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mercredi, 30 décembre 2015

Le murmure des forêts

Ils avaient dépassé le quartier du silence et d’ici on entendait la nuit vivante de la forêt. Ça venait et ça touchait l’oreille comme un doigt froid. C’était un long souffle sourd, un bruit de gorge, un bruit profond, un long chant monotone dans une bouche ouverte.

JEAN GIONO : "Le Chant du Monde", éditions Gallimard, 1934.

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Photo: Au premier mouvement de l'hiver, saisis sur le parcours roman, des fragments d'une balade en forêt, quelques figures et des murmures, recueillis dans l'air doux de Décembre. 

 

Là-bas. Frb 2015.

 

vendredi, 20 février 2015

Les errances du modèle (III)

Il est des êtres qui cultivent une apparente difficulté de vivre à seule fin de se croire supérieurs à ceux que ces tourments épargnent. Mais pourquoi celui qui souffre et cherche, devrait-il s’estimer supérieur à celui qui ni ne souffre, ni ne cherche ? Face à la vie, nous sommes tous des infirmes, et nul n’est fondé à se croire supérieur ou inférieur à quiconque.

CHARLES JULIET, extrait "Ténèbres en terre froide"Journal tome I, (1957-1964), éditions POL 2000.

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J'ai voyagé partout et j’ai les yeux fermés, pris dans les planisphères, fou des géographies et des rives anciennes mais je vis bien caché, blotti dans les fourrés gris de la taupinière, remblais des rêveries retombées sous un trait commun, définitif.

Le mensonge et l'oubli est tout ce qui nous reste, un fond de gouaches pressées, une histoire d'outremer sur velin démodé, et on s'étonne encore qu'au fond de cette nuit, le gris nous ré-invente un refuge accessible comme la dernière couleur quand la mélancolie fût changée en mépris, la dernière couleur même, qui n'avait rien trahi, c'était le gris venu en simples causeries avec le mal du soir. Le gris inavouable des mondes à Reverzy, sans film et sans nuance, un matin, nous surprit en mal de poésie.

Tu me dis que le gris de la matière immense est de toutes les couleurs  ;  je m'use toujours à croire que rester sur ce quai gris comme les grands trottoirs la nuit dans la cité, protègera des obstacles. Je rêvais de partir tout en ne partant pas, parce que plus je m'en vais plus le pas me ramène au regret de mes rives, plus je pense aux voyages, plus je voudrais rester, ici, et chaque jour repartir en balade pour flâner chez les miens, flâner où j'aime flâner.

Tu ne connais pas le temps dont l'être singulier a besoin pour aimer chaque rue de sa ville, tu ne connais pas les gens mais tu en parles bien, le nez contre ta vitre, écrasé à juger des minables qui n'ont pas eu la chance de s'élever grâce aux maîtres à penser, que tu nourris le jour en leur offrant ta vie, tu me parles de la chance, comme une belle récompense qu'un esprit affligé d'un tuteur disposé à régner sur son temps plus fin que les horloges, doit gagner au final. Perdre ou gagner, en somme, des blâmes et des trophées, au pied du métronome, c'était là, l'uniforme qui frappait les attraits. Et moi, je ne suis pas sûr de bien connaître le rythme et le temps qu’il faudra à un Homme pour aimer se refaire une vie au même endroit, afin de mieux comprendre ceux qu'il doit rencontrer, ou qu'il souhaite retrouver et qui l'ont oublié comme au temps quand chacun s'était cru destiné à construire. Construire quoi ? Un Royaume ? Devenu cet empire de mots désaffectés, chacun à sa marotte, secouant un hochet.

Au fil du temps j’ai vu que je ne connaissais rien, ni mon père, ni ma mère, ni ceux qui me nourrissent, je me croyais porté par eux, floué parfois, plus malin que les autres, mais c’est une illusion due à la négligence, de prétendre que les autres ont perdu la mémoire, que la mienne est intacte. J’avais le feu au cul, et toujours en partance, je voulais m’éveiller, faire le tour de la terre comme s’il s’agissait de se multiplier, avec des noms de guerre cachant la même figure qui prend ses habitudes dans les espaces broyant des ferrailles aux rouages de nos locomotives couvrant les sons feutrés de ces belles courtisanes capturées dans des livres : on voyage comme on ment, on s'en va pour se fuir. Oui, sûrement. Et ensuite ?

J'ai gardé les billets dans les petites affaires, c’est une peau de chagrin poinçonnée en vitesse, mais en réalité je ne suis jamais allé plus loin qu'au seul chapitre d'un livre d'histoire-géo de la classe de 3ème, illustré, condensé de l'Europe au vieux temps : Bruges, Sienne, ClunyCoutances ; à travers la routine, quelques allers-retours, vrais de vrai, cependant, je brodais autrement des vues nettes pour l'ailleurs, m'entichais des merveilles de désastres naturels, rêvant du temple blanc dans le tremblement de terre, des vallées de la mort aux vallées de geysers, recouvrant les fragments de mon simple décor, je me fis chercheurs d'art, et je croisais des âmes tombées du vieux théâtre, j'envoyais de chez moi des vues de villes lointaines qui prouveraient un jour que mes faux-grands voyages, étaient clairs et limpides au moins comme l'eau de roche coulait dans les cuisines tapissées de photos de famille, de copains et copines en sweet-shirt au camping, et de notes et de frises baillant du papier gris entraînant ces ressorts où parti pour là bas, sans sortir du carré d'un quartier villageois, je promenais des absents, les tirant par la main hors des murs de l'enclos, jusqu'au dernier portique.

Quand je reviens chez nous, tout me semble se réduire à ces vagues raisons qui m’avaient fait partir, je les retrouve entières, elles me happent au retour, je pourrais fuir encore, j’ai allumé des feux que je ne peux plus éteindre dont les braises mourantes m’asphyxient peu à peu. Je croise virtuellement des gens qui m’interrogent, je ne sais plus quoi leur dire, je pinaille, j'improvise. Je salue d'autres humains qui disaient n'être rien, peu à peu, je m'y vois, asservi à porter leurs habits au pressing, je me fonds dans l'étoffe, elle me va comme un gant. Je témoigne en deçà, des langues qui décomposent et fracturent nos souvenirs. Les ratures s'émancipent. Un vitrail nous sépare désormais du vrai monde. Vu de loin, quelquefois, on croyait voir brûler du foin sur les reliques. Vu de près, on sait pas, mais quand même, on s'informe.

J'entends encore le rire tonitruant d'un fou reluquant sous le cuir des valises un trésor fantastique, il voulait revêtir les précieux ornements inspirés de ces vies qui ne m’appartiennent pas. J’avais accumulé, il faut dire, une belle petite fortune en bradant des portes et des fenêtres pour me rendre au final à l’idée de revendre le vent qui venait de Saturne, c’est drôle de voir des gens acheter n’importe quoi, pour peu que l’emballage soit bien mis, que le slogan séduise. J’enveloppais des bouts de vent dans du papier journal puis je me consacrais à des collections rares de coquillages géants en forme d’escaliers j'en faisais des bracelets et des boucles dorées qui collaient aux oreilles, après quoi, la breloque semblait un don cosmique.

J’offrais tout. Je soldais le dernier cri du monde, c'était moi, l'extatique survivant des razzias qui liquidait gratis, en veux-tu, en voilà : les vagues de l’océan, l’air iodé, la tiédeur et la grève, et la crème du bonheur qui vous rend invisible, ça faisait un malheur. J'éditais des plaquettes de poésie flottante, comme des mots enrobés à la graisse de baleine et tant que ça flottait, le monde était content.

Toutes mes vies insouciantes finissaient en dérives, j’abordais les pagodes où des femelles cupides songeaient pour s'embellir à me prendre pour idole, emballées du projet de mon fantômatisme, commençaient à poser sur mon seuil, les cadavres que j’avais oublié d’engloutir.

J’avais beau les jeter à mon chien, un bâtard émouvant aux allures d’ours brun, il me refusait tout et ne daignait goûter cette nourriture puante qui portait au dedans mes empreintes digitales.

Avais-je tué des gens pendant un long sommeil ? Oui, sans doute, mal tué, car je faisais tout mal. Même en vrai, même en rêve, ainsi revenaient-ils pour que je les achève. Ce sont des âmes qui errent dans ma tête, dit mon chien et mon chien ne voit rien. Et mon chien ne veut pas finir le sale travail.

Certains jours, il me parle, il me demande à boire - ne boit que dans ces mares que l’on frappe au champagne - il devient exigeant et je frappe tout liquide et il boit mes paroles et je suis fier de ça.

C’est dans les reflets vifs de ses beaux yeux dociles que je puise mon entrain, l’espèce d’humanité animale qu'il me faut pour survivre jusqu'à demain, au moins, et puis rester humain le plus longtemps possible. Avec lui, je suis moi, pas comme avec ces gens qui me posent des questions sur mon poids sur ma taille, et les autres qui recherchent le bureau du service après-vente des magasins du vent, ils menacent de procès ; ils me feraient crever à force de se plaindre. Les gens se plaignent tout le temps. A présent ils voudraient que je rembourse le vent, moi, qui ai marchandé sous prétexte... je ne sais plus quels prétextes ils inventent. Les gens sont décevants.

J’aimerais devenir moine, vivre dans un capuchon loger mon crâne ovale au chaud à tout jamais et prier sous des voûtes, finir vouté comme toi qui laçais tes souliers pour grimper la montagne et te coinças le dos, quand t’accrochant à moi, tu arrachas le masque, on t'a vu effrayé de ne pas y découvrir la personnalité dont tu avais crée précisément l'image.

Pourtant j’ai de la tenue, mon sourire est plaisant, j’ai les yeux qui s’éclairent dès que revient la nuit, et toi tu voudrais voir dans mes yeux le soleil briller avec les autres, tu voudrais m'emmener dans tous les cinémas regarder les chefs-d’oeuvres que la vie n’offre pas, tu voudrais que j’abandonne mon chien pour être à toi, il resterait tout seul comme les vieux chiens qui errent, là-bas dans les ruelles, je ne peux supporter ça, plutôt te plaquer là. Je suis vieux, j’ai cent ans de projets et des rêves...

Que fera-t-on de moi, quand je n’aurai plus le temps de voyager là-bas, vers ces pays mousseux ? quand je ramènerai sous mes bottes de sept lieues tout le vent, le vent que je remue, qui me fait exister et que je fourgue aux gens comme une panacée.

Quand ma cupidité ne me pousse pas à tout vendre, alors que moi, entier, je me donne gratuitement, je donnerai ma chemise pour un jour de brouillard, je donnerai mon enfant pour effacer ton ombre, et gouter sans broncher sur un gros caillou blanc, les mots d’un autre temps, je braderai la fille qui dépeupla son âme pour me couvrir de gloire, un jour, on m’emmènera au marché des esclaves, et je fouetterai le vent, je montrerai à ceux qui voulaient marchander qui est le maître, à présent.

Hormis ça, je ne fais rien. Rien de rien. Les jours passent. Les poèmes se délitent, et je tue quelques heures à écrire des histoires pour oublier l'effroi ; ces histoires de massacres, de partouzes et de fric. Je raconte des histoires fourbues de l'air du temps, des trucs de chiens qui parlent, de trains qui vont partout s'aiguiller sur des plages d'une cité noctambule jusqu'au blanc intouchable, avec vue sur un temple, des histoires, que d'histoires ! Elles n’iront pas plus haut que le son retenu dans cette gorge humaine qui remue son refrain et le chante comme une ronde qui se danse également, guettant la voix de l’aube, la voix désemparée contre le vent du soir, qui ne cesse de souffler : 

“un beau jour, tu verras, un beau jour, j’irai loin”.

     

Photo : Voyageur immobile, modèle III, une rencontre, lunatique, erratique, rêvassant dans la nuit devant la vitrine du printemps en hiver (gris tirant sur le brun, j'admets).

 

  

Lyon Presqu'île : © Frb 2014 remixed 2015.

mercredi, 21 janvier 2015

Aimer le chétif

J'avais envie de dire quelque chose, de le rompre comme du pain, le silence.

CHRISTIAN DOTREMONT extr. "Les grandes choses" 

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Ogres et géants assistent à nos raclettes.

La petite dans sa cage tapotait sur le bec d’un oiseau et les cris déchirants de la bête nous arrachaient le coeur.

L'humain, noble chétif, apportait les z'oizelles et de juteuses mûres, des volailles à pieds d'ange, ce serait les dernières.

L’ogre savourait encore les orties dans sa grange. Il tombait une belle neige barbouillée de groseilles et le bonhomme fondait au milieu de la route avec son rire tenant le notre en hébétude.

Sur les murs de la chambre un vacherin couleur miel camouflait des moellons, c'était le bas de laine, une vie de pâquerettes à motif libertaire,

la petite tirait la langue à cette drôle de neige, le bonhomme dégorgeait, l’ogre dormait en ronflant, la mère faisait des crêpes, et l’ado, né-rebelle, un nid de faune dans l’oreille répétait à tue tête "on  y va ! on y go ! on y va ! on y go!".

Ogres et géants sifflent nos anisettes,

piquent dans nos sacs nos sucres, nos pétards et nos pêches, s'aspergent à nos pipettes puis embaument leur crête des arômes du grand musc d'Ovibos Moschatus.

L’un des derniers poètes sirotait sur son banc, l’hypocras et le ciel se couvrait doucement d’un grand voile écarlate, vu de l'escarpolette on aurait dit du sang.

La petite dans sa cage portait un jupon blanc qui flottait dans sa tête, elle martelait penchée, en arrière, en avant, le bâton de rouge à lèvres mélangé à la terre, farines et dissolvants

l’ogre sautait sur le banc de son frère et la terre s’en trouvait parée de brisements. Le bonhomme souriait sur ses mains grosses de neige, serrant l’air de l’hiver, la tempête et le vent.

Ogres et géants dévastent nos palettes,

un bras de mer roulé au pays des congères pour embraser la guerre, l’ogre mangeait un flan. La petite dans sa cage comptait les vers de terre sur les corps des amis par milliers, ruisselants,

et la chaleur humaine dans le bonhomme de neige devenait un cortège au grand air débonnaire, on ne sût pas pourquoi cet air était glaçant, une flaque dans nos gamelles.

Ogre et géant funestes retardaient les horaires.

Le benêt cajolait des cachous sous sa dent, le froid cloquait les ailes des bébés-cormorans.

La petite à genoux priait la Bernadette qu’on la sorte à présent du trou où les gisants se transforment en lichens, et les mourants reprennent des airs de bons vivants.

Une gondole échouée près d'un mur en coulisse s’était mise à rouler, la petite écoutait. Ces bruits lui rappelaient les chantiers de Dunkerke, caresses à l'océan,

le dadet retournait à ses mondes étonnants, l'américain suaire bouclerait ses bonnettes sur un vaste désert et des vues d'ouragan.

On dut voir l’encre sèche cacher les pansements. Quand l’ogre tremperait ses lèvres dans un grand bol de crème, il serait 5H30, l'aube s'ouvrirait violette à nos gigues mourantes, et le dernier candide sous le premier soleil, ne verrait pas les vrilles attachant la petite secouée dans sa cage qui riait mollement.

Ogres et géants étouffent nos chansonnettes.

Des croisés sur un rire barré de rouge ardent, la parole agrégeant un noeud sur sa ficelle, le géant décrétait. Sous un ciel apaisé, les pigeons communient dans le vin de bohême. Le nez devient complexe.

On voit les dieux-enfants suspendus à l'envers aux branches du pommier blanc, les bébés cormorans se ramassent à la pelle, une mémoire s'épanouit hors des lousses maraîchères, les femmes occupent l'hiver, les marins sont marrants. 

Ogres et géants boursouflent nos crapettes

Diable ! que les dieux sont bêtes ! à parquer les comètes dans l'osier des volières, où de grands fauconniers pleurent les joujoux d'antan.

La neige tombe en poussières, si les voeux sont troublants, les coeurs flanchent à travers.

Le rouquet boit son lait de jabot sous le lierre, on annonce pour demain, un peu de neige en plaine, l'ombre porte le gel. Les jours vont sans oreilles.

 

In situ: Jour de grâce à l'hôtel, les pigeons retombés sur un tapis de neige, vaguement allégorique, si on veut. Bien aussi malins que les pingouins, nos pigeons - Ce Qui Fut et Ne Fut Pas Démontré - juste vus de concert entre autres hybridations, parmi de nombreuses "curiosités", mues de l'époque épique.

Photo: à l'aube d'une ère nouvelle, la photo officielle, nous y étions, déguisés en Charlots, (bien partis à la faire, la guerre, la dure ! la vraie !) armés d'un stylo bille, dans la cour des petits, d'accord, mais assez dignes, engagés et lucides, droits dans nos bottes, et hop ! to hope is to live, hop ! et hop ! en doudoune sur la place des Terreaux, partis à la marche des Charlie qui se trouvait place Bellecour, en fait, bon, on n'est pas des héros,,"l'erreur est presque humaine" a dit l'ogre, tout là haut après avoir fouillé la bête et sa f(u)leur polétique, se fut fée, et enfin nous pûmes rationnellement rejoindre les camarades pour la photo, pis aller à l'after, voilà, un monde d'images, à suivre, peut-être, ou pas, une promesse intenable pour l'instant...

Moralité: y'en a pas, toujours pas, enfin, si, y'en a une, on la pigera après quand on sera très très vieux. On peut toujours sourire, et suivre de loin, chouïa, pour le temps qui nous reste, desfois qu'on anticipe, des feuilles mortes à la pelle qui se balayeraient elle mêmes, pour ne pas voir le vent... :((

 

Nids perliens : La vie des animals, une fantaisie pas méchante remixed © Frb, 2014 vs 2015.

mardi, 23 décembre 2014

Entre deux ...

Irez-vous chercher loin ? Vous finirez sûrement par revenir, pour trouver le mieux, ou tout aussi bien que le mieux, dans ce qui vous est le mieux connu...

WALT WHITMAN, extr. "Un chant pour les occupations", traduction de Louis Fabulet, in "Feuilles d'herbes", "Poèmes" éditions Gallimard 1918

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Dans le grand hall de gare où le pas perdu va, où le dessin rature mille fois et recommence, où chaque regard retient l'attention comme la votre, puis l'oublie, la seconde après, j'aperçois une tête d'homme, un homme sobre, l'oeil craintif, attentif comme le mien, dans la même inquiétude, au guet de sa correspondance.

Perdu, là tout pareil, un semblable qui se perd au milieu de la foule ou se cherche un visage ; qui parmi des milliers saurait le renseigner ? Quelle voiture ? Ou quel quai ? Et partout le silence de chacun glisse dans ce vacarme, on se pose jambes croisées une valise à ses pieds, en ces lieux consacrés simplement à l'absence, lui, comme moi, avec eux, nous serions des milliers abordés de vacance à espérer la lettre d'un quai de A à Z, qui se lit comme un chiffre, puis se vide sur des bruits...

L'homme a mis un carnet sur ses genoux il semble qu'il dessine quelque chose, ou il écrit sans doute via ces petits engins, à quelqu'un, (la bien-aimée, qui sait ?),"Le train a du retard". Je ne sais par quel hasard, nous sommes toujours tentés d'avoir l'air occupés.

C'est une autre manière de converser encore, que de rester longtemps assis sur des banquettes à attendre face à face sans rien dire, ou discuter si peu et toujours à voix basse :"où est-ce que vous allez ?". La réponse est sans but, le mot sans importance. Tous ces gens se contentent chacun a ses errances contre un brin ébloui, une furtive émotion pourtant si recherchée, qu'on ne retrouvera plus ou qui a disparu parfois, sans y penser, chez ceux de l'entourage, si blasés qu'on soit là, qu'ils finissent forcément par ne plus apprécier ou ne plus ressentir les considérations que tous ces anonymes savent s'accorder entre eux, comme l'habitude souvent nous fait par distraction, cet air désaffecté.  

Cherchant un point d'appui dans l'oeil des passagers sans la moindre méfiance, sans aucun attachement, ni désir de saisir, on voit des créatures tripoter leurs portables ou le crayon fixé sur les petits carreaux maculés d'un carnet. On cherche le journal, on achète des bonbons qui pétillent, on rumine pour ne pas les croquer d'un coup sec en faisant trop de bruit avec ces dents pointues qui tirent sur les affiches, des sourires de façade louées aux carnassiers.

Les yeux sur nos paquets, vous et nous, entre deux, écrirons par ennui, des rimes de pacotille, ou petits textes en prose, dévoués à des formes sans drame et sans passé. Nous sommes les personnages, une seconde accrochés, déjà hors de portée, soulagés de partir, pris dans la vacuité de toute chose périssable un instant délayés, suspendus comme des lampes.

  

Envoi ** Merci à ceux qui ont suivi ce blog, durant cette (rude) année 2014, une année empêchée pour ma part, la vie, la vraie, pas celle qu'on nous (vous) raconte, l'année, finit entre deux trains, au ralenti comme elle a commencé, l'ordi étant à quai le plus souvent hors-box, le logiciel courrier en bug grave, le tutti en bazar menant à ce temps comme on dit de latence, un temps à réparer (ce n'est pas une promesse, ni gagné, mais on va essayer), je remercie les lecteurs, commentateurs, et amis qui ont écrit des courriers chaleureux vraiment très appréciés, toujours encourageants, merci également aux artistes, galeristes, éditeurs, les passeurs (ils se reconnaîtront) qui ont proposé des oeuvres, textes, photos, peintures, ceux qui m'ont invitée, ceux rencontrés, entre deux trains, tant à la ville qu'à la campagne, qui changent un peu la vie à leur façon, belles rencontres suspendues et retardées pour l'heure, mais c'est pas volontaire (latence, donc) ; certains courriers se perdent encore à ce jour un peu moins (quoique... je ne peux pas tant savoir), d'autres se sont perdus, pas sûr qu'on les retrouve, idem pour mes réponses, le fonctionnement normal, encore incertain à ce jour, je tiens à présenter mes excuses à ceux qui ont écrit, à qui j'aurais aimé répondre, j'ai essayé souvent mais tout m'est revenu, l'acheminement reste encore à ce jour plutôt aléatoire (passons sous silence les supputations (?) que malheureusement j'ai reçûtes, elles sont hors-sujet, diffamantes, une espèce de dérive, aux antipodes de la réalité, cela mériterait tôt ou tard un sérieux démenti, il serait temps - 2015 ? - de ne plus laisser courir n'importe quoi). En attendant, je vous souhaite de belles fêtes de fin d'année, paix et douceurs dans les chaumières, des partages simples, des illuminations, des bougies et des luges, des pistes vertes, des sommets plein de neige, des biches et des chamois, des trains bleus, des oranges, des Jésus en sucre, des poêles à bois, des grosses chaussettes, des bottines, des bonnets à pompons, de la caresse diurne et nocturne, des musiques et des choeurs, et si les bonnes richesses naturelles de la vie étonnante ne vous suffisaient pas, espérons que le père Noël (et la Noëlle) arrivent à passer avec tout leur barda (autre petit voyage), par votre cheminée, (enfin on pense à eux, et on y croit très fort) pour vous apporter, des jouets parmillés, (Tino, sors de ce corps !

 

Photo: Perrache vieille gare. Saisie entre deux quais, son passage mécanique, désert, ce qui est rare .

 

 

Lyon, © Frb - txt revu et corrigé - Décembre 2014.

jeudi, 20 novembre 2014

A travers

Il n'y a de communautaire que l'illusion d'être ensemble. Certes l'amorce d'une vie collective authentique existe à l'état latent au sein même de l'illusion - il n'y a pas d'illusion sans support réel - mais la communauté véritable reste à créer. Il arrive que la force du mensonge efface de la conscience des hommes la dure réalité de leur isolement.

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Il arrive que l'on oublie dans une rue animée qu'il s'y trouve encore de la souffrance et des séparations. Et, parce que l'on oublie seulement par la force du mensonge, la souffrance et les séparations se durcissent ; et le mensonge aussi se brise les reins sur une telle pierre angulaire. Il n'y a plus d'illusion à la taille de notre désarroi

Le malaise m'assaille à proportion de la foule qui m'entoure. Aussitôt, les compromis qu'au fil des circonstances j'accordai à la bêtise accourent à ma rencontre, affluent vers moi en vagues hallucinantes de têtes sans visage. Le tableau célèbre d'Edward Munch, Le Cri, évoque pour moi une impression ressentie dix fois par jour. Un homme emporté par une foule, visible de lui seul, hurle soudain pour briser l'envoûtement, se rappeler à lui, rentrer dans sa peau. Acquiescements tacites, sourires figés, paroles sans vie, veulerie et humiliation émiettés sur ses pas se ramassent, s'engouffrent en lui, l'expulsent de ses désirs et de ses rêves, volatilisent l'illusion d'"être ensemble". On se côtoie sans se rencontrer ; l'isolement s'additionne et ne se totalise pas ; le vide s'empare des hommes à mesure qu'ils s'accroissent en densité. La foule me traîne hors de moi, laissant s'installer dans ma présence vide des milliers de petits renoncements. 

Partout les réclames lumineuses reproduisent dans un miroitement de néon la formule de Plotin : "Tous les êtres sont ensemble bien que chacun d'eux reste séparé.Il suffit pourtant d'étendre la main pour se toucher, de lever les yeux pour se rencontrer, et, par ce simple geste, tout devient proche et lointain, comme par sortilège. 

 

Raoul VANEIGEM: extr. du "Traité de savoir vivre à l'usage des jeunes générations", Gallimard, 1967.

 

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In situ : d'un jour à l'autre à Lyon, quelque part entre la vogue sans marrons et l'ogresse, positive, positiviste, fête des lumières. 

 

In city, la presqu'île, November like December © Frb 2014.

lundi, 12 mai 2014

Secret life

Au-delà de ce qui arrive ou n'arrive pas, l'attente est magnifique. 

ANDRE BRETON

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On trouve un silence très troublant dans le Rivage des Syrtes de Julien Gracq où une antique lagune baigne dans l'attente à la lisière des mondes, dans le silence, une forme d'énonciation plus évidente:

 

 

Le silence est témoin absolu.

 

 

 

Photo: A la lisière des mondes (et des merveilles...).

 

 

Très loin d'ici.© Frb 2014

jeudi, 01 mai 2014

Winterlude # 1

Tout homme qui marche peut s’égarer.

 

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Il faut donc de l'attente, que tout aille lentement, ne pas décrire l'achèvement quand rien n'a encore commencé. 

 

Photo: Parc de la Tête d'Or. Sur les traces de l'homme qui ne cesse de poursuivre les traces de l'homme qui marche sur les traces de l'homme qui ne cesse de poursuivre, etc, etc ...

 

Lyon © Frb 2014.

jeudi, 26 décembre 2013

On rentre tard à la maison

Certains jours vous souhaitent un Noël Féerique... 

 

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Petit voyage presque ponctuel au pays du Noël. Si la maison ne vous convient pas, ne la revendez pas tout de suite (ô siècle barbare!), Certains jours (magnanimes) vous l'échangent gratuitement contre une autre aussi féerique à cliquer dans l'image. Rien assez beau pour nos lecteurs, tirons sur la hotte sans honte, avec les cerfs et des broderies pour les vieilles âmes.

Af(t)er à suivre...

 

 


podcast

 

 

 

Nota § autre petit voyage : La chanson est interprétée par la sublime chanteuse libanaise Fairouz.

 

 

Là bas : Frb 2013

vendredi, 20 décembre 2013

De plus en plus léger...

Ainsi la vie n’est que le rêve d’un rêve,

Mais l’état de veille est ailleurs. 

R. M. RILKE

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A l'heure au semblant lourd on s'éveille allégé dans un pays couvert du mot qu'on ne sût dire, quand la neige envoûta chaque son, peu à peu, referma les accès des cabanes aux hameaux, quand la porte du ciel s'entrouvrit, j'aperçus au seuil de ce refuge où je me tiens cachée, le roi de la forêt s'avancer en personne - le roi qui d'ordinaire se contentait toujours de laisser flotter son esprit dans le notre, si bien qu'on avait cru que c'était notre esprit qui s'était enneigé - salua lentement et quand il s'approcha sans ôter son chapeau (un vrai roi des forêt n'ôte jamais son chapeau, s'il le fait, c'est un faux), je sentis remuer un peu ses lèvres blanches, aucun mot n'en sortait, mais je pus lire encore, sur l'étrange visage une liquéfaction qu'aucun roi de la forêt ne devrait dévoiler aux hommes, sinon, un grand malheur ... 
 
Le roi était si vieux que son corps se voûtait, du moins, j'imaginais. Et quand ses os craquaient, on entendait aussi le bois mort crépiter comme à ces feux de joie nous étions consumés. Je ne sus combien d'heures le roi avait marché pour arriver ici, du ciel jusqu'aux terrasses, où coincés comme les autres sans fenêtres, ni accès nous guettions dans le ciel, si nous pourrions demain dégager les chemins, et nos pas s'enfonçaient vers la molle clairière, les neiges jusqu'au genoux, nous pensions que demain le chasse-neige passerait, demain toujours demain.
 
Le roi de la forêt ne connaît que l'instant où il nous apparaît, parce qu'il est immortel, du moins c'est ce que raconte le marquis quand il boit l'eau de vie de cerise qu'il est saoul à pleurer, jusqu'à perdre le souffle. Hier il s'est vanté d'avoir croisé la reine, au même endroit où moi j'avais croisé le roi, certain qu'un d'entre nous forcément se trompait, sûr aussi que le roi et sa reine invisible sont revenus de loin, pour dire à la forêt ce que tout homme espère, la givrer dans nos yeux qu'elle y vive à jamais, il parait c'est ainsi qu'aux veilles de catastrophes c'est ainsi à ce qu'on dit il parait. C'est écrit.
 
Mais nous on n'en croit rien, ça fait déjà longtemps qu'on se tient loin des bruits du pays des vipères, d'où vient autant d'ennui que toutes les balivernes qu'elles profèrent et le fiel ça tombera comme les pierres qui encombrent nos âmes et c'est à ça qu'on croit, quand l'ennui qui sépare et jacasse à travers, louera ces nouveaux rois chez les coqs de bruyère perchés sur des parpaings bordés de lotissements qui nous font des cimetières autant qu'une porcherie où l'on n'irait même pas gagner une tête de lard au jeu de la marelle tant le relief est lisse, tant d'osselets s'éclatent à cloche-pieds vers l'enfer, tant on se divertit pour oublier la vie, tant les joueurs de cartes finissent mauvais perdants et se foutent sur la gueule à force de vivre toujours dans un décor sans arbres.
 
Enfin, tout ça pour dire que j'ai même vu le roi écrire deux ou trois mots dans la neige du bout de son pied nu givrant deux ou trois fois mon esprit dans un drôle d'alphabet, une dictée lumineuse sur la mousse en paillettes je ne sais si j'ai bien vu les cercles qu'il enlaçait, caressant silencieux, la terre, avec du feu qui crépitait dedans. Puis le blanc fond en pluie, les esprits des forêts qui vivent sous nos habits, ont ramassé le bois, ça ferait une bonne desserte, on donnerait un bal, il y aurait les amis, des anciens du domaine, puis des choses à manger, les confitures de mûres, de la crème de châtaignes, y aurait aussi les bêtes, le petit lièvre et la biche, l'hérisson, l'écureuil, et le loup, (sous réserve).
 
Je ne comprends pas tout bien, j'apprends à lire la neige, elle s'efface à mesure sous mon pas, me rappelle un faire-part qui troué de dentelles autrefois dégustait nos saisons dans la pâte à matefin. Je ne sais où retrouver le sentier qui montait tout près du lac lunaire, c'est notre patinoire, faudrait qu'elle soit brillante qu'elle scintille dans la nuit, faudrait que la clairière ne se referme pas si j'arrivais en retard, moi qui ne sais plus lire l'heure, je ne pourrais pas comprendre qu'on ne la laisse pas courir là où le vent nous mène ainsi que les nuages qui se figent en brouillards. Je ne connais pas ces gens qui brusquement avancent découpant sur nos bois, leurs poutres et leurs tiroirs, je sens le temps qui passe et mon pied doucement cédant aux flocons blancs qui se change en glissade, je n'entends pas ce cri qui monte battre les portes aux ruines des forteresses, le mauvais temps qui règne vient chez nous sur des chars avec les fossoyeurs, ils n'empêcheront jamais ce gros geai de malheur de se goinfrer tout seul des petits grains sucrés qu'on pendait ça et là en filets dans les arbres pour nourrir les mésanges. Un sac à lui tout seul, ils n'ont pu le chasser, ce n'est pas leur métier, à chacun son travail.
 
La nuit ça recommence, on sent l'aile du gros geai hanter notre sommeil, on entend des flonflons c'est au bourg, c'est ailleurs, c'est avant, c'est l'appât des vitraux sans seigneurs, c'est au bal introuvable dans une cathédrale qui aspire l'eau des sources, on a vu les rôdeurs soupeser le royaume ; dans la forêt ça roule avec un dragon jaune écorçant la vallée. Je ne sais même plus pourquoi j'avais ouvert les yeux, le roi était en sang, couché dessous la neige ça faisait des brindilles étoilées de la sève d'un tronc couperosé, je ne sais pas pour quelle chose chaque nuit quand je dors, le roi revient compter le vieux temps qu'il nous reste et penchant lourdement, son corps pris sous le gel, vient fondre dans mes bras. Lui qui ne connaît même pas le langage des humains, a parlé comme un livre, de ces hommes vigoureux qui sont chichement payés pour offrir aux jeunes filles des jupons de résine et les belles toques en plumes de nos mésanges bleues.
 
Le marquis a torché, un dernier, vaporeux, remue ces souvenirs dans l'eau de vie de cerise, parle dans son sommeil, quand l'oiseau de malheur mangera le dernier grain on sera dans la cognée. On a vu les engins, qui remuaient St Cyr, des chenilles avancées, on a vu l'écorcheur détrôner les bonhommes, et les rois et les reines décalquer sur nos figures la courbe d'un rocher.
 
Si notre esprit se meurt d'une légende à peine et si l'oubli nous vient, du festin, la charogne un matin se révèle, déterrant le trésor pour le voir entaillé, du froid tombe les nids sur quelques notes de givre. On ne sait pas trop comment on pourra vivre ainsi. On a cru aux esprits du semblant qui nous vit debout droit dans nos bottes à guetter la ténèbre qui efface mon pays, et nourrit le gros geai.
 
Le fossoyeur creusait les cristaux du palais, on trouva près des nids sur des hectares encore, des arbres endormis couchés dans les genêts, le banquier a salué le roi de la forêt (un vrai roi de la forêt ne salue pas un banquier, s'il le fait c'est un faux), Dieu sait quelle fantaisie de brindilles et d'écorces il pourrait imiter qui viendrait nous charmer pour nous faire endosser ce carcan de bois mort qu'il ne peut plus porter. Peut-être on le suivrait, comme les autres ont suivi quand ce croqueur de sort, s'empara de nos laines et de l'agneau meurtri se fit un blanc manteau, si tu racontes encore qu'il a volé l'habit que tu portais hier avant la catastrophe, personne ne te croirait et cet affreux gros geai qui trame avec le monde que notre banque honore, irait chanter partout qu'on lui faisait du tort, à se mettre en travers ses projets futuristes ; alors on les verrait revenir de la nuit, ces espèces de coucous, les busards, les harpies, et le fameux condor. Dieu sait quels drôles d'oiseaux nous tomberaient dessus...
 
 A suivre si... 
 
 
 
 
 
Photo : Le roi de la forêt coiffé par certains jours. A noter qu'un vrai roi de la forêt ne se laisse jamais coiffer, (même par certains jours), s'il le fait, il enrobe, couvrez bien vos oreilles avec un petit mouflon)
 
 
 
 
 
Pays perdu © Frb 2013

dimanche, 08 décembre 2013

Winterlude # 2

Je sais qu'au Siam, en Birmanie, au Cambodge, le climat est doux en hiver.

HENRY MILLER par BRASSAÏ in "Henry Miller, rocher heureux", édition Gallimard, 1978.

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Photos : Le plus doux mouvement de l'hiver, est un petit voyage au coeur du Nabirosina pour ceux qui ne trouveraient pas le royaume de Siam sur l'autre face ...

  

Là bas. © Frb 2013.

dimanche, 16 juin 2013

L'abolition des privilèges

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Ailleurs © Frb 2013

vendredi, 08 février 2013

Le voyage approximatif

Le train dévore toutes choses visibles, agite toutes choses mentales, attaque brutalement de sa masse la figure de ce monde, envoie au diable buissons, maisons, provinces ; couche les arbres, perceles arches, expédie les poteaux, rabat rudement après soi toutes les lignes qu'il traverse, canaux, sillons, chemins ; il change les ponts en tonnerres, les vaches en projectiles et la structure caillouteuse de sa voie en un tapis de trajectoires.

PAUL VALERY : extr. de "Le retour de Hollande ; Descartes et Rembrandt, édition Pagine d'Arte, coll. Ciel Vague, 2012.                                    

corail SCF3036.jpg

 

Comme avant un festin,

en force esprit, durée,

suffisant à soi-même,

on se grise d’un retour

dans un style d’aquarium

lassé de son corail. 

Une vitre à travers

ausculte un métronome,

à son rythme occupé,

les pas pris dans les neiges

si près d’être sauvés,

des mots de feu retiennent. 

Une histoire s’empanache

suce quelques proies sucrées.

On cherche l’alvéole,

deux minutes en pare-chocs,

une vie de marche à pieds. 

Comme après un festin

le ciel mène à son train,

des préludes à Chamelet

Tangos, valses ou chaconnes,

Carrières de marbre et gore

ouvrent une voie givrée.

 Le train stoppe en vallée

poinçonnant sa madone

lui délivre son quai.

L’ivraie échappe au grain.

Tous les chemins m'étonnent.

Revoilà l’homme du train

et sa prune étoilée

de calices et de gommes.

Comme avant le festin

sous un buisson de neige

tenant à presque rien

par un canal abstrait,

on sort de l’aquarium.

Le malin nous dégomme

en courbettes à ce train.

L’embrassage épineux

crisse sur les graviers,

on déploie les regrets.

Plumes ont divergé.

La sève fond sous l'écorce.

Comme avant le festin,

des poissons hérissées

s'embarquettent à Saint Point.

On sait qu’il va tomber une pluie

sur Cours la Ville.

Dième ouvre sa forêt.

On bifurque à Mardore.

Dieu ! qu’un mauvais virage

nous gèle dans son horloge

qui ne tient à demeure.

Le chien dîne à vingt heures.

Esprit, durée, saveur

suffiront à soi-même.

Un objet flambant neuf

dans le polystyrène

attend l'anniversaire

banc vide à St Germain -

 le printemps va sans coeur

et les préliminaires redeviennent

blancs comme neige.

 

 

Photo : On se taille en Corail. (la preuve est sous l'image).

 

 

Lyon-Perrache © Frb 2013.

vendredi, 01 février 2013

Avalanche

Et je m'en vais à Panama pour vivre en sauvage. Je connais à une lieue en mer de Panama une petite île (Taboga) dans le Pacifique, elle est presque inhabitée, libre et fertile. J'emporte mes couleurs et mes pinceaux et je me retremperai loin de tous les hommes. 

PAUL GAUGUIN

 

biche bnn.jpg 

Il n'a rien entendu de particulier, il s'est contenté de regarder. Il est sur la ligne de départ. Autour de lui le bruit gagne. C'est le seul argument qui retient l'attention, et semblable aux mouvements précédant un parcours, lassé de parcourir, il voit le paysage réduire les perspectives, quelques mots devraient suivre, qu'il tait. Il ne suit pas.

Ce thème est un motif qui vaut un peu la peine de décrire ce qu'il reste, ce qui va disparaître. Il choisit la plus sotte expression parmi des milliers d'expressions possibles, un confort creusé en ce trou, un nombril aspirant, tiède encore, les plaies brûlantes de l'homme, ou les battements d'un coeur humain pas plus qu'un aspirant de rien allant à l'interligne dans l'épaisseur du bruit glorieux de ses échos.

Il y a le temps qui vient, dresse une chape et ça couve sous son poids de chair vive, ça donnera une valeur factice à la surface, quand une porte bat aux vents, quand l'éclat de ces feux attractifs rend l'univers massif, il referme sa fenêtre, il n'aura bientôt plus à se battre pour les siens.

Il a rayé son nom, il a songé aux possibilités d'anéantir enfin sa faculté d'écrire, pour s'en remettre à ce silence d'une cathédrale ou d'une bibliothèque. Oserait-il au moins peindre ? Des Carceri à la mine de plomb, le prix de ses efforts, et puis des fleurs encore, quelques lettres de l'île puis la disparition d'une marge qui portait la couleur dans une ligne de fuite. C'est peut-être un ersatz ou c'est le labyrinthe d'un lieu qui nous décime, milles convives aux fenêtres entre eux autant de vitres, là, de grandes mosaïques comme à Constantinople. 

Il fouille dans cette matière, quand revient la jachère, il y voit un soleil privé de ses ombrages, l'espace habituel où chacun arbitré dans le langage d'un autre réfute l'obscurité porte une perspective de puits et de falaises sur une place noire de monde.

Un mot encore si près à le couvrir de honte, y affûtera son verbe et l'éloquence qui vit toujours en légéreté, impérieusement tenue portera à nos lèvres l'unique grande vérité, la tienne et celle des autres, dans ce fût, sur l'étage du Beaujolais nouveau, la langue et sa piquette, t'as vu ces grands tonneaux à présent tu t'étonnes qu'ils se déversent copiant le bruit du pacifique, épanchant une série de vagues bien tempérées et délayant le corps qui se tait, le défait, comme se défait le verbe.

Il ne peut rien en dire, nous capturons de force ce point d'inanité, c'est à peine une cible qui nous veut repliés dans cette obscurité, elle va nous réfléchir, nous briser, l'emporter, qu'en sait-on ? Qui pourrait nous instruire ?

Nous serions tels que lui, des modèles d'écorchés, barrés de croix, de traits, des figures portant peine à la brutalité où la mort du désir peut encore l'emporter, ne tiendrait qu'un espace lentement annexé ; l'innocence consommée, il faudrait retrouver un mot à prononcer pour cet homme qui ne qui ne sait plus parler.

Un pas de plus, il souhaite couronner son effort, dépasser les obstacles pour bâtir un royaume au flottement discret, des airs de flammes muettes courant sur nos jouets qu'une vague achemine dans le ravissement où l'ignorance nous tient à tout heure disponibles, un bon rire à demeure tel qu'il fût toujours prêt, générant une série d'accidents, de minuscules enclaves où le mot est jeté où le désenchantement se reproduit à l'identique, tandis qu'il essaye de jouer pour simplement jouer.

Un pas de moins, les marchands de plaisirs passeront sur sa peau un baume rafraîchissant, il reluit à nouveau il est comme liquidé mais il reluit pourtant. On peut le suivre ou l'oublier se faire lentement rattraper ou souffler ce pion solitaire, mais cela n'a pas plus d'importance que ce qui est secret et devra forcément nous taire.

Il payera. Il payera en retour du désir affamé de s'affamer encore, quand l'oeil fou qui dévore des vies à la seconde aura mis des cailloux dans cette immense bouche, la sienne voudra se clore, saborder ce qui porte en dedans, ne trouvera aucun mot pour extraire une manière de recommencements à cette fin qui résiste à comprendre.

On connaît le passeur obligé de se rendre. C'est partout le même quai, alignant une suite de croix et de carrés. Partout c'est un poème qui recomptera ses pieds, ça forme sous le soleil quelques cristaux de glace et des ronds de fumée quand la lumière prend l'ombre ou peut-être autre chose, la marche se soustrait, l'homme fume une cigarette et nous voit sidérés que le vocabulaire n'ait jamais su faire mieux que nous aider à exprimer cette sensation profonde de n'avoir rien à dire.

Ca fait longtemps qu'il sait. Il mâchera les cailloux, et sentira la terre lui porter des pelletées, un semblant de jachère devenue cette palette de noirs et de blancs contenant un ensemble de couleurs ou l'absence de couleur. Il goûtera la nuance, afin de se mouvoir d'un espace à un autre sans tirer aucun trait, aucun plan, aucune des conséquences. Il est dans les reflets ou l'absence de reflet comme à ces premiers jours, naissant un peu trop tard, il a pris de l'avance, il se pelotonnait contre un arbre et goûtait au silence sous un ciel moutonné masquant les voix violentes, des ébats festifs d'où revenait puissante, une foule assurée.

Il n'y a plus à douter, pour traverser les lignes, sortir de cette violence, on se dit que parfois il faudrait marcher seul, quand la mécanique sourde continue à cibler, à broyer, elle n'aura pas de phrase pour dépouiller le geste qui recouvre le ciel d'un champ de tournesols. Il n'aura pas besoin de ces flux de paroles pour aimer ces baigneuses divines indolentes ou saisir le silence d'un dernier grand concert dans la fine transparence, les nombreux coups de couteau donnés à la matière, sont peut-être identiques, à ceux que l'on nous donne.

Un mot ne tiendrait pas à capturer cet homme, ou demander pourquoi ces entailles n'ont pas entaillé le visage des nombreux regardeurs ? La question le déplace. Il est là, et il fume du tabac parfumé. Son geste le retient, entre une drôle de clarté et le flou inhérent à la nécessité de se tenir toujours plus près du précipice. De n'en rien ignorer, à présent, il savoure plutôt garder ce vide bien en main, que de craindre l'effroi qui le rendra muet, avec cette habitude de ne parler qu'à soi, d'en ressentir l'outrage sans pouvoir accepter que nous serions tenus de battre ce pavé, nous livrer, nous lustrer, cumuler les effets, de quoi bien tapiner.

Il redoute le courant réducteur, et le malentendu qui placera son coeur d'homme entre le singe et la savane, il comptera sur les doigts d'une seule main ceux qui ont pu survivre à cela sans se fossiliser, sans se faire braconner, ceux qui ont pu créer encore, pour changer la vie quelquepart, pas seulement l'énoncer, non seulement l'énoncer, mais l'appliquer sur soi,  pas gagné ! ce qu'il reste de cobayes ne serait pas si doué à satisfaire ces files qui se massent aux musées, des foules reconnaissantes, l'artiste mort estimable, une somme de vies ratées pour battre des attraits, mourir dans les images.

Longtemps, longtemps plus tard, il trouvera quelques pièces détachées, elles nous tiennent à portée sur un filet de bave, un cri vaste oublié, le prenait corps et âme, et pouvait nous relier par une sorte de chant du monde inépuisable, mais encore trop lointain. Il a vu ce matin, Panama sous la neige, et sa jeune vahinée venue emmitouflée le plongera à nouveau dans l'extase.

 

De la neige et une bestiole inoffensive pour adoucir la dernière ligne droite de l'an 2014.merci à ceux qui ont suivi ce blog, malgré un temps d'arrêt involontaire, une panne d'ordi, et la vie (la vraie) s'y mettant en travers j'ai dû m'astreindre à des obligations laissant la panne courir en cette années si peu clémente qui m'a contrainte à imposer au blog une sorte de latence, le courrier est en rade, depuis pas mal de temps avec un sérieux bug et un bazar en dedans encore compliqué à résoudre  Mes excuses à ceux qui ont écrit, des mails dont certains  datant de cette été ne me sont parvenus que récemment, des courriers sont perdus, pour l'instant, introuvables, ici une zone de flou d'autres les courriers rescapés restent en rade la possibilités d'acheminer correctement les réponses restant aléatoire, je m'abstiens pour l'instant, à suivre, donc, pour l'instant je dédie au Noêl et à la Noêlle et aux autres, s'ils s'y trouvent

 

Echappée belle : à lire et regarder, le livre de Gauguin, "Noa Noa"  paru aux éditions J.J. Pauvert en 1988.

 

Photo : Taboga en hiver, ou le départ de l'élandin.

 

Là bas © Frb 2013.

mercredi, 16 janvier 2013

Tronche de neige vue par HK/RL

Allez zyoup faisons trembler la tronche de neige !

HK/RL : extr. de "tout un tremblement", éditions des Fondus de Manège, 2013.

 

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Montage : Les correspondances derviches (for myope's people only).

 

© HK/RL 2013. Production le Marc® (Mouvement d'Art Rural Contemporain®)

mardi, 08 janvier 2013

Le premier mouvement de l'hiver

Accueillir l’oubli comme l’accord avec ce qui se cache, le don latent. 

MAURICE BLANCHOT : extr : "L'attente, l'oubli" éditions Gallimard, 2000.

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Prévision/ c'est écrit dans le ciel:

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2010/12/05/ly...

ou bien ça recommence:

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2011/03/08/le...

  

Photos: Un petit interlude alcestien. Juste un lieu où s'abstraire, loin de nos liturgies festives contemporaines et autres bizouillages zéfarants, auxquels je préfère (c'est personnel) la dendromancie, d'un genre triste, mais toutefois prometteur...

 

Là bas © Frb 2013.

lundi, 24 décembre 2012

Ciel qui traîne

Les larmes du monde sont immuables. Pour chacun qui se met à pleurer, quelque part un autre s'arrête. Il en va de même du rire. Ne disons pas de mal de notre époque, elle n'est pas plus malheureuse que les précédentes. N'en disons pas de bien non plus. N'en parlons pas.

Samuel BECKETT : "En attendant Godot", éditions de Minuit, 1952.

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Photo : Quelques jours avant minuit. Sous la dernière lune ou le répit. En attendant le petit (ou grand) jour, fêtez en paix, s'il est possible...

 

 Lyon / Tabareau © Frb Décembre 2012.