lundi, 20 mai 2013
Une histoire sans parole (ou presque)
Hana no kage
aka no tanin wa
nakari keri
ISSA alias Kobayashi Issa. La traduction se trouve au terme de la balade. Si vous êtes trop pressés vous pouvez oublier le printemps et retrouver une saison (de saison), ICI.
À l’ombre des fleurs
même un parfait étranger
ne l’est déjà plus
Photo : Le dire avec des fleurs, dans un jardin, c'est mieux...
Là bas : © Frb 2013.
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mardi, 16 avril 2013
La fleur bleue de Novalis
Je n’ai jamais rien éprouvé de pareil : c’est comme si j’avais vécu en songe jusqu’à présent, ou encore comme si j’étais passé en dormant dans un autre monde ; car dans celui où je vivais d’ordinaire, qui donc aurait prêté attention aux fleurs ? Quant à une passion aussi insolite pour une fleur particulière, je n’en avais jamais entendu parler auparavant.
NOVALIS : extr. Henri d’Ofterdingen, traduit de l’allemand par Marcel Camus, éd. GF Flammarion, Paris, 1992.
Tout commence ainsi :
le fils de baron Friedrich Von Hardenberg, alias Novalis nom de plume, décrit un rêve de jeune homme, dans son sommeil, il découvre un bassin aux ondes chatoyantes :
Aussitôt, un souffle intérieur le parcourut tout entier, le réconfortant et le désaltérant. Pris d’un irrésistible désir de se baigner, il se dévêtit et descendit dans le bassin. […] Une sensation céleste inonda son cœur […] Et chaque vague de l’adorable élément se pressait contre lui comme une gorge amoureuse.
Le jeune homme s'ouvrit à l'illumination et dans sa nuit rêveuse, eût une autre vision
Il se trouvait à présent étendu sur une molle pelouse au bord d’une source qui jaillissait dans les airs et semblait s’y consumer. Non loin de là, s’élevaient des roches bleuâtres aux veines diaprées. Le jour qui l’entourait lui parut plus clair, plus doux que de coutume ; le ciel, bleu noir, était d’une pureté absolue. Mais ce qui l’attira d’une manière irrésistible, ce fut, dressée au bord même de la source, une grande Fleur d’un bleu éthéré qui l’effleurait de ses hauts pétales éclatants ; autour d’elle se pressaient des milliers de fleurs de toutes les couleurs et dont les suaves parfums embaumaient l’air. Lui, ne voyait que la Fleur bleue, et longtemps il la contempla avec une indicible tendresse. Mais quand il voulut enfin s’approcher d’elle, elle se mit à frémir et à changer d’aspect. Les feuilles, de plus en plus brillantes, se serraient contre la tige qui croissait à vue d’œil ; la Fleur se pencha vers lui : parmi les pétales qui formaient une sorte de collerette bleue, flottait un tendre visage… Son émerveillement grandissait avec cette étrange métamorphose quand soudain la voix de sa mère le réveilla et il se retrouva dans la chambre familiale que dorait déjà le soleil du matin.
Je me garderai de vous livrer les interprétations des métaphores sublimes nées dans l'esprit du rêveur Henri d’Ofterdingen, dont vous pourrez apprécier plus vastes scintillements ICI ; je n'étriperai pas d'analyse sigmundienne ou jungienne, ces passages de pure grâce afin de ne pas dévoyer ni trahir la beauté suggestive insufflée par l'auteur, et que vienne à chacun cette folle idée d'unir sa vie à ce printemps portant nos figures pâles dans la campagne fraîche. Puissions nous pressentir la puissance alchimique qui bouleverse les coeurs au point qu'il n'est plus d'autre façon d'imaginer vivre autrement que couché au milieu des fleurs, qui sont toutes bleues quoiqu'on dise, sauf peut-être le myosotis qui est rouge comme le sang offert au saccage pictural des chants surréalistes, ils vénéreront avec d'autres, bien plus tard, la grande modernité des romantiques allemands et les oeuvres visionnaires de Friedrich Von H. alias Novalis, du bleu de la fleur au bleu lumineux de la nuit dont nous nous parerons sans doute.
Nota : Les conditions impérieuses du petit monde du myosotis se devant toutes d'êtres remplies, par défaut d'entrer dans le rêve du vieux siècle romantique, nous pouvons prier pour la fleur afin qu'elle ne s'étiole pas trop tôt entre nos mains frondeuses, ou dans nos coeurs gros et avides.
Photo : corolle ouverte, accueillants mais farouches et bizarrement difficiles à photographier, Les mini coquelicots de l'Himalaya ont aimablement posé sur ma pente (et pour vos cimes, en tout bien, tout honneur), si par chance là où qu'il soit, (avec des si), Novalis, feu poète nous faisait la fleur (qui tient notre malheur) de nous rêver au profond de ses nuits plus impérissables que nos jours... Je ne termine pas la phrase, le mystère a son charme.
Nabirosina : © Frb 2013
mercredi, 10 avril 2013
Icare 2013 (III)
Mon plus grand plaisir est de sentir que tout ce que je valais résidait dans ce que je crois avoir perdu : la capacité à créer de la beauté à partir de mon désespoir [...]
STIG DAGERMAN in "Notre besoin de consolation est impossible à rassasier", éditions Actes Sud 1981.
Icare n'arrivant plus à s'envoler aussi haut qu'il l'avait autrefois rêvé décida qu'Avril dans sa nature clémente, lui permettrait tout aussi bien d'essayer de marcher sur l'eau. Icare ne savait pas encore que le ciel du mois de Mai s'annonçait pluvieux et brutal, Icare n'écoutait pas la radio, il ne se fiait qu'à notre calendrier singulier destiné à ceux qui ont un léger retard sur la vie, mais il avait notre courage, notre approbation et les cris d'enthousiasme du peuple des oiseaux de la forêt - pic verts, rousseroles et bécassons menant par dessus les choeurs (mes anges !) une section rythmique endiablée en tapant becs et pattes accordés sur tous les bouts de branches qu'ils pouvaient trouver, le départ fût très gai. Icare ne manquait ni d'ingéniosité ni de provisions, nous étions sûrs, cette fois-ci, qu'il ne pouvait pas rater son défi, étant si près du but ...
Si vous avez loupé le début il suffit de cliquer dans l'image et tout ce qui précéde se souviendra de nous.
Photo : Un nouvel élan, Icare et l'océan : une autre histoire, au gré du vent, si le vent nous porte plus loin ou plus haut. CQFD...
Ailleurs © Frb 2013.
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vendredi, 08 février 2013
Le voyage approximatif
Le train dévore toutes choses visibles, agite toutes choses mentales, attaque brutalement de sa masse la figure de ce monde, envoie au diable buissons, maisons, provinces ; couche les arbres, perceles arches, expédie les poteaux, rabat rudement après soi toutes les lignes qu'il traverse, canaux, sillons, chemins ; il change les ponts en tonnerres, les vaches en projectiles et la structure caillouteuse de sa voie en un tapis de trajectoires.
PAUL VALERY : extr. de "Le retour de Hollande ; Descartes et Rembrandt, édition Pagine d'Arte, coll. Ciel Vague, 2012.
Comme avant un festin,
en force esprit, durée,
suffisant à soi-même,
on se grise d’un retour
lassé de son corail.
Une vitre à travers
ausculte un métronome,
à son rythme occupé,
les pas pris dans les neiges
si près d’être sauvés,
des mots de feu retiennent.
Une histoire s’empanache
suce quelques proies sucrées.
On cherche l’alvéole,
deux minutes en pare-chocs,
une vie de marche à pieds.
Comme après un festin
le ciel mène à son train,
des préludes à Chamelet.
Tangos, valses ou chaconnes,
Carrières de marbre et gore
ouvrent une voie givrée.
Le train stoppe en vallée
poinçonnant sa madone
lui délivre son quai.
L’ivraie échappe au grain.
Tous les chemins m'étonnent.
Revoilà l’homme du train
et sa prune étoilée
de calices et de gommes.
Comme avant le festin
sous un buisson de neige
tenant à presque rien
par un canal abstrait,
on sort de l’aquarium.
Le malin nous dégomme
L’embrassage épineux
crisse sur les graviers,
on déploie les regrets.
La sève fond sous l'écorce.
Comme avant le festin,
s'embarquettent à Saint Point.
On sait qu’il va tomber une pluie
sur Cours la Ville.
Dième ouvre sa forêt.
On bifurque à Mardore.
Dieu ! qu’un mauvais virage
nous gèle dans son horloge
qui ne tient à demeure.
Esprit, durée, saveur
suffiront à soi-même.
Un objet flambant neuf
dans le polystyrène
attend l'anniversaire
le printemps va sans coeur
et les préliminaires redeviennent
Photo : On se taille en Corail. (la preuve est sous l'image).
Lyon-Perrache © Frb 2013.
vendredi, 01 février 2013
Avalanche
Et je m'en vais à Panama pour vivre en sauvage. Je connais à une lieue en mer de Panama une petite île (Taboga) dans le Pacifique, elle est presque inhabitée, libre et fertile. J'emporte mes couleurs et mes pinceaux et je me retremperai loin de tous les hommes.
Il n'a rien entendu de particulier, il s'est contenté de regarder. Il est sur la ligne de départ. Autour de lui le bruit gagne. C'est le seul argument qui retient l'attention, et semblable aux mouvements précédant un parcours, lassé de parcourir, il voit le paysage réduire les perspectives, quelques mots devraient suivre, qu'il tait. Il ne suit pas.
Ce thème est un motif qui vaut un peu la peine de décrire ce qu'il reste, ce qui va disparaître. Il choisit la plus sotte expression parmi des milliers d'expressions possibles, un confort creusé en ce trou, un nombril aspirant, tiède encore, les plaies brûlantes de l'homme, ou les battements d'un coeur humain pas plus qu'un aspirant de rien allant à l'interligne dans l'épaisseur du bruit glorieux de ses échos.
Il y a le temps qui vient, dresse une chape et ça couve sous son poids de chair vive, ça donnera une valeur factice à la surface, quand une porte bat aux vents, quand l'éclat de ces feux attractifs rend l'univers massif, il referme sa fenêtre, il n'aura bientôt plus à se battre pour les siens.
Il a rayé son nom, il a songé aux possibilités d'anéantir enfin sa faculté d'écrire, pour s'en remettre à ce silence d'une cathédrale ou d'une bibliothèque. Oserait-il au moins peindre ? Des Carceri à la mine de plomb, le prix de ses efforts, et puis des fleurs encore, quelques lettres de l'île puis la disparition d'une marge qui portait la couleur dans une ligne de fuite. C'est peut-être un ersatz ou c'est le labyrinthe d'un lieu qui nous décime, milles convives aux fenêtres entre eux autant de vitres, là, de grandes mosaïques comme à Constantinople.
Il fouille dans cette matière, quand revient la jachère, il y voit un soleil privé de ses ombrages, l'espace habituel où chacun arbitré dans le langage d'un autre réfute l'obscurité porte une perspective de puits et de falaises sur une place noire de monde.
Un mot encore si près à le couvrir de honte, y affûtera son verbe et l'éloquence qui vit toujours en légéreté, impérieusement tenue portera à nos lèvres l'unique grande vérité, la tienne et celle des autres, dans ce fût, sur l'étage du Beaujolais nouveau, la langue et sa piquette, t'as vu ces grands tonneaux à présent tu t'étonnes qu'ils se déversent copiant le bruit du pacifique, épanchant une série de vagues bien tempérées et délayant le corps qui se tait, le défait, comme se défait le verbe.
Il ne peut rien en dire, nous capturons de force ce point d'inanité, c'est à peine une cible qui nous veut repliés dans cette obscurité, elle va nous réfléchir, nous briser, l'emporter, qu'en sait-on ? Qui pourrait nous instruire ?
Nous serions tels que lui, des modèles d'écorchés, barrés de croix, de traits, des figures portant peine à la brutalité où la mort du désir peut encore l'emporter, ne tiendrait qu'un espace lentement annexé ; l'innocence consommée, il faudrait retrouver un mot à prononcer pour cet homme qui ne qui ne sait plus parler.
Un pas de plus, il souhaite couronner son effort, dépasser les obstacles pour bâtir un royaume au flottement discret, des airs de flammes muettes courant sur nos jouets qu'une vague achemine dans le ravissement où l'ignorance nous tient à tout heure disponibles, un bon rire à demeure tel qu'il fût toujours prêt, générant une série d'accidents, de minuscules enclaves où le mot est jeté où le désenchantement se reproduit à l'identique, tandis qu'il essaye de jouer pour simplement jouer.
Un pas de moins, les marchands de plaisirs passeront sur sa peau un baume rafraîchissant, il reluit à nouveau il est comme liquidé mais il reluit pourtant. On peut le suivre ou l'oublier se faire lentement rattraper ou souffler ce pion solitaire, mais cela n'a pas plus d'importance que ce qui est secret et devra forcément nous taire.
Il payera. Il payera en retour du désir affamé de s'affamer encore, quand l'oeil fou qui dévore des vies à la seconde aura mis des cailloux dans cette immense bouche, la sienne voudra se clore, saborder ce qui porte en dedans, ne trouvera aucun mot pour extraire une manière de recommencements à cette fin qui résiste à comprendre.
On connaît le passeur obligé de se rendre. C'est partout le même quai, alignant une suite de croix et de carrés. Partout c'est un poème qui recomptera ses pieds, ça forme sous le soleil quelques cristaux de glace et des ronds de fumée quand la lumière prend l'ombre ou peut-être autre chose, la marche se soustrait, l'homme fume une cigarette et nous voit sidérés que le vocabulaire n'ait jamais su faire mieux que nous aider à exprimer cette sensation profonde de n'avoir rien à dire.
Ca fait longtemps qu'il sait. Il mâchera les cailloux, et sentira la terre lui porter des pelletées, un semblant de jachère devenue cette palette de noirs et de blancs contenant un ensemble de couleurs ou l'absence de couleur. Il goûtera la nuance, afin de se mouvoir d'un espace à un autre sans tirer aucun trait, aucun plan, aucune des conséquences. Il est dans les reflets ou l'absence de reflet comme à ces premiers jours, naissant un peu trop tard, il a pris de l'avance, il se pelotonnait contre un arbre et goûtait au silence sous un ciel moutonné masquant les voix violentes, des ébats festifs d'où revenait puissante, une foule assurée.
Il n'y a plus à douter, pour traverser les lignes, sortir de cette violence, on se dit que parfois il faudrait marcher seul, quand la mécanique sourde continue à cibler, à broyer, elle n'aura pas de phrase pour dépouiller le geste qui recouvre le ciel d'un champ de tournesols. Il n'aura pas besoin de ces flux de paroles pour aimer ces baigneuses divines indolentes ou saisir le silence d'un dernier grand concert dans la fine transparence, les nombreux coups de couteau donnés à la matière, sont peut-être identiques, à ceux que l'on nous donne.
Un mot ne tiendrait pas à capturer cet homme, ou demander pourquoi ces entailles n'ont pas entaillé le visage des nombreux regardeurs ? La question le déplace. Il est là, et il fume du tabac parfumé. Son geste le retient, entre une drôle de clarté et le flou inhérent à la nécessité de se tenir toujours plus près du précipice. De n'en rien ignorer, à présent, il savoure plutôt garder ce vide bien en main, que de craindre l'effroi qui le rendra muet, avec cette habitude de ne parler qu'à soi, d'en ressentir l'outrage sans pouvoir accepter que nous serions tenus de battre ce pavé, nous livrer, nous lustrer, cumuler les effets, de quoi bien tapiner.
Il redoute le courant réducteur, et le malentendu qui placera son coeur d'homme entre le singe et la savane, il comptera sur les doigts d'une seule main ceux qui ont pu survivre à cela sans se fossiliser, sans se faire braconner, ceux qui ont pu créer encore, pour changer la vie quelquepart, pas seulement l'énoncer, non seulement l'énoncer, mais l'appliquer sur soi, pas gagné ! ce qu'il reste de cobayes ne serait pas si doué à satisfaire ces files qui se massent aux musées, des foules reconnaissantes, l'artiste mort estimable, une somme de vies ratées pour battre des attraits, mourir dans les images.
Longtemps, longtemps plus tard, il trouvera quelques pièces détachées, elles nous tiennent à portée sur un filet de bave, un cri vaste oublié, le prenait corps et âme, et pouvait nous relier par une sorte de chant du monde inépuisable, mais encore trop lointain. Il a vu ce matin, Panama sous la neige, et sa jeune vahinée venue emmitouflée le plongera à nouveau dans l'extase.
De la neige et une bestiole inoffensive pour adoucir la dernière ligne droite de l'an 2014.merci à ceux qui ont suivi ce blog, malgré un temps d'arrêt involontaire, une panne d'ordi, et la vie (la vraie) s'y mettant en travers j'ai dû m'astreindre à des obligations laissant la panne courir en cette années si peu clémente qui m'a contrainte à imposer au blog une sorte de latence, le courrier est en rade, depuis pas mal de temps avec un sérieux bug et un bazar en dedans encore compliqué à résoudre Mes excuses à ceux qui ont écrit, des mails dont certains datant de cette été ne me sont parvenus que récemment, des courriers sont perdus, pour l'instant, introuvables, ici une zone de flou d'autres les courriers rescapés restent en rade la possibilités d'acheminer correctement les réponses restant aléatoire, je m'abstiens pour l'instant, à suivre, donc, pour l'instant je dédie au Noêl et à la Noêlle et aux autres, s'ils s'y trouvent
Echappée belle : à lire et regarder, le livre de Gauguin, "Noa Noa" paru aux éditions J.J. Pauvert en 1988.
Photo : Taboga en hiver, ou le départ de l'élandin.
Là bas © Frb 2013.
mardi, 08 janvier 2013
Le premier mouvement de l'hiver
Accueillir l’oubli comme l’accord avec ce qui se cache, le don latent.
MAURICE BLANCHOT : extr : "L'attente, l'oubli" éditions Gallimard, 2000.
Prévision/ c'est écrit dans le ciel:
http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2010/12/05/ly...
ou bien ça recommence:
http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2011/03/08/le...
Photos: Un petit interlude alcestien. Juste un lieu où s'abstraire, loin de nos liturgies festives contemporaines et autres bizouillages zéfarants, auxquels je préfère (c'est personnel) la dendromancie, d'un genre triste, mais toutefois prometteur...
Là bas © Frb 2013.
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mardi, 01 janvier 2013
Arrive que pyante !
Y z'y a eun'an, tot l'monde d'jot qu'2012 s'rot pas terrible mais qu'y irot mieux en 2013. A çt'heure nos entend dère qu'y s'rot putôt en 2014 et encore, qu'y pourrot s''arrandzi. Y m'fait penser à la Mère Martin qu'fayot avancer sa bourrique en li pendant eune carotte d'vant le nez. Mais la pourre bête arrivot dzamais à la rattraper... Dze crais qu'si nos arrivains à faire ç't'année tot c'que nos ans pas pu faire l'an passé, y s'rot dj'à bié.
Extr . des Libres propos du PERE MATHURIN, extr entretien in "La renaissance" hebdomadaire régional N° du 4 Janvier 2013, n°4062 (1,50 euros seulement, à la maison de la presse de votre bourg)
Nota primau :D'zai mis le tçépiau à pieume et les sabots d'zai fait un pt'chet discours en patois tçarolais "ordinaire" par la voix du père Mathurin, comme nos dit audzord d'audzord'heu, p'amusé l'monde y p'faire le pendant au biogue du Drolan mieux connu sous la pieume de Solko, que fait des voeux du tonnerre en patois lyonnais et tot le monde z'ya le droit d'y lire, tant que c'est à l'oeil tot le monde peut y faire en y cliquant dans le bitonio (qu'éto un mot pas de souche patoise ni tçarolaise ni lyonnaise mais que s'adresse au monde qui sait causer dans les gougueilles ou qu'y z'y touitau ou les amis qui vont dans la tête de bique comme les gognants du tsarmillon s'en vont le mardi au marché de la queue rousse.
Le lien qu'étau par dessous faut appuyer dessus un chti coup avec vot' manivelle ou le traque-pattes et :"qui l'aura beau le montrera".
http://solko.hautetfort.com/archive/2012/12/31/qui-l-aura...
Nota deuziau: si z'y en a un bon tas qu'mant fait savoir qu'z'y étaint pas bin contents, ou se faison du souci dipeu la fin l'andouze pis l'début de l'antraise où d'zai trainiaudé d'zai dit y'a pas mal d'années qu'ici y'étot que du tç'antier et de la trainiauderie, rin d'autre, y'étot pas autrement dze dis ç'que d'zvoux quand d'zen ai envie y sera pareil à l'antraise mais si un dzeu d'zarrive à êt' moins faignante d'ze ferai t'sonner la cloche, mais d'zm'ai dit qu'au pouyot y faire bié d'boulot d'pu que la bête arrivot dzamais à rattraper ct'engin d'malheur qu'a tchu, et que marchot moins bien que ma bourrique. Mais y m'fait todzos piaisi à y causer aux feunnes et aux gars, à tot l' monde qui irot farfouiller sur ctu biogue depuis un bon moment y'm fait piasi d'autant que si z'y farfouillon pas, n 'y aurait pu rin du tout.
Tant qu'on peut y faire à not' guise qu'on nous donne pas des coups de triques, srot djà bié, mais ct'antraise nos se laisseron pas martsi sur les pieds, srot pas plus mal ainsi.
à toutes et toutes j'y t'chouette
Bonne Année de l'antraise (et surtout la chantée)
(et n'allez confondre les beaux voeux avec les beaux viaux, même si l'viau doux est toujours d'bout) (j'y r'note un aut'coup, ça veut rin dire c'est juste pour faire une fantaisie)
Notatreziau : J'ajoute en français (c'tu coussi) que si le patois tç'arolais du Père Mathurin est d'un patois "ordinaire" très correct le mien est approximativement bricolé, m'en excuse auprès des puristes, "y faut bin faire d'z'erreurs avant que de y être parfait" a dit le gars qui a construit le bacarouler du côté de Vendenesse, comme c'est pas si facile de tout y faire entrer d'un coup dans notre serre-veau, je vous laisse ci-dessous des liens si le parler patoisant vous intéresse, vous trouverez là, un atelier de recherche linguistique très sérieux à cliquer ci-dessous :
http://www.publibook.com/librairie/livre-universitaire.ph...
http://aune.lpl.univ-aix.fr/lpl/personnel/rossi/marioross...
Traduction du titre : "Arrive que Pyante" signifie "advienne que pourra", (sous entendu: peu importe ce qui en résultera). ex : "Faut pas s'laissi aller à l'arrive que pyante".
photo: Y'a des quoues d'vatses dans l'cié, i va pyoure d'ici deux dzos. (Il y a des traînées nuageuses dans le ciel, il va pleuvoir dans les deux jours.). Saisie dans la rue principale du bourg boscomarien qui n'est pas exactement racholais mais nabirosinais faut quand même pas tout y confondre
Very special dedicace et autres précisions : Merci à celles et ceux qui ont participé durant l'andouze à ce blog, évident qu'ils seront bienvenus à l'antraise. Mes excuses assez plates aux amis, lecteurs et commentateurs auxquels je n'ai pu répondre dans un délai raisonnable à cause d'un beugue dans la boîte à maille qui dure depuis des mois, enfin une pensée pour mon ami Jacques qui pédale à cette heure quelque part entre les ch'mins du Sud et les brumes sournoises du Nabirosina.
Bois Ste Marie © Frb 2013.
lundi, 24 décembre 2012
Ciel qui traîne
Les larmes du monde sont immuables. Pour chacun qui se met à pleurer, quelque part un autre s'arrête. Il en va de même du rire. Ne disons pas de mal de notre époque, elle n'est pas plus malheureuse que les précédentes. N'en disons pas de bien non plus. N'en parlons pas.
Samuel BECKETT : "En attendant Godot", éditions de Minuit, 1952.
Photo : Quelques jours avant minuit. Sous la dernière lune ou le répit. En attendant le petit (ou grand) jour, fêtez en paix, s'il est possible...
Lyon / Tabareau © Frb Décembre 2012.
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mardi, 04 décembre 2012
Nous et autres
La vie est-elle seulement faite de morceaux qui ne se joignent pas ?
Nous aurions tant aimé pouvoir les assembler afin d'en trouver une forme reconnaissable, nous avons recollé un peu, quelques jointures à la surface qui se décomposeraient au moindre souffle. Nous y avons appliqué des mots comme des baumes, la terre tenait bon sous nos pieds mais nos pensées étaient plus mesurées. Nous tentions d'esquiver ces parterres qu'il faudrait toujours écraser pour se tenir ici, debout dans la lumière. Nous regardions les feuilles rétrécir, l'or de l'automne virer aux bruns foncés, une vase légère déliait les passages des boutiques. Les ponts devenaient utilitaires. Nous n'irions plus nous attarder à contempler les flots. Sous l'eau encore limpide, rien ne nous promettait que ces flots pouvaient encore rouler jusqu'à la mer. C'est là bas une force contre laquelle nous n'avons pas eu le courage de nous opposer, nous sommes entrés dans les formes prévisibles de la parole, le bruit gagne. Quelques voix nous séparent et nous ne pouvons rien réparer.
Photo : La disgrâce. Parc de la Tête d'Or © Frb 2012.
samedi, 01 décembre 2012
The last waltz
J’aime l’automne, cette triste saison va bien aux souvenirs. Quand les arbres n’ont plus de feuilles, quand le ciel conserve encore au crépuscule la teinte rousse qui dore l’herbe fanée, il est doux de regarder s’éteindre tout ce qui naguère encore brûlait en vous.
G. FLAUBERT extr. "Fragments de style quelconque" in "Novembre"
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mercredi, 28 novembre 2012
Le loup dans mon oeil gauche
"Je suis riche de pauvreté"
CHOMO alias Roger Chomeaux propos recueillis par Laurent Danchin in "Chomo" éditions Claude Simoën, 1978.
Parler du royaume de Chomo c'est pour l'heure, une figure de prétérition, une préface pour vous dire que nous ne l'évoquerons pas ce jour ou très peu, l'univers de Chomo servant à ouvrir une fenêtre sur une autre manifestation, mais je reviendrai aux oeuvres de Chomo, prochainement puisque nous en aurons le temps et qu'il me paraît plus pressé de parler d'un spectacle donné par la compagnie de l'Iris, (et son théâtre villeurbannais) aujourd'hui bien connu, dont nous soutenons sans réserve les créations et la démarche exigeante au fil du temps, pour que l'art vivant le reste et puisse encore se partager simplement. Le theâtre de l'Iris, on le sait, en plus des nombreux spectacles qu'il propose et crée depuis des années, reste une mine d'explorations surprenantes, d'échanges entre des disciplines scéniques très différentes, où la rencontre avec les acteurs, les créateurs, les auteurs, offre une approche généreuse autant qu'une interrogation constante de la vie au spectacle et réciproquement. L'Iris a résisté contre vents et marées et continue à chercher et triturer dans l'humain, des sources classiques à contemporaines jusqu'à celles oubliées ou encore incréees avec un soin scrupuleux de réflexion, de transmission, le tout très accueillant.
Pour ceux qui souhaiteraient se rendre à ce spectacle (je vous le recommande chaleureusement) il s'appelle: "Le loup dans mon oeil gauche" pour ceux qui ne connaissent pas, ils trouveront le théâtre de l'Iris au 331 rue Francis de pressenssé à Villeurbanne, l'endroit ne manque pas de charme puisque c'est en 1988 que la Compagnie s'est installée dans un des derniers petits cinémas de quartiers alors que le cinéma permanent par exemple le "Fantasio" (premier cinéma à s'équiper du parlant, non loin du coin des frères Lumière, ô capitale du cinéma !) a vu depuis des lustres sa mémoire effacée, contre l'avis des habitants pour grossir la cité dortoir, il n 'en reste quasi aucune trace, quant à la création, aujourd'hui dans la rue de nos ateliers, les derniers îlôts artistiques, lieux d'échanges officieux sont déjà sous les bulldozzers, les notres frappés de servitude, c'est dire (-dits graissons-), par les temps qui courent, combien le lieu où l'Iris a choisi de poursuivre ses créations demeure précieux et nécessaire, il colle parfaitement avec l'esprit de son theâtre où la création résiste en peaufinant son art et souvent le fait voyager. Le projet initial toujours en évolution, le théâtre de l'Iris reste aussi un "passage" (au sens imagé du passeur) pour rencontrer des oeuvres et des artistes rares.
C'est encore la compagnie de L'iris qui vient nous offrir aujourd'hui une traversée aussi profonde qu'époustouflante dans l'univers singulier de l'art brut. Trop rarement célébré, on ne sait pas exactement quelle place lui accorder, lui qui semble n'en vouloir aucune. Il y a dans l'art brut des attraits mystérieux, des sentiers qui s'évasent...
Chaque jour à notre insu, des gens, des anonymes et inconnus dits "ordinaires", après ou avant leur travail, créent, dessinent, découpent, peignent, bâtissent, inventent, sculptent ou écrivent. Rien que de banal, direz vous ? Rien de plus extraordinaire au contraire, lorsqu'il ne s’agit pas de leur métier et que ce qu’ils font là, ils le réinventent totalement, sans l’avoir jamais appris. Passion, visions, transcendance, mais aussi désespoir et quelque fois maladie.
Ce spectacle vaut la peine d'un petit déplacement (même dans le froid) puisqu'il est encore facile aux lyonnais (et à ceux de passage) de s'y rendre, à métro par la ligne qui mène direct de presqu'île à Laurent Bonnevay, il suffira de descendre à la station Cusset, et filer au theâtre, pour le plaisir de se retrouver "embarqué...
extraits:
Le facteur Cheval ramasse des cailloux sur les chemins, perdant quelque fois le courrier,
Aloïse institutrice contrariée dans sa vocation de cantatrice tombe éperdument amoureuse de Guillaume II, elle écrit et dessine depuis,
Jeannot a inventé une machine à tailler les vignes, mais se fait voler son invention et se réfugie dans un autre monde,
Jeanne se voue au spiritisme et à la divination puis dessine, brode et écrit le restant de sa vie en devenant Jeanne d'Arc,
Un autre Jeannot de retour de la guerre d'Algérie s'enferme chez lui pour sculpter un texte halluciné dans le plancher de sa chambre,
Jean-Pierre, quant à lui, nous révèle les origines de l'espèce humaine et du langage dans un Evangile de mille pages qu'il fait tirer à son compte et distribue gratuitement. Il y dévoile la Grande Loi cachée dans la parole et nous démontre la prodigieuse évolution humaine : l'homme descend de la grenouille !
La pièce a été mise en scène par Caroline Boisson et Philippe Clément, conçue et écrite par Philippe Clément d'après les oeuvres de Jean-Pierre Brisset, Aloïse Corbaz, Samuel Daiber, Henry Darger, Jules Doudin, Henri Besse, Zdenek Kosek, Lobanov, Marmor, Petit Pierre, Simon Rodia, Jeanne Tripier, Walla, George Widener, Scottie Wilson, Adolf Wölfli etc…
Elle est servie par quatre acteurs (performers) éblouissants: Hervé Daguin, Martine Guillaud, Serge Pillot, Didier Vidal, chorégraphiée par Maryann Perrone, les costumes pas piqués des hannetons sont de Eric Chambon, le son et les lumières, tout est beau, mais, allez voir, le spectacle est jubilatoire et pas seulement, c'est un écho, une émotion, une exploration, (préludienne ?) ramenée du "pays" de l'art brut, celui-ci fût défini par Jean Dubuffet.
ici, un extrait du manifeste de 1949, à propos de l'art brut:
Nous entendons par là, des ouvrages exécutés par des personnes indemnes de culture artistique dont le mimétisme, contrairement à ce qui se passe chez les intellectuels, ait peu ou pas de part, de sorte que leurs auteurs y tirent tout (sujets, choix des matériaux mis en œuvre, moyens de transposition, rythmes, façons d’écriture, etc.) de leur propre fond et non pas des poncifs de l’art classique ou de l’art à la mode. Nous y assistons à l’opération artistique toute pure, brute, réinventée dans l’entier de toutes ses phases par son auteur, à partir seulement de ses propres impulsions. De l’art donc où se manifeste la seule fonction de l’invention, et non, celles, constantes dans l’art culturel, du caméléon et du singe."
ou plus simple:
Les artistes d'art brut oeuvrent en dehors, sans références et souvent sans démarche intellectuelle.
Certes, il y a des grincements, il faut les éprouver de front.
Ces créateurs sont par définition des exilés, le chômage, le vieillissement, la maladie, parfois le handicap peuvent en faire des exclus. Certains malgré tout ont inventé leur chemin où il se tiennent, on pourrait dire "au bord du monde".
Si d'entre eux, quelques uns s'effondrent, condamnés à errer mentalement avec leurs créations, incapables de communiquer à quiconque leur langage mystérieux, d'autres sont parvenus à se reconstruire en s'exprimant dans cette marge grâce à l'art et à la création, pour le créateur d'art brut, l'idée de se glisser dans les programmes des musées ou autres n'est pas le but, les artistes d'art brut disposent d'une gratuité à laquelle nous sommes (principe de réalité oblige) assez peu disposés (quoiqu'on dise), les artistes d'art brut balaient par leur inspiration, les moues des sceptiques qui se demanderaient encore "l'art brut est-ce de l'art pas de l'art ?". Cela n'est pas le souci des artistes d'art brut. Leur vie même étant d'inventer un langage radicalement inédit et totalement dénué d'emprunts, leurs oeuvres ont à voir avec la pulsion, mais cette expression personnelle touche encore à l'universel, sans le secours de références (histoires de l'art, courants d'ismes etc...) jusqu'à ce que nous en éprouvions quelque fois le vertige, une sensation qui hésite entre la peur d'y contempler un puit sans fond et l'émerveillement enfantin devant quelque paradis retrouvé. Entre les deux autant de royaumes ou d'abîmes... L'art brut naît d'un élan vital qui tente encore d'échapper à la destruction à l'anéantissement et fait un retour sur ce que nous avons en nous de plus profond.
Bien sûr, on pourrait signaler certaines démarches d'art contemporain comparables ou très proches de l'art brut, certains artistes ont clairement revendiqué l'influence de l'art brut sur leurs oeuvres, d'autres sont à la "limite" mais quelque chose distingue le créateur d'art brut de l'artiste contemporain (prompt à se situer dans un courant): c'est ce point de "désintéressement" dont l'artiste contemporain déplore quelquefois qu'il se soit délité, voir perdu, mais les artistes contemporains ont besoin tôt ou tard de reconnaissance et peut-être (ça ne se dit pas trop) de louanges, même s'ils affectent un esprit "désintéressé", ce désintéressement de l'artiste (plus ou moins proclamé) peut sincèrement exister mais il ne sera jamais le même que celui du créateur d'art brut, en cela, l'artiste contemporain est assez éloigné de l'artiste d'art brut, qui se passe de reconnaissance pour créer, il ne cherche aucune approbation culturelle ou sociale. Peut-être est-il vestale de cette part angélique qui manque à l'homme plus ou moins "adapté"... (c'est une vue romantique, j'y mets quelques guillemets, il y en a de plus sombres), ce dont on ne doute pas c'est que l'art brut interroge au plus près l'acte de créer, et celui d'être au monde. Comment peut-on créer pour rien ? Et pour personne ? C'est une des multiples questions avec parfois celle des affres de l'univers mental et des frontières de la folie, de la raison - où ça commence ou ça finit ? L'art brut dérange sans vouloir déranger. Il y a bien une sorte de démarche ou plutôt de ressort, mine de rien, très puissant, chez l'artiste d'art brut, c'est le défi solitaire obstiné, qui prend forme quelquefois de quête obsessionnelle: puisqu'on se désintéresse à ce que sont ses oeuvres, eh bien ! soit ! le créateur d'art brut prendra sans notre permission la liberté de "tout dire" et de toutes les façons, sans qu'on accorde une responsabilité à ce qu'il dit, à ce qu'il est puisque précisément, on ne manquera pas de compétences pour le traiter de fou, ou moins encore, d'irresponsable.
(en guise d'introduction de Chomo à la pièce de Philippe Clément , le sujet reste à suivre...)
mardi, 20 novembre 2012
Etat des lieux
Pas de fluctuations possibles, d'écarts brusques, d'arrachements, de rapprochements imprévus, de soudaines fusions. Chacun ici est à sa place. Une place que rien ne peut lui faire perdre.
NATHALIE SARRAUTE in "L'usage de la parole", éditions Gallimard 1980.
Nous étions invisibles nous devenons absents.
Nous prenons la distance nécessaire.
Photo : Un matin d'automne au pied du mont St Cyr.
Là bas © Frb 2012
02:14 Publié dans Actualité, Art contemporain sauvage, Arts visuels, Balades, Ciels, De la musique avant toute chose, De visu, Impromptus, Le vieux Monde, Mémoire collective | Lien permanent
samedi, 10 novembre 2012
Vers l'idéal...
L’avenir n’est pas encore venu, le passé est déjà bien loin [...]
Il me plaît de marcher de travers ne gêne pas mes pieds. C’est le moment de laisser faire.
ZHUANG ZI : "Oeuvre de Tchouang-Zeu"
Adage : Quand les hommes s'en retournent au pays des Anatidés, ça veut dire que l'hiver ne va pas tarder
Bonus : L'affirmation du jour se multipliera sous l'image et la métamorphose sera presque achevée...
Photo : Saisir à la volée du haut (pas trop) d'une falaise lyonnaise (?) une pêche miraculeuse sur les berges du Mississipi qui ressemblent (étrangement ?) à celles de la Saône, par endroits...
Mississipi ou presque © Frb 2012
22:50 Publié dans Actualité, Arts visuels, Balades, De la musique avant toute chose, De visu, Impromptus, Le monde en marche, Le vieux Monde, Mémoire collective | Lien permanent
jeudi, 08 novembre 2012
Portrait du poète en chasseur de perdrix et autres fariboles
Suis-moi. sous ces ormeaux ; viens de grâce écouter
Les sons harmonieux que ma flûte respire :
J'ai fait pour toi des airs, je te les veux chanter ;
Déjà tout le vallon aime à les répéter.
ANDRE CHENIER extr. "L'oaristys" Daphnis in "Bucoliques. Idylles et fragments d'idylles", (le poème est disponible intégralement ICI)
Ayant tout dit, tout lu, il croyait en avoir soupé des feuilles mortes et le vent de Verlaine tamisait ces farines sous la plume refroidie d'un oiseau. Pendant que l'homme ordinaire roulait à la taverne, le poète à pipe et chapeau découpait les saveurs de la vigne avec de la Volvic puis miroitant ainsi sur ces monts et merveilles promettait de suer sang et eau pour écrire un sonnet à sa poule qui aimait la liqueur de griottes, l'eau de vie des figues et de nos damassons.
Les fruits mûrs grands ouverts glissaient dans ses corbeilles. Cela appartenait au grand monde à présent, le pays privé de soleil en cherchait un nouveau, troussant les rondes saisonnières comme les jupons des rousses qui flottaient sur la terre, on ne sût pas comment cet écrin d'amour éphémère fut dépouillé de son velours, on fît mine de ne pas connaitre l'endroit où la pluie croisa la tempête, une forêt poussée sous la brume miraculeusement épargnée cacha tout: douce gemme, mucus fragile louant hier les saponaires et les longs calices tubulés. Le poète soupçonnait le diable de vivre dans une noisette il la mènerait à la casse avant de la croquer.
A la saison d'automne plus tendre que les autres saisons, on croiserait des poèmes en petits en tas serrés posés sur un bureau bien à l'abri des courants d'air. On parlerait d'une voix grave un stylo d'argent sur l'oreille du "voeu" et de l'oaristys puis les mots muteraient en touffes de poils de martre, ce pinceau barbouilllerait les jaquettes qui vous bradent des couchers de soleil, du clair obscur, l'extase portant cette écume à vos lèvres chuchoterait : "l'automne est là" en nous, profond comme le ciel faisait valser hier, des lingots d'or qui voltigeaient sur la clairière pour se rouler dans la rosée, nulle chasse, nulle pêche d'alors, juste une cueillette histoire de dorer quelques verbes en rougir jusqu'à la consomption.
Le poète dût réapparaître, souriant pipe au vent, avec son braque Sultan seul compagnon fidèle et facile à aimer, il sonna à grand cor l'ouverture de la chasse, et promit qu'il nous ramènerait une étole en fourrure de petit lièvre, un pagne en plumes du faisan vénéré, des porte-manteaux en pied de biche, une bague en genêt d'or. Prêt à tout embraser, le poète sortait de la campagne cachant dans sa veste de chasse sa couronne de laurier, les couleurs incendiaires affolant son plumier, il tira en premier sur les pattes en corail d'Yvette, une jolie perdrix aux yeux rouges, qu'il blessa mais ne pût achever.
Nous ne reçûmes pas l'étole en fourrure, ni le pagne, pas le moindre petit morceau d'un porte manteau en pied de biche et la bague en genêt (pour la beauté du geste) arriva si fanée qu'il n'osa pas l'offrir. Yvette ayant troublé follement le coeur du poète, il lui construisit un nid de broussailles dans un petit bois rouge et or, y fit mettre tout le confort, délaissa sa vieille poule pour s'installer dans l'arbre avec la perdrix. Ils vécurent heureux d'amour et d'eau fraîche coupée d'une quantité épatante de liqueur de griottes, figues et bons damassons. Ca pourrait finir là.
Epilogue:
En automne les histoires d'amour commençent bien, mais c'est sans parler du coucou, l'affreux coucou à poitrine rousse qui de loin avec ses yeux ocres épiait le petit nid d'amour. Le coucou lui aussi un jour partirait à la chasse - la chasse au nid d'amour - mais par respect pour la ronde des saisons, je vous raconterai la fin de cette tragique histoire au printemps. Si j'y pense.
Photo : Dans l'image toujours la même question. Sinon, c'est l'automne au jardin, tardif, plus sûrement à venir (et à suivre) ...
Là bas © Frb 2012
03:40 Publié dans Actualité, Art contemporain sauvage, Arts visuels, De la musique avant toute chose, De visu, Impromptus, Le vieux Monde, Mémoire collective | Lien permanent
mardi, 06 novembre 2012
Panier (by HK/RL)
"Je les vois se dorer ventre à l'air vos chanterelles d'abord dans une petite mousse grosnienne émeraude bordée de feuilles de chênes ocres puis bercées dans votre panier d'osier"
écrivez vous dans votre commentaire
d'où la photo ci-jointe pour vous prouver que votre "vision" est très exacte (retour d'une longue balade-cueillette en forêt des Trois Monts)"
HK/RL: extrait d'une correspondance automnale et gourmande, (ce n'est pas la première). Vous pouvez retrouver LR chez nos amis de Lieux dits (en ouvrant la fenêtre) ou vous pouvez rester ici en offrant votre corps et votre âme à ce divin panier pour en jouir sans entraves.
Musique: A very special dédicace to HK/LR, de correspondance en correspondances: John Cage était aussi un fin mycologue allumé par l'art des cueillettes il s'est tôt aperçu que "Music" et "Mushroom" se touchent dans plus d'un dictionnaire. Ci-dessus, un extrait de "Mushroom Haïku, excerpt from Silence".
Photos: Un panier de chanterelles et des parfums boisés, pour un monde attachant où l'or croît au grand air, se cueille à pleines brassées puis s'attache à nos lèvres. De quoi passer l'hiver très loin du CAC 40 dans la délectation insolente des plaisirs simples et gais, à humer sans vergogne un petit vin de région. Le cueilleur de champis (qui est aussi un marcheur, chercheur patient et silencieux), pourrait bien se laisser tenter au retour par un de ces Chinon de 10 ans d'âge, un salaire sans la peur, dans le crépitement des fricassées, nous lèverons nos verres à la terre, tant qu'elle tourne, (comme un plat de chanterelles), et trinquerons au tableau merveilleux qu'on pourrait appeler "le repos du cueilleur". Et ce n'est qu'un début...
from the Grosne's-Land © HK/RL 2012.
mardi, 30 octobre 2012
Le premier mouvement de l'automne
je vais entre des galeries de sons,
je flue entre les présences résonnantes,
je vais au travers les transparences comme un aveugle,
un reflet m'efface, je nais dans un autre,
ô forêt de piliers enchantés,
sous les arcs de la lumière je pénètre
les couloirs d'un automne diaphane,
OCTAVIO PAZ : extr. "Pierre de soleil" 1957, traduit par Juliette Schweisgut,
Nota : Pour visiter un autre premier mouvement de l'automne vous pouvez passer par ICI
photos : Feuilles de route, un jour d'Octobre dans la forêt.
Nabirosina © Frb 2012
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