, puis on la perd de vue. On se réjouit d'une maternité sous des roses bâtardes. L'artiste vendra ses propres faux pour payer la note d'électricité. Le Grand Oeuvre est remis à plus tard. Une épouse bafouée passe dans un trou de souris juste au milieu d'un disque noir.

"Possible tromperie."

Des énergies puissantes sont mobilisées en vue d'un travail constructif. Un cheval à bascule entre sous la porte de Scée, suivi de troupes. L'évènement s'annonce désastreux. Des hommes à cheval tentent de voler le Talisman de la lune. Heureuse fatalité.

"Vous souffrirez de l'effet d'une discorde qui n'est point de votre faute."

Un homme tue sa famille. On le croise dans le sud de la France avec une femme, mangeant des glaces à la vanille sur une plage. Le talisman de la lune peut vous sauver par le cercle de magie blanche dont l'effacement s'effectue grâce à un balai. Le Centaure ne veut pas mourir ; la flêche qui l'a blessé est à côté de lui, Pénélope reprisera son passé avec du fil de fer, il ne meurt pas, il est métamorphosé en lapin et peaufine des enluminures dans la nuit.

"Mollesses et ingratitudes dominent."

Avec de grandes connaissances, nous resterons sans avenir. Un homme à tête grise, un bracelet à la cheville se heurte à des entraves insurmontables. Un chasseur sans gibier. Un ami joue au frère. C'est un personnage de malheur, nul succès ne peut l'atteindre. Le jour vient. Le même journal est distribué à tout le monde. Cupidon décochera quelques flêches avec plus ou moins de force dès qu'il en recevra le signal. Une femme recouvre la ville du regard bleu de l'amour insensé, visage de la douleur, garder l'honneur est favorable. Le monstre typhonien armé d'un trident renverse une région dans un pays très loin. Une manivelle donne le branle. On parle du retour d'un nuage de cendres. Etc...

  

Photo : Un crépuscule sur "Le répit de l'Agriculteur", sculpture créee par l'artiste Jules Pandariès (1862-1933), photographiée un soir d'orage, entre le cours Emile Zola et l'Avenue Henri Barbusse, dans le quartier des Gratte Ciel à Villeurbanne.

 

Photo : © Frb 2011.

mardi, 10 mai 2011

Cependant

Me retournant sur la plage
Même les traces de mes pas
ont disparu

ISSA,  "Et pourtant, et pourtant", (1), éditions Moundarren 1991.

night parc.JPGRien de quoi s'accrocher. Trop de volonté, si peu naturelle, en somme. Il faudra bien laisser couler ce qu'il reste de temps hors du monde. Entre le printemps et l'été, il y aura une cinquième saison, comme le nouvel an au Japon. Une saison des pluies, la mousson, des mélodies pour cordes en terrain gadouilleux, ce sera aussi un no man's land. On entrera en barbarie avec soi, juste avant le règne des fleurs. On cherchera son pays hors des corps familiers, un passage au milieu des autres entre les saules et les broutilles. On s'arrêtera là. On ira trouver les saisons, la sixième, la septième, celle du quatrième monde, retraverser ces temps où les hommes et les animaux parlaient le même langage jusqu'à en éblouir la nuit.

Des étoiles s'allument nous allument nous éteignent. Voici l'écho au chapitre de l'illusion ; un coucher sans soleil sur le lac, poumon liquide gris bleu; où hier, d'anciens marécages servaient d'exutoire au fleuve Rhône. Sous le lac, peut être enfouie, une tête de Christ en or. Plus loin, l'île des cygnes, un monument aux morts de la guerre de 14-18. Et là bas, le long des berges, on voit des bancs, des barques, des amants enlacés sous les arbres. L'importance des petits insectes aux ailes translucides nous feraient oublier les grands hommes qui oeuvrent en secret au contenu des bibliothèques de demain. On deviendra épisodique, épiphénomènal, épis, épi, fil blanc d'un verset de sutra (du lotus du diamant, ou de l'arbre), pour l'oubli, le renouvellement. On rejoindra son ermitage entre les sauges, sur un caillou. On sera dans la soustraction, délesté pour un bref instant de tout ce qui nous appartient, nous retient, nous posséde. Une illusion à tête humaine, la bouche en peau de banane, fera le zouave en équilibre entre l'eau et la barque.

Ce qui peine peut mourir encore. Rien de quoi s'accrocher de manière permanente, brièveté maximale, un au-delà flottant, à peine indifférent mené par sa balade, dans cette espèce de deshérence on regardera les oies sauvages et les canetons, s'écraser sur les flots. On goûtera, comme nous l'ont appris les peintres ou le marchand de cartes postales, on goûtera ce coucher de soleil sans soleil, après quoi de ce jour il ne restera rien.

"Une bulle dans un nuage de thé", un rêve de sons retournant le sol en tous sens, l'absence de temps qui passe de temps qui vient, l'absence des temps du souvenir, un cendrier rond peu profond frôlé par les volutes et les petits papiers qu'on déchire, numéros de téléphone, des notes d'une musique expirée, fêtes galantes, onctuosités, harmonie du soir au lac miniature, une plage immense près d'un gigantesque cendrier rempli à ras bord d'une eau pure... Par temps clair on y voit flotter deux belles grues griffées de lettres et de ratures, elles ont l'air bête, elles nous ressemblent. Déjà pliées, t'en souviens-tu ? Joies de l'origami.

 

Nota (1) : Kobayashi ISSA (1763-1828), nom de plume ISSA (signifiant "Tasse-de-thé") est un poète japonais de la fin de la période Edo, auteur d'environ 20 000 Haïkus, il en a aussi modernisé la forme et le propos, avec subtilité, il est (à mon sens) l'un des plus grands avec BASHÔ, BUSON l'un des plus fins. Vous pouvez visiter les liens ci-dessous, ses poèmes sont absolument à découvrir. 

 

http://www.arfuyen.fr/html/ficheauteur.asp?id_aut=1058

http://nekojita.free.fr/NIHON/ISSA.html

http://haikuguy.com/issa/

 

Photo : Le lac du Parc de la Tête d'Or à Lyon, aux alentours de vingt et une heure, (et son ours vert endormi), photographié, au mois de Mai, juste après la pluie.

 

Frb © 2011

dimanche, 08 mai 2011

Golden Celebration

Un peu de parfum demeure toujours sur la main qui te donne des roses.

(Vieil adage chinois).

ROS BOUTON.JPG

ros golden celebration.JPGROSE 2.JPGROSE night.JPGLa plus belle saison pour visiter la roseraie internationale du Parc de la Tête d'Or à Lyon, est sans doute le mois de Mai, (remember...), surtout quand le printemps avance un peu, comme c'est le cas cette année. La roseraie s'étend sur 40 000 m² et compte 30 000 rosiers répartis en 350 variétés. A dire comme ça, c'est peu, il faut voir, visiter, humer... Pour ceux qui ne le savent pas, cette roseraie a reçu en 2006, le prestigieux, "Award of Garden Excellence", décerné par la "World Federation of Rose Societies". (J'ose espérer que ces liens prolongeront encore un rêve de roseraies, autrepart). A noter qu'il existe deux autres roseraies au Parc : la roseraie du Jardin botanique qui retrace l'histoire de la rose, et une roseraie de concours qui sert de support au Concours International de Roses nouvelles. Toutes les roses cette année sont extraordinaires. J'aurai juste un petit regret, ne pas pouvoir vous livrer la "Golden Celebration", en odorama...Rose golden célébration.JPG

ROSE ONE.JPGrose massif.JPG

Nota 2 (fleur bleue) : Si vous désirez offrir des roses à quelque chère (ou cher) n'offrez pas des roses jaunes cela pourrait être interprété comme un signe d'infidélité (ailleurs elle signifie la joie et l'amitié) etc ... Pour vos penchants à l'eau de rose, vous trouverez (plus ou moins), le nécessaire ci-dessous:

 http://mapage.noos.fr/crosin000v/Ronsard/roses_fr_Ronsard...

Photos : Golden Celebration ® c'est donc le nom de la rose, de toutes ces roses ici, c'est le nom d'un rosier anglais, d'une rose hybride créee par David Austin  en 1992 :

http://www.davidaustinroses.com/french/Advanced.asp?PageI...

Les parents de l'hybride sont Charles Austin ® et Abraham Darby ®, de lignée 'Aloha', normalement le jaune est plus vif, plus doré, voire parfois cuivré. Le parfum de cette rose particulièrement délicate, (impossible à traduire avec des mots), est d'une douceur fruitée, il rappellerait un peu un mélange de thé réhaussé de notes de fraise (d'où mon choix car j'avais de quoi hésiter), j'ai choisi paradoxalement "mes" roses d'après senteurs et aussi pour l'extérieur diaphane des pétales, (pure merveille !), dont on savourera pleinement le rendu au soleil (il n'y était pas ce jour là, hélas !). Les roses ont été saisies fraîchement après l'ondée, à l'heure du coucher du soleil, au Parc de la Tête d'Or à Lyon.

© Frb 2011